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Catéchèse et culture

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Academic year: 2021

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Roman Murawski

Catéchèse et culture

Collectanea Theologica 50/Fasciculus specialis, 195-208

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C o lle c ta n e a T h e o lo g ic a 50 (1980) fa sc . sp e c ia lis

CATÉCHÈSE ET CULTURE

A u synode des évêques de 1977, consacré à la catéchèse contem ­ poraine, surtout des enfants e t des jeunes, certains sujets re v e ­ n aien t régulièrem ent dans les discussions et attiraien t l'atten tio n des Pères du synode. Entre autres le problèm e de la relation en tre la catéchèse e t la culture contem poraine.

1. Position de l’Eglise à l'égard de la culture

En principe, ce n 'est pas un problèm e nouveau. Il a toujours existé dans l’Eglise, car il e st indissolublem ent lié à sa m ission qui est d ’annoncer l’Evangile à tous homm es1. Déjà le C hrist lui-méme, „prem ier et principal proclam ateur de l'Evangile"2 d ev ait y faire face. Les livres du N ouveau T estam ent le m ontrent lié d 'u n e m a­ n ière spéciale à la tradition, à la culture et aux événem ents du peuple juif e t soulignent que dans la m esure où ce n 'éta it pas con­ tra ire à sa mission rédem ptrice, il se conform ait aux m odèles de vie e t de com portem ent de son m ilieu culturel. Ils soulignent ég a­ lem ent qu'il n'a pas m anqué d e p ren d re position centre ï'ethiîo- centrism e spécifique de ses com patriotes convaincus de leur supé­ rio rité aux yeux de Dieu3. L'universalism e proclam é par le Christ n ’a pas im m édiatem ent été entendu. M ême après la descente du Saint-Esprit il a fallu que saint P ierre eû t une vision e t en ten d ît trois fois: „Ce que Dieu a rendu pur, tu ne vas pas, toi, le d éclarer im pur" (Ac 10,15). Il n ’a pas to u jo u rs é té réalisé dans la m ission de l'Eglise aux siècles ultérieurs, encore qu'il eû t é té to u jou rs proclam é. En effet, d uran t bien des siècles dominait, dans le processus de l’évan- gélisation, la stru cture de la pensée chrétienne latino-occidentale et la conviction, à peu près universelle, de la supériorité de la cul­ tu re occidentale sur to utes les autres. L'affirm ation th éorique des cultures était accom pagnée plus d 'u ne fois du refus de l'accueil favorable et du respect, car les cultures choquaient p ar la

différen-1 P ap e P a u l VI , E v a n g e li i n u n tia n d i. A d h o r t a t i o n a p o s t o l i q u e su r l'é v a n g é ­

l is a ti o n d a n s l e m o n d e c o n t e m p o r a i n , n ° 14.

2 Ibid., n ° 7.

8 Cf. A . R o d z i ń s k i , C h r z e ś c i j a n i e w o b e c k u l t u r y (Les c h r étien s fa c e à la cu ltu r e), dans; W n u r c ie z a g a d n i e ń p o s o b o r o w y c h , t. 4, réd . par В. В e j z e, W a r ­ sz a w a 1970, p. 48.

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ce de leurs formes. Il est v rai que déjà les m issionnaires du XVIe s. ont essayé d'harm oniser le christianism e e t les traditions locales, m ais ces ten tativ es (Père M. Ricci), acceptées au dép art par les C ongrégations rom aines, ont suscité par la suite une m éfiance g ran ­ d issan te4. Ce sont seulem ent les derniers papes qui ont commencé à avoir une au tre attitude et leu rs docum ents p arlen t de plus en plus de la nécessité pour le christianism e de s'incorporer dans les différentes cultures locales. Les docum ents du concile V atican II, surtou t la constitution sur l'Eglise dans le monde contem porain, ont consacré beaucoup de place e t d'atten tio n aux problèm es de la culture. Ce sont sans doute les prem iers docum ents ecclésiastiques d'une telle im portance consacrés à cette affaire5. L'adhortation apo­ stolique de Paul VI E va n g elii n u n tia n d i publiée en 1975 est une re ­ capitulation des pensées qui y sont contenues.

En étudiant attentivem ent les derniers docum ents de l’Eglise qui concernent la culture, on p eu t y rem arquer une certaine évolution. Les docum ents antérieurs, d 'av an t le concile, p arlaien t plutôt d 'ad a­ ptation de la tâche m issionnaire de l'Eglise à la culture locale, c.à.d. de l'adaptation des v aleu rs chrétiennes à la m entalité des gens con­ cernés par la mission au sens strict. Par contre, les d ern iers docu­ m ents soulignent que cette adaptation doit p én étrer to u te l'activ ité évangélique de l'Eglise, qu'elle doit s'accom plir dans to u t milieu social e t culturel, e t donc égalem ent sur les terre s trad itio n n elle­ m ent chrétiennes. C ette idée e st liée en un sens à l'élargissem ent de la notion de l'évangélisation elle-même. A uparavant, par évan ­ gélisation on com prenait en général la proclam ation de la foi orien­ tée surtout vers les païens et les non croyants. A la lum ière de l'ad ho rtatio n E vangelii n u n tia n d i l'évangélisation est ,,le fait de p o rter la Bonne N ouvelle à tout m ilieu du genre hum ain"6.

2. Relation de la catéchèse avec la culture

Suivant l’orientation de l'Eglise indiquée par le concile V atican II, la catéchèse, elle aussi, fait effort pour s'ad ap ter plus plein- nem ent e t ouvertem ent aux différentes cultures. L 'in stru ctio n caté-

c h é tiq u e g én éra le de 1971 (D irectoire catéchétique) lui consacre une grande place, surto u t dans sa prem ière partie, dans laquelle elle p résente l’activité catéchétique à la lum ière des m utations qui

4 Cf. B. P r z y b y l s k i , K u l t u r a w ż y c iu l u d z k i m (La cu ltu r e d a n s la v ie de l'h om m e), A te n e u m K a p ła ń s k ie 62 (1970), p. 330 ss.; A . H a s t i n g s , K o ś c i ó ł

i m i s j e w A f r y c e , W a r sz a w a 1971, p. 24 ss.

5 Cf. S. S w i e ż a w s к i, R o la k u l t u r o t w ó r c z a c h r z e ś c i j a ń s t w a (rôle c ré a ­ teu r d e cu ltu res du c h r istia n ism e ), A te n e u m K a p ła ń sk ie 62 (1970), p. 201— 212s I d., C zy E w a n g e l ia j e s t k u l t u r o t w ó r c z a ? (l'E v a n g ile e s t-il créa teu r d e cu ltu res?), dans: W n u r c ie z a g a d n i e ń p o s o b o r o w y c h , t. 2, réd. par В. В e j z e, W a rsza w a 1968, p. 269— 278.

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in terv ien n en t dans le m onde contem porain; elle dem ande une ré ­ novation conforme à la réalité contem poraine pour rendre possible la greffe de la foi dans les différentes cultures7.

Il sem ble p o urtant que le problèm e de la culture, bien qu'il ait été rem arqué par ce docum ent officiel de l'Eglise, concernant la catéchèse, constitue plutôt un problèm e de caractère secondaire, dans le sens où il ne faut pas l'év iter dans la tâche catéchétique, si celle-ci v eu t être efficace. Le D irectoire catéchétique parle, à v rai dire, de l'ad ap tation de la catéchèse aux différentes cultures, c.à.d. q u 'y est soulignée davantage la relation externe qui in terv ien t en ­ tre la catéchèse e t la. culture, e t non ,,1a pénétration" in tern e et l'im prégnation" de la culture par l'Evangile, ce que souligne n e tte ­ m ent Evangelii nuntiandi8. Il n 'e st non plus question d'„enracine- m ent" du m essage chrétien dans les différentes cultures, ni de ,,l'in ­ carnation" comme cela a été n ettem en t exprim é dans les docum ents du synode des évêques9. Ces d ern iers term es indiquent un processus intern e et une relation in terne qui interv ient en tre la catéchèse et la culture. ,,11 faut évangéliser, non pas de l'extérieur, comme si on ajo u tait un ornem ent ou une couleur, mais de l'intérieur, du cen tre vital e t des racines de la vie, c.à.d. qu’il faut im prégner d'Evangile la culture, e t aussi la culture hum aine"10.

La prise en considération dans le m essage catéchétique de tout le-contexte culturel et le désir que ce m essage ne lui soit p as seule­ m ent adapté, mais qu'il s'y „incarne" en quelque et l'im prègne est la conséquence de l'adaptation de la direction anthropologique en théologie, en pastorale et en catéchèse.

En effet, depuis un certain tem ps on peut rem arquer dans la ca­ téchèse la tendance à la rapprocher davantage de l ’homme e t de la situation dans laquelle il se trouve. En sim plifiant on p eu t ra ­ m ener les postulats de ce courant anthropologique11 aux élém ents suivants: la catéchèse transm et le m essage divin. Dans son essence celui-ci est immuable, mais l'homme, son term e, se tro u v e dans une situation qui lui e st propre. Pour que ce m essage divin puisse être reçu p ar lui et pour que l'hom m e puisse lui donner une réponse personnelle, le m essage doit lui parv en ir dans la situation de vie qui e s t la sienne. C 'est pourquoi l'analyse et le diagnostic de la

si-7 I n s tr u c tio n c a t é c h é t i q u e g é n é r a l e , n ° 8.

8

20

.

s M e s s a g e d u s y n o d e d e s é v ê q u e s a u P e u p le d e Dieu, 5. 10 E v a n g e li i n u n tia n d i, n ° 20.

11 Cf· sur c e su jet en tre autres: M. M a j e w s k i , K a t e c h e z a a n t r o p o l o g i c z ­

na n a t l e w s p ó ł c z e s n y c h t e n d e n c j i k a t e c h e t y c z n y c h (La c a té c h è s e a n th ro p o lo ­

g iq u e à la lu m ièr e d es te n d a n c e s c a té c h é tiq u e s c o n tem p o ra in es) L ub lin2 1977; R. M u r a w s k i , P o t r z e b a a n t r o p o l o g i c z n e g o u k i e r u n k o w a n i a k a t e c h e z y ( N é ­

c e s s i t é d e l ’o r ie n ta tio n a n tr o p o lo g iq u e d e la c a té c h è s e ), K a tec h e ta 19(1975) p. 159

— 165; B. B a u d 1 e r , D i e a n t r o p o l o g i s c h e W e n d e d e r T h e o l o g i e u n d ih r e B e ­

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tuation réelle des catéchisés, la prise en considération des espoirs et des inquiétudes qui sont les siennes, de son style de vie etc... sont les conditions indispensables pour que la catéchèse puisse rem ­ plir' la tâche qui lui e st confiée. Sinon, la catéchèse n 'attein d ra pas l’homme réel et en conséquence ne le convertira pas à l’Evan- .ile, ne transform era pas sa vie. En un mot, la catéchèse sera vaine, inefficace e t infructueuse12. En outre, il ne s'agit pas ici de l'ad a p ta­ tion au développem ent psychique des catéchisés, ce qui en général était réalisé par la catéchèse à un d egré plus ou moins grand, mais à considérer tout le contexte du m ilieu historique, social e t culturel. Il en résulte que la Bonne N ouvelle ne sera efficace q u 'au m om ent et là où elle sera annoncée à chaque nouvelle situation, à chaque nouvelle époque historique e t culturelle d'une m anière nouvelle e t adaptée: à C orinthe au trem en t qu'à Isolotto, en Pologne autrem ent qu'au Brésil13.

Si d'une p art l'exigence de l'adaptation de la proclam ation du m essage de Dieu au m ilieu social et culturel est logique, il faut d ’au tre p art se rendre to u t de même compte d 'u n certain danger q u ’il peut y avoir dans le cas où la tâche évangélique e t catéché- tique est, de force, liée à un type de culture. Puisque la réponse de l ’homme au m essage divin qui lui est adressé contient toujours des élém ents et des aspects d'enracinem ent dans sa p ro p re culture, elle doit nécessairem ent ê tre fragm entaire e t incom plète. Comme l'a rem arqué avec raison le Père A rrupe, général des jésuites, dans son intervention au synode des évêques, il n 'ex iste pas de cu ltu re capable d'épuiser, à l'exclusion des autres, toutes les possibilités de réponse hum aine à l'appel de la parole de Dieu. Pour cette raison aucune culture ne peut accap arer le monopole de la m anière d 'ex ­ prim er la foi e t de la réaliser dans sa vie, comme si c'était la seule m anière et q u ’il n 'y eût aucune au tre aussi bonne et aussi vraie. V ouloir transm ettre la foi aux hommes dans le contexte des stru ­ ctures e t des form es d'une seule culture, en plus, étran g ère, consti­ tue pour la catéchèse un em pêchem ent sem blable à celui qui con­ siste à ne pas en tenir com pte14.

3. Le problème de „rinculturation" de la catéchèse dans les débats du synode des évêques de 1977

Q uand on étudie les docum ents du synode15 et les déclarations des Pères du synode sur les relations de la catéchèse avec la cul­ ture, on peut y distinguer plusieurs problèm es détaillés. Le synode, se référant souvent aux textes conciliaires, su rto u t à la constitution

12 A . В a r e i r o, C a t é c h è s e e t d é v e l o p p e m e n t , Lum en V ita e 25 (1970) p. 592. 18 Cf. A . E X e 1 e r, K a t e c h e s e A n k ü n d i g u n g e in e r B o t s c h a i t — I n t e r p r e t a ­

tio n v o n Er fah ru ngen, C h r istlic h -p ä d a g o g is c h e B lätter 83 (1970) p. 241— 250.

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pastorale G audium et spes e t aussi à l'adhortation apostolique Evan-

g e lii nu n tia n d i, il faut les exam iner en liaison avec ces textes. En outre, il faut rem arquer que, bien qu'il se soit intensém ent occupé du problèm e de la relation de la catéchèse avec la culture, le sy ­ node n 'éta it ni un symposium scientifique ni un congrès de théolo­ giens et n'a pas étudié la question, mais l'a soulignée comme un problèm e b rû lan t de la tâche évangélique et catéchétique.

a. C o n n a i s s a n c e e t é t u d e d e l a c u l t u r e

Si le m essage divin transm is par la catéchèse doit s'en racin er dans la culture locale, il est évident qu'il faut com m encer par la connaître. Il sem blerait au prem ier coup d'oeil que ce n 'est pas difficile. P ourtant la connaissance d ’une culture précise, surtout contem poraine, n ’est pas facile. Elle exige une observation persp i­ cace, des recherches pénétrantes, une m anière intelligente de po­ ser les questions et une analyse m inutieuse.

La culture, au sens le plus large, c'est „l'ensem ble de form es réelles et postulées de com portem ent dans les circonstances e t les conditions typiques, reçu de la tradition, m ais aussi enrichi et transform é continuellem ent"16. Ces formes constituent un modèle de vie d'une société précise17, m odèle élaboré par elle et conti­ nuellem ent modifié, perfectionné et corrigé d'après les expériences croissantes e t les innom brables événem ents historiques. Ainsi com­ prise, la culture n 'est pas quelque chose de statique e t d 'inerte, c’est quelque chose de très viv an t et de dynam ique. D 'une p art elle est continuité, d 'au tre p art elle est soumise à des changem ents conti­ nuels. Elle est com posée d'élém ents innom brables qui créen t une organisation e t une com position spécifiques18.

Sur cette profonde dépendance qui existe en tre la réalisation des tâches catéchétiques e t différents types de culture contem po­ raine e t sur la nécessité de les connaître qui en résulte ont attiré l’attention des deux prem iers docum ents du synode: le D ocum ent

prépara to ire qui fut envoyé quelques mois avant le synode à to u ­ tes les conférences episcopales e t qui voulait avant to u t sonder la situation catéchétique des différents pays e t In stru m e n tu m laboris

15 Le sy n o d e a p u b lié 5 d o c u m e n ts qui ont se r v i d e b a s e o u p r é se n ten t les r é s u lta ts d e s tr a v a u x du sy n o d e s e lo n l ’ordre c h ro n o lo g iq u e: D o c u m e n t p r é p a ­

r a to ir e , I n s t r u m e n t u m la b o r is , R e la tio p o s t d i s c e p t a t i o n e m du card. A . L o r ­ s c h e i d e r , E len ch u s p r o p o s i t i o n u m et M e s s a g e d u s y n o d e d e s é v ê q u e s au

P e u p le d e Dieu, J e c ite le s t e x te s d e s q u atre p rem iers d o cu m en ts d 'ap rès ma

prop re tra d u ctio n et le te x te du M e s s a g e du sy n o d e d es é v ê q u e s au P e u p le de D ieu d ’a p rès „ T y g o d n ik P o w s z e c h n y ” d u 1.01, 1978.

16 A . R o d z i ń s k i , art. cit., p. 44.

17 Cf. L. J. L u z b e t a k , K o ś c i ó ł a k u l t u r y , W a rsza w a 1972, p. 70 ss. 18 Cf. J. S z c z e p a ń s k i , E l e m e n t a r n e p o j ę c i a s o c j o lo g i i (N o tio n s é lé m e n ­ ta ire s d e s o c io lo g ie ) W a r sz a w a 5 1972, p. 80— 90.

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qui e s t la synthèse des rap po rts envoyés. Dans les deux docum ents on indique la nécessité d 'étu d ier les rapports en tre la catéchèse et les ty p e s de culture contem poraine, car on peut de cette m anière connaître les tensions et les espoirs, si vifs actuellem ent dans l'Egli­ se en tiè re e t liés d'une m anière spéciale à la catéchèse. Le Docu­

m ent préparatoire énum ère quelques types de culture, p ren an t pour

base de cette différence des caracères distinctifs qui apparaissent dans les cultures contem poraines. Ce sont: 1) la culture technico- -scientifique, qui en général est areligieuse, laïque, soumise à un fort processus de sécularisation: 2) la culture non chrétienne, m ais profondém ent religieuse, que l'on peut renco n trer non seulem ent dans les pays d 'au tre s traditions religieuses, mais aussi ceux de tradition chrétienne; 3) la culture de religiosité populaire dans la­ quelle les valeurs religieuses s'entrem êlent de folklore, de sup er­ stition, de toute sorte de form es de spiritism e e t de syncrétism e religieux; 4) la culture q u ’on peut définir comme la „culture de l'im age", avec sa capacité de suggestion, ses grandes possibilités pédagogiques, mais aussi avec ses risques; 5) la tendance aux dis­ cussions théologiques qui intéressent, mais d ésorientent beaucoup de chrétiens actuels.19

Comme on le voit, les docum ents du synode reconnaissent l'e ­ xistence de différents types de culture contem poraine, qui se corn- pénètrent, s'entrechoquent et s'enrichissent; ils soulignent en m ê­ me tem ps que les catéchistes n'ont pas encore une position arrêtée. Ils sont un peu déconcertés, ce que prouve l'oscillation en tre deux attitu des par rap p o rt à la culture: en tre l'irénism e e t le dialogue

d ’une part, la com battivité et la méfiance d 'au tre part. Pour év iter cette tension à l'occasion de la confrontation de la catéchèse avec la culture contem poraine, les docum ents postulent une étude cal­ me, honnête e t loyale qui d ev rait com porter deux élém ents: d ’une p art l’attention apportée à la spécificité des form es des cultures

propres à chaque pays e t à chaque région (cela perm ettra de rem ar­

q uer e n même temps l'h étéro g én éité des langues et des m éthodes pédagogiques introduites dans la catéchèse), d 'a u tre p art la nécessi­ té d e rem arquer l'o u v ertu re grandissante de tous pays aux diffé­ ren tes form es de culture qui se répandent d'un bout du monde à l’au tre grâce aux mass media. Sur ce point un appui efficace peut ê tre apporté à la catéchèse par les recherches théologiques qui te n ten t d'éclairer à la lum ière de la foi les espoirs des dontempo-

rains, surtout le dialogue qu 'entrep ren d la théologie avec les scien­ ces de l’homme, c.à.d. avec l’antropologie29.

J9 D o c u m e n t p r é p a r a t o i r e , 20. Cf. a u s si I n s t r u m e n t u m l a b o r is , 47. 20 D o c u m e n t p r é p a r a t o i r e , 20 e t R e la t i o p o s t d i s c e p t a t i o n e m , 10.

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b. A f f i r m a t i o n e t r e s p e c t d e l a c u l t u r e La connaissance de la culture d 'u n pays ou d'une région doit n é­ cessairem ent conduire non seulem ent à reconnaître sa. spécificité et son droit à l'existence de cette spécificité, mais aussi à la re s­ pecter. Si chaque culture e st une ten tativ e de solution faite par la société pour résoudre tous les problèm es humains, il faut la re s­ pecter même lorsqu'elle e st éloignée de l'idéal chrétien. V raisem ­ blablem ent c'est le seul systèm e essayé jusque-là p ar cette société,' elle y a confiance e t cette confiance donne un sens à sa vie et la conscience de la sécurité21. ,,La culture, écrit A. Rodziński, est un épanouissem ent n atu rel de la vie personnelle des groupes et d es individus... par elle et en elle l’homme arrive, dans son être indi­ viduel et social, à la perfection qui lui e st propre", e t c'est pourquoi, to u t ce qu'un au tre homme apprécie e t affirme en elle, d ev rait être égalem ent l'objet de l'affirm ation e t du respect de la p art du ch ré­ tien22.

C haque homme a le droit d 'ê tre différent des autres, de s'exp ri­ mer d'une m anière différente, à condition évidem m ent de ne pas faire to rt par cette différence, en v e rtu de sa dignité naturelle. Ce principe a trouvé sa n ette confirm ation dans l’enseignem ent de l'Eglise au concile V atican II: „L'Eglise, en v ertu de sa mission qui lui ordonne d 'éclairer to u t le m onde de sa nouveauté évangélique et de rassem bler tous les hommes de tou te nation, tribu ou culture dans l'un ité de l'Esprit, dev ient le signe de cette fratern ité qui p e r­ met un dialogue loyal et afferm it ce dialogue. Ce qui exige q u 'avant tout nous-m êm es nous veillions dans l’Eglise elle-m êm e au respect m utuel, à l'estim e e t à la bonne harm onie, acceptant toute diffé­ rence justifiée...”23. Le synode des évêques en a égalem ent parlé. Dans l'Elenchus propositionum , c.à.d. dans le relevé des proposi­ tions transm ises au Saint-Père, e n p arlant de la catéchèse, à trav ers laquelle le C hrist accom plit son oeuvre dans to utes les cultures, il postule que ,,à chaque nation soit accordée la possibilité de penser, de ju g er et aussi d'agir selon la m anière de Dieu, toujours à partir de cette réalité qu'est la natio n "24.

L’existence de convergences dans les conceptions de la vie en­ tre les hommes rem plit le rôle très positif et constructif: „Là où il y a des différences, il y a du m ouvem ent. L'uniform ité produit la stagnation (...) Un m onde uniform isé, une vie appuyée sur un stan ­ dard uniform e et stéréotypé serait un v éritab le cauchem ar, e t il est

21 Cf. L. J. L u z b e t a k, op. cit., p. 73— 74. 22 A r t . cit., p. 46.

23 C o n stitu tio n p a sto ra le sur l ’E g lis e dan s le m o n d e co n tem p o ra in G a u d iu m

e t s p e s , n ° 92.

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heureux que grâce à la n atu re même de l'hom me il n 'y a aucune chance réelle de se réaliser"25.

C ette hétérogénéité et le pluralism e des form es de la vie reli­ gieuse qui en découle ne constitue aucun danger pour l'u n ité de la foi. Un pluralism e sain dans l'expression de la foi, a souligné le Père A rrupe au synode des évêques, n 'est pas un mal, c'est une n é ­ cessité, il faudrait dire un bien auquel nous devrions tendre, car il p erm et la m anifestation e t la croissance de tous les dons reçus de Dieu, naturels e t su rnaturels. Dans un pluralism e v éritab le et sain se trouve une unité plus profonde. La crise de l'u nité provient toujours d'un pluralism e insuffisant, qui ne perm et pas à l'homme d ’exprim er sa foi dans les term es et les catégories de sa p ro p re cul­ tu re28. Il tém oigne égalem ent de la catholicité, c.à.d. de l'u n iv ersa­ lité de l’Eglise. En citant H. de Lubac, le Père A rrupe a constaté que ,,1'hétérogénéité (sanctionnée p ar l'Eglise) des habitudes e st le ca­ chet de l’unité de sa foi e t que cette catholicité visible est l'ex p res­ sion norm ale de sa richesse intérieure, que sa beauté ray o n n e dans J'hétérogénéité: circum data v a rie ta te " 27.

с. „ L e s s e m e n c e s d e l a P a r o l e „ d a n s l a c u l t u r e L'affirm ation e t le respect de chaque culture et le désir que dans la prédication du m essage de Dieu on s’y réfère ont trouvé dans les docum ents du synode en o u tre une au tre explication et justifica­

tion. La R elatio p o st d isc e p ta tio n em du card. Lorscheider qui con­ tie n t le sommaire de la discussion de la prem ière phase e t l'Elen-

c h u s p ro p o sitio n u m contiennent les constatations que dans toute cu ltu re ex istent les sem in a V e rb i, c.à.d. les sem ences du V erbe.

On voit dans ces constatations une référence très précise à la doctrine de saint Jean e t de saint Paul, qui p résente le C hrist comme V erb e qui existe depuis le d éb u t de la création comme v ie et lum iè­

re de tout, par Qui to u t a été fait, de Qui to u t prend son origine, les choses créées et l’homme (Jn 1,9; 1 Со 8,6). A la lum ière de ce tte doctrine le monde e t to u te l'histoire sont les m ilieux où Dieu agit par le Christ. Le C hrist n ’est donc pas un étran g er pour l'hom ­ me, au fond il est déjà présen t dans toutes les choses créées e t dans to u tes les phases de l’ex istence hum aine, il est la réalisation et l'accom plissem ent des désirs les plus profonds e t inassouvis du coeur hum ain s'ouvrant au bien et au vrai. La présence m ystérieuse m ais réelle du C hrist en chaque homme qui est créé à sa ressem ­ blan ce et qui e s t orienté v ers lui fait que chaque rech erch e sincère d u sens de la vie e t chaque ouv ertu re aux v aleu rs authentiques sont déjà en un sens recherche e t o u v ertu re en direction du

25 A . R o d z i ή s к i, art. cit., p. 48. 28 A r t . cit., p. 448— 449.

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C h rist28. C 'est à cette recherche des traces de sa présence, laten tes e n to u t homme, dans les événem ents de son existence e t dans cha­ que culture que pensaient les P ères du synode quand ils disaient: ,,il faut accueillir chaque culture et l'im prégner des valeu rs év an ­ géliques", car sont gravées en elles ,,les sem ences de la Parole". Il faut les rechercher e t les e x tra ire par la prédication de l ’Evangile. Puisque ,,la culture extério rise les valeurs profondes de l'esp rit du peuple", l'Evangile doit n aître et surgir précisém ent de ces cu ltu ­ res29. On po u rrait exprim er cette pensée encore d'une au tre m aniè­ re: au catéchism e il ne s'agirait pas tellem ent de po rter le m essage du C h rist là où il n 'est pas encore p résent qu'à le découvrir et l'id en tifier là où il est déjà présent, mais non encore reconnu. Nous tro uv o n s aussi cette pensée clairem ent exprim ée, bien qu'en d ’au ­ tre s term es, dans la constitution p asto rale de l'Eglise dans le m onde contem porain: „Chaque branche de la famille hum aine porte en soi e t dans ses traditions saines une p artie du tréso r spirituel con­ fié par Dieu à l'hum anité, bien que beaucoup ne sachent pas de quelle source il p rov ien t"30.

d. L a f o i e t l a c u l t u r e

Les dern ières déclarations nous introduisent dans l'essen tiel du problèm e, à savoir la relation de la foi e t de la culture. Si dans cha­

que culture sont latentes des v aleu rs chrétiennes, c.à.d. des sem en­ ces de la Parole avec lesquelles le m essage chrétien d ev rait s'unir e t qui d ev raien t être révélées et extraites, la culture e t la R évéla­

tion n e peuvent pas m utuellem ent s'exclure, m ais se com pléter, comme m utuellem ent se com plètent la raison et la foi31. „T héori­ quem ent il n'existe pas — p arce q u'il ne peut pas ex ister — de p o rtio n de culture à laquelle p o u rrait n uire la croyance à l'A bso- lue Sagesse Aimante, ou Am our Sage, e t donc la croyance en la P rovidence e t en récom pense e t la punition outre-tem porelles. Mais pour des raisons secondaires et non essentielles il en a été d i­ versem ent dans l’existence des individus e t des peuples32.

M ais il ne faut pas non plus oublier que l’Eglise ne s'identifie à aucune culture spéciale, même pas à la culture occidentale, à la­ quelle son histoire est tellem ent liée. Elle a rappelé au concile

Va-28 Cf. E. A l b e r i c h , N a t u r a e c o m p i t i d i una c a t e c h e s i m o d e r n a , T o rin o - - L eu m a n n 1972, p. 34— 35 e t 44— 45. E le n c h u s p r o p o s it i o n u m , 16. *> n ° 86. 51 C f. B. M a t t e u c c i , La p r o m o z i o n e d e i p r o g r e s s o d e ll a cu ltu ra, d a n s: La c o s t i l u z i o n e p a s t o r a l e su ll a C h i e s a n e l m o n d o c o n t e m p o r a n e o , rèd. par A . F a -

v a l e , T orin o-L eu m ann 3 1968, p. 840— 841.

“ A . R o d z i ń s k i , A u t o n o m i a k u l t u r y i j e j g r a n ic e (L’a u to n o m ie d e la cu ltu re et s e s fr o n tièr es), A te n e u m K a p ła ń s k ie 74 1970) p. 388— 399.

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tican II que „l'Eglise, v iv an t au cours des siècles dans différentes conditions, s'est servie de différentes cultures, (...) mais en même tem ps l'Eglise, env o y ée à tous les peuples de tous les tem ps et de tous les lieux, ne se lie d'une m anière exclusive e t inséparable à aucune race ni aucun peuple, à aucun systèm e p articulier de cou­ tum es, à aucun coutum e ancienne ou n o uvelle"33.

Pourquoi? A ucune culture n 'est parfaite e t les valeu rs qu'elle représen te ne sont jam ais des valeurs absolues. C 'est pour cette raison aussi que si elle v e u t être v ivante e t se développer, la cul­ tu re ne peut s'enferm er en elle-même. Sinon elle se condam nerait à l'appauvrissem ent, à la léth arg ie e t à la mort. Il en est de même avec la foi qui cherch erait à s'enferm er et à se m urer dans une cul­ tu re précise. Elle e st soumise aux mêmes lim itations auxquelles est soumise la culture à laquelle elle est liée34.

N éanm oins il faut reco n n aître avec le Père A rru pe qu'il n'existe pas d 'a u tre foi que la foi incarnée. Nous la trouvons tou jo u rs in ­ carnée en quelque culture, ou plutôt incarnée dans les hommes qui façonnent cette cu ltu re35. Si donc il ne faut pas identifier foi et culture, il ne faut non plus séparer la foi de la culture, d ’autant plus que ,,le Royaume, prêché par l'Evangile, est installé par les hommes qui appartienn ent à une culture précise et qui, dans la construction de ce Royaume, doivent profiter des élém ents de la culture et des cultures hum aines"36.

Comme il est facile de rem arquer, en tre le m essage du salut e t la culture existent de nom rbeux liens37 dont il faut avoir conscien­ ce dans la proclam ation. On n 'a pas omis de les dégager au synode des évêques.

Prem ièrem ent, si la foi et la culture s'inissent indissolublem ent dans l'hom me concret et si to u t l'hom me doit être sauvé, et seul le C hrist peut le sauver, il est n écessaire que le C hrist s'incarne dans la cu ltu re38. N e perd ant e t n e d étru isan t rien de ce qui est au th en ­ tiquem ent et vraim ent hum ain dans chaque culture, il désire faire de l'hom m e un chrétien dans le contexte e t sur la base de son pro­ pre m ilieu social et culturel.

D euxièm em ent, la foi d ev rait en tre ten ir le dialogue avec toutes les cultures, sans exclure celles qui viennent de n aître récem m ent. La foi e t la culture d ev raien t s'appuyer m utuellem ent et réagir ré ­ ciproquem ent. Le processus de cette réaction réciproque suppose non seulem ent le „donner", mais aussi le „recev o ir"39. C ’est d ’a­

39 G a u d iu m e t s p e s , n ° 58. 94 Cf. P. A r r u p e , art. cit., p. 448— 449. 95 Ibid., p. 448— 449. 36 E v a n g e ii i n u n tia n d i, n ° 20. 37 G a u d iu m e t s p e s , n ° 58. 38 P. A r r u p e , ar t. cit., p. 449. 39 M e s sa g e d u s y n o d e d e s é v ê q u e s a u P e u p le d e D ieu , 5.

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bord le processus de „donner" qui consiste en ce que l'Eglise, an ­ nonçant le m essage du salut donne à la culture locale quelque cho­ se de nouveau, ce qui n 'éta it pas en elle, ou qui y était latent, la ren ou v elant e t la transform ant de l'intérieu r. Mais e n im prégnant la culture locale, l'Eglise puise elle-même dans les tréso rs de la culture, elle prend aux cultures du m onde ce qu'elle n'a pas, ce qui résulte d ’ailleurs de l'u niv ersalité de l'Eglise e t ce que est n é ­ cessaire pour qu'elle puisse exprim er de diverses m anières la ri­ chesse da sa foi40. La foi purifie donc e t enrichit la culture, et la culture purifie e t enrichit la foi. Le dialogue ininterrom pu de la foi avec avec les différentes cultures perm et de surm onter les fro n tiè­ re s dans lesquelles une culture ten te de l'enferm er et perm et une e x ­ pression plus plénière41. Il est utile de rappeler ici ce que le con­ cile V atican II a dit à ce sujet: „La bonne nouvelle du C hrist rén o ­ ve continuellem ent la vie et la cu ltu re de l'hom me tom bé et com­ bat e t élim ine les fautes e t le m al v en an t de la séduction du mal qui m enace continuellem ent l'hom me. Elle purifie continuellem ent et relè v e les coutum es des peuples, les richesses et les qualités spi­ ritu elles de chaque peuple et de chaque siècle, fertilise en quel­ que sorte de l'in térieu r des richesses d'en haut, fortifie, com plète e t ré p are dans le C hrist"42.

Troisièm em ent, dans cette confrontation du m essage de la foi avec la culture, il ne faudrait p erd re ni déform er aucun élém ent essen tiel du christianism e. Il y a des contenus et des principes, où aucun compromis n'est possible. N ous touchons ici à une fonction im portante de m essage chrétien à l’égard de la culture, ferm em ent souligné par le synode. Il s'agit de sa fonction de critique. Elle con­ siste à „dém asquer d'une m anière prophétique tout ce qui e st in­ justice et violence"43. Le m essage chrétien tendant à se réintég rer dans la culture, soumet e n même tem ps à la critique tous ses as­ pects qui ne sont pas e n accord avec lui e t qui rendent difficile ou impossible cette intégration. L 'incarnation de la foi dans différen­ tes cu ltures ne signifie pas son identification avec elles ou l'acce­ ptation sans plus de tous ses élém ents. Sinon on abo u tirait à la d é­ form ation de la foi. Il est du devoir du catéchiste de s'opposer à des déform ations. Il doit édu qu er à l'authenticité de la foi, d é­ m asquant non seulem ent ce qui e st contraire et difficile à conci­ lier, m ais enco re en s'opposant à exploiter le m essage chrétien pour réaliser des buts idéologiques et culturels précis44. Et ce n'est, pas un danger im aginaire. Il ex iste toujours une ten tation assez forte de se servir du m essage évangélique pour attein d re des b u ts non apostoliques, ou pour faire passer en fraude sous son couvert des

40 R e la t i o p o s t d i s c e p t a t i o n e m , 10. 41 P. A r r u p e , art. cit., p. 449. 42 G a u d iu m et s p e s , n ° 58.

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doctrines et des norm es qui ne sont pas évangéliques, m ais philo­ sophiques, culturelles, sociales ou politiques, conditionnées histo­ riquem ent, et quelquefois to u t à fait désuètes43. Comme écrit saint Paul, „nous ne sommes pas en effet comme tan t d 'au tres qui trafi­ quent de la parole de Dieu; c'est avec sincérité, c'est de la p art de Dieu, à la face de Dieu, dans le Christ, que nous parlons" (2 Co- 2,17). Ceci n'a perdu ni de son actualité ni de-son im portance.

e. I n c u l t u r a t i o n d e l a c a t é c h è s e

De toutes ces réflexions sur le rapport de la catéchèse avec la cu ltu re on peut, à la suite du synode, tirer la conclusion suivante: ,,Le m essage chrétien d ev rait s'en racin er dans les cultures h u ­ maines, d ev rait les accueillir e t les transform er. En ce sens on peut considérer la catéchèse comme un instrum ent 'd'inculturation', c.à.d. que la catéchèse développe et en même tem ps éclaire de l'in térieu r les formes de la vie des homm es auxquels elle s'adresse. La foi ch rétienne d ev rait s'incarn er dans les cultures à trav e rs la caté­ ch èse ''56.

Le problèm e de l'in culturation a été souligné d 'un e m anière particulièrem ent forte dans les docum ents définitifs du synode. Le ta rd . Lorscheider n 'a pas encore em ployé le term e „inculturation" dans son rapport, m ais a présenté l’essentiel de cette notion. Il a dit: „II semble que les P ères sont d ’accord pour adm ettre que le m an­ dat évangélique d e v rait être adapté à la com préhension contem ­ poraine de la vie hum aine e t à la culture. C 'est pourquoi ils déci­ dent que dans la catéchèse on tien n e com pte des conditions loca­ les et ethniques. Q uelques-uns v on t plus loin et p arlen t de la n é ­ cessité pour l'Evangile de s'in carner dans la culture locale, rap p e­ lant que le V erbe Incarné a pris sur lui to u te la v raie m anière de l’ê tre humain, excepté le péché"47. Le term e d'in cu ltu ration a été- introduit seulem ent dans les deux derniers docum ents du synode: il s’agit du m essage au Peuple de Dieu e t de la liste des propositions- transm ises au Saint-Père. Dans la proposition 16 nous lisons: „L'en­ racinem ent dans les cultures bien compris est, en un sens, absolu­ m ent nécessaire p our que l'Eglise 's'incarne'. Il faut accueillir la culture et l'im prégner des v aleu rs évangéliques. (...) L’Evangile p é­ n ètre les cultures, les accueille, les purifie et les transform e". Pour cette raison aussi il fau t te n d re à ce que „l’instruction catéch éti­ que se réalise dans cette perspective d 'inculturation de la foi"48.

43 R e la t i o p o s t d i s c e p t a t i o n e m , 10 44 Ibid., 10.

45 Cf. R. M u r a w s k i . K a t e c h e z a w i e r n a B o g u i c z ł o w i e k o w i (La: c a té c h è ­ s e fid è le à D ieu et à l'h om m e), K a tec h e ta 18 (1974) p. 198.

46 M e s s a g e d u s y n o d e d e s é v ê q u e s a u P e u p l e d e D ieu , 5. 47 R e la tio p o s t d i s c e p t a t i o n e m , 10.

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Bien que ia notion d'inculturation de la catéchèse ait apparu d'une m anière n ette seulem ent dans les docum ents finals du sy ­ node, cependant elle a été l'objet de plusieurs interventions des Pères d u synode pendant la durée de tout le synode. Ils soulignai­ ent que c’était un problèm e b rû lan t de l'évangélisation, constatant en m êm e tem ps que le m anque d 'in cu ltu ratio n devait ê tre considé­ ré comme un des plus grands obstacles rencontré par l'évangéli- sation e t la catéchisation. On ne s'en ten dait pas parm i les Pères du synode sur le term e. Les uns em ployaient le term e „acculturation" (term e em ployé surtout par les francophones), les au tres „incultura- tion"49. Le term e „acculturation" désigne plutôt le rapprochem ent extérieu r de la culture opéré p ar le m essage évangélique, confor­ m ém ent au préfixe latin ad, vers; par contre, l'„inculturation", dé­ signée p ar le préfixe in, en, dans, exprim e un processus plus in té­ rieur in terv en an t en tre la foi e t la culture. C 'est pourquoi la m a­ jorité des P ères synodaux av ait tendance à em ployer ce d ern ier term e comme exprim ant m ieux e t plus profondém ent la réalité de „l'incarnation" de la foi dans la cu ltu re50.

Q u'est-ce que l'inculturation? Le synode des évêques n 'a pas fait d'étu d e scientifique de ce problèm e; il n 'é ta it pas un sym po­ sium scientifique e t cette étude n ’était pas de sa com pétence. Il a cependant éclairé le term e du côté de la réalisation des tâches catéchétiques, du côté de la pastorale. C 'est le Père A rrupe qui a saisi le plus pleinem ent e t le plus profondém ent le problèm e de l'inculturation. Disant d'abord ce que n 'est pas l'inculturation, et donc qu'elle n ’était pas une simple adaptation de l’ancienne e t tr a d i ­ tionnelle m anière de faire la catéchèse aux nouvelles conditions, su rto u t par la m odification de la langue du m essage e t l'introduction de nouvelles m éthodes e t techniques pédagogiques, ni même une simple stratégie, ayant p our bu t de rendre l'enseignem ent chrétien plus attray an t, il a constaté que l’inculturation dans la catéchèse n 'é ta it rien d 'a u tre que le fait de tire r les -conclusions pratiques, la conséquence logique de la v érité prêchée par l'Eglise que le C hrist éta it l'unique Sauveur d u monde e t des hommes. C 'est pourquoi le C hrist dev ait accueillir dans son Corps M ystique, dans l'Eglise, to utes les cultures, afin de les purifier des élém ents qui ne sont pas conform es à son esprit, e t donc de les sauver saiîs les anéantir, L 'inculturation dans la catéchèse e s t donc la p énétration de la foi dans les fondem ents les plus profonds e t les plus intim es de l’ex i­ stence hum aine; avec cela il s'agit ici d'une telle pénétratio n de la foi qu'elle puisse im prim er son influence sur la m anière de penser, de sentir, d 'ép ro u v er e t d'agir des hommes. L'inculturation e st enfin un dialogue ininterrom pu menq e n tre la parole de Dieu e t tou tes les

49 Cf. R. С о f f y , S y n o d e — C a t é c h è s e , C a té c h è s e 1978, 70, 89.

“ Cf. F. L e b e a u , J. C h a r y t a ń s k i , Le V e S y n o d e d e s é v ê q u e s et la

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au tres form es de com m unication, à l'aide desquelles les hommes s'entendent entre e u x 51.

Il en résulte que le m essage chrétien e t les m odèles chrétiens du com portem ent que com m unique la catéchèse doivent être inclus dans ce modèle de vie que nous appelons culture, comme son com­ plém ent et son perfectionnem ent. Q uiconque donc tran sm ettra le m essage divin doit le faire dans la perspective de la culture donnée, c.à.d. qu'il doit to ujou rs avoir devant les yeux le plan plénier et le m odèle de vie de la société donnée. Toute approche qui ne tien ­ d rait pas compte de la culture, du style spécial de vie de la socié­ té donnée, est manquée, nuisible, suspecte e t non conform e à l'Evan­ gile et à l'action de Dieu52. ,,Dieu, en effet, se rév élan t à son peuple ju sq u 'à sa m anifestation définitive dans son Fils incarné, s'est adressé conform ém ent à l'é ta t de culture particulier à différentes époques"53.

51 P. A r r u p e , art. cit., p. 447— 448.

5S Cf. L. J. L u z b e t a k , op. cit., p. 352— 353. 53 G a u d iu m e t s p e s , n ° 58.

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