• Nie Znaleziono Wyników

par des produits de puissances de nombres alg´ ebriques

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Share "par des produits de puissances de nombres alg´ ebriques"

Copied!
26
0
0

Pełen tekst

(1)

LXXIX.2 (1997)

Approximation simultan´ ee

par des produits de puissances de nombres alg´ ebriques

par

Michel Waldschmidt (Paris)

D´edi´e au Professeur J. W. S. Cassels

`a l’occasion de ses 75 ans

1. Introduction. Soit d un entier positif et soit Γ un sous-groupe de type fini de (C

×

)

d

. L’adh´erence de Γ pour la topologie complexe est un groupe de Lie r´eel et on s’int´eresse `a l’approximation de ses points par des ´el´ements de Γ . Dans ce texte on supposera que les coordonn´ees des

´el´ements de Γ sont des nombres alg´ebriques : Γ ⊂ (Q

×

)

d

, o` u Q est la clˆoture alg´ebrique de Q dans C. En prenant l’image inverse par l’application exponentielle, on se ram`ene `a l’´etude de l’approximation des points d’un sous-espace vectoriel r´eel de C

d

par des ´el´ements d’un sous-groupe additif Y , form´e de points dont les coordonn´ees sont des logarithmes de nombres alg´ebriques : Y ⊂ L

d

, o` u L d´esigne le Q-espace vectoriel form´e des loga- rithmes de nombres alg´ebriques :

L = exp

−1

(Q

×

) = {λ ∈ C : e

λ

∈ Q

×

}.

Commen¸cons par le cas r´eel. D’apr`es un r´esultat de Kronecker (voir par exemple [3], [7], th. 442, et [2], chap. 7, §1, n

3, corollaire 2 de la proposition 7), une condition n´ecessaire et suffisante pour qu’un sous-groupe de type fini Y de R

d

soit dense dans R

d

est que, pour toute forme lin´eaire non nulle ϕ : R

d

→ R, l’image ϕ(Y ) ait un rang ≥ 2 sur Z. Ainsi, en posant V = Ker ϕ, pour v´erifier que Y est dense il faut majorer le rang sur Z de Y ∩ V pour tout hyperplan V de R

d

.

Consid´erons maintenant un sous-groupe de type fini de C

d

. Un th´eor`eme de transcendance, le th´eor`eme du sous-groupe lin´eaire (cf. th´eor`eme 2.1 ci- dessous), permet de majorer la dimension du Q-espace vectoriel L

d

∩ V quand V est un hyperplan de C

d

dont l’intersection avec Q

d

est r´eduite

L’auteur a b´en´efici´e du soutien de la Japan Society for the Promotion of Science : bourse JSPS 96029.

[137]

(2)

`a {0}. Pour un hyperplan V de C

d

contenant un ´el´ement non nul de Q

d

, le Q-espace vectoriel L

d

∩ V est de dimension infinie. Aussi, Y ´etant un sous-groupe de type fini de L

d

, pour pouvoir majorer le rang de Y ∩ V pour tout hyperplan V de C

d

, on est amen´e `a introduire une hypoth`ese : il faut supposer que Y ne contient pas trop de points dans un mˆeme hyperplan rationnel sur Q.

efinition. Un sous-groupe de type fini Y de C

d

poss`ede la propri´et´e (IL) si, pour tout sous-espace W de C

d

rationnel sur Q de dimension < d, on a Y ∩ W = {0}.

Si y

1

, . . . , y

l

est une base de Y sur Z, avec y

j

= (u

1j

, . . . , u

dj

), la pro- pri´et´e (IL) signifie que les coordonn´ees u

ij

des y

j

satisfont la condition d’ind´ependance lin´eaire suivante :

• pour tout t = (t

1

, . . . , t

d

) ∈ Z

d

, t 6= (0, . . . , 0), et tout s = (s

1

, . . . , s

l

) ∈ Z

l

, s 6= (0, . . . , 0), on a

X

d i=1

X

l j=1

t

i

s

j

u

ij

6= 0.

On pourrait affaiblir cette condition (IL), en imposant seulement une ma- joration au rang de Y ∩ W en fonction de la codimension de W dans C

d

(voir par exemple le §1.3 de [19]), mais cela alourdirait les ´enonc´es. Nous donnerons seulement un exemple dans cette direction (corollaire 2.4).

Quand les nombres u

ij

sont tous r´eels, la propri´et´e (IL) s’´ecrit de ma- ni`ere ´equivalente sous la forme multiplicative suivante, avec α

ij

= e

uij

:

• pour tout t = (t

1

, . . . , t

d

) ∈ Z

d

, t 6= (0, . . . , 0), et tout s = (s

1

, . . . , s

l

) ∈ Z

l

, s 6= (0, . . . , 0), on a

Y

d i=1

Y

l j=1

α

tijisj

6= 1.

Cela signifie que le sous-groupe Γ de G

dm

(R) = (R

×

)

d

, engendr´e par γ

1

, . . . . . . , γ

l

, avec γ

j

= (α

1j

, . . . , α

dj

) (1 ≤ j ≤ l), qui est de rang l, poss`ede la propri´et´e suivante :

• pour tout sous-groupe alg´ebrique G

de G

dm

de dimension < d, on a Γ ∩ G

(R) = {1}.

Quand les nombres u

ij

ne sont pas tous r´eels, sous la condition (IL), on peut seulement majorer le rang de Γ ∩ G

(C) quand G

est un sous-groupe alg´ebrique de G

dm

(cf. lemme 4.2).

La question de densit´e soul`eve, nous l’avons vu, un probl`eme d’irrationa-

lit´e. Nous consid`ererons aussi le probl`eme de transcendance qui lui est natu-

rellement associ´e. Plus g´en´eralement, nous d´eduirons le r´esultat suivant

(3)

d’une minoration (2.3) de la dimension du Q-espace vectoriel engendr´e par ϕ(Y ).

Th´ eor` eme 1.1. Soient Y = Zy

1

+ . . . + Zy

l

un sous-groupe de L

d

de rang l poss´edant la propri´et´e (IL) et ϕ : C

d

→ C une forme lin´eaire non nulle.

(a) Si l ≥ d

2

− d + 1, alors un au moins des l nombres ϕ(y

j

) (1 ≤ j ≤ l) n’est pas nul.

(b) Si l ≥ d

2

− d + 2, alors un au moins des l nombres ϕ(y

j

) (1 ≤ j ≤ l) est irrationnel.

(c) Si l ≥ d

2

+ 1, alors un au moins des l nombres ϕ(y

j

) (1 ≤ j ≤ l) est transcendant.

L’´enonc´e (a) s’´ecrit rang

Z

(Y ∩ Ker ϕ) ≤ d

2

− d, ou encore rang

Z

ϕ(Y ) ≥ l −d

2

+d. Il entraˆıne donc imm´ediatement (b). Cet ´enonc´e d’irrationalit´e (b) a ´et´e utilis´e par Damien Roy dans [14] pour d´emontrer le r´esultat suivant, r´epondant `a un probl`eme pos´e par Sansuc [15] :

• Soit k un corps de nombres de degr´e d = r

1

+ 2r

2

sur Q, o`u r

1

est le nombre de plongements de k dans R et 2r

2

le nombre de plongements non r´eels deux-`a-deux conjugu´es de k dans C. Il existe un sous-groupe de type fini de k

×

de rang r

1

+ r

2

+ 1 dont l’image par le plongement canonique k

×

→ (R

×

)

r1

× (C

×

)

r2

est dense.

Le th´eor`eme principal de ce texte (th´eor`eme 1.6) repr´esente une premi`ere

´etape vers un analogue quantitatif de ce r´esultat de densit´e de D. Roy.

Consid´erons maintenant un sous-groupe Y = Zy

1

+ . . . + Zy

l

de type fini et de rang l de R

d

. Choisissons une norme | · | sur R

d

. Si Y est dense, pour chaque ξ = (ξ

1

, . . . , ξ

d

) ∈ R

d

, la fonction

T 7→ min

t∈Zl

|tj|≤T

|ξ − t

1

y

1

− . . . − t

l

y

l

|

tend vers 0 en d´ecroissant quand T tend vers l’infini. La “vitesse” de d´ecrois- sance de cette fonction donne une “mesure” de la densit´e de Y dans R

d

.

Deux outils nous permettront d’´etablir une telle estimation. Le premier est un lemme de transfert (que nous allons exposer dans le paragraphe 3), qui permet de ramener la question de densit´e effective `a une minoration de min

1≤j≤l

kϕ(y

j

)k, quand k · k d´esigne la distance `a l’entier le plus proche et ϕ : C

d

→ C est une forme lin´eaire non nulle. La minoration en question d´epend du maximum des coefficients de ϕ : pour ϕ(z) = ϑ

1

z

1

+ . . . + ϑ

d

z

d

, on posera

N(ϕ) = max

1≤i≤d

i

|.

(4)

Le second outil est donc un ´enonc´e d’approximation diophantienne, raf- finement quantitatif du th´eor`eme 1.1 qui fournit les estimations requises pour l’utilisation du lemme de transfert. Pour ´enoncer ces estimations nous introduisons les notations suivantes.

• Soient d, l deux entiers positifs et Y = Zy

1

+. . .+Zy

l

un sous-groupe de L

d

de rang l poss´edant la propri´et´e (IL). On ´ecrit y

j

= (u

1j

, . . . , u

dj

) (1 ≤ j ≤ l) et on pose α

ij

= exp(u

ij

) (1 ≤ i ≤ d, 1 ≤ j ≤ l). Soit K un corps de nombres de degr´e D sur Q contenant les dl nombres α

ij

. On d´esigne par A un nombre r´eel positif satisfaisant, pour 1 ≤ i ≤ d et 1 ≤ j ≤ l,

log A ≥ max{e/D, h(α

ij

), (e/D)|u

ij

|}.

Enfin soit ϕ : C

d

→ C une forme lin´eaire non nulle.

La version quantitative suivante de la partie (a) du th´eor`eme 1.1 sera

´etablie au paragraphe 4 :

Th´ eor` eme 1.2. On suppose d ≥ 2 et l ≥ d

2

− d + 1. Alors

1≤j≤l

max |ϕ(y

j

)| ≥ N(ϕ) exp{−c

0

(D log A)

κ0

}, avec

κ

0

= κ

0

(d, l) = dl

l − d

2

+ d et c

0

= c

0

(d, l) = d

7d3

l

d

.

On en d´eduira (´egalement au paragraphe 4) un raffinement quantitatif de la partie (b) du th´eor`eme 1.1 :

Corollaire 1.3. On pose N = max{1, N(ϕ)}. Si l ≥ d

2

− d + 2, alors

1≤j≤l

max kϕ(y

j

)k ≥ N(ϕ) exp{−c

1

N

κ1

}, avec

κ

1

= d(l − 1)

l − d

2

+ d − 1 et c

1

=

 c

0

(d, l − 1)d

κ1

(D log A)

1

si d ≥ 2, D log 2 + (D log A)

2

si d = 1.

Au paragraphe 5 nous d´emontrerons la version effective suivante de la partie (c) du th´eor`eme 1.1 :

Th´ eor` eme 1.4. Supposons d ≥ 1 et l ≥ d

2

+ 1. Soient β

1

, . . . , β

l

des

´el´ements de K, non tous nuls, et soit B ≥ e/D un nombre r´eel tel que log B ≥ max

1≤j≤l

h(β

j

).

Alors

1≤j≤l

max |ϕ(y

j

) − β

j

| ≥ exp{−c

2

(D log A)

2

(D log B)

κ2

}, avec

κ

2

= l

l − d

2

et c

2

=

 d

17d3

l

d

si d ≥ 2,

10

10

(l − 1)

2

si d = 1.

(5)

A titre de curiosit´e on d´eduira (au paragraphe 5) du cas particulier d = 1, l = 2 du th´eor`eme 1.4 une minoration d’une combinaison lin´eaire de deux logarithmes. Ce n’est pas la meilleure estimation connue (comparer notamment `a [9]), mais elle est cependant d´ej`a assez fine, vu le peu d’effort que nous avons consacr´e `a cet aspect de la question.

Corollaire 1.5. Soient λ

1

et λ

2

deux ´el´ements de L lin´eairement ind´e- pendants sur Q et soit β un nombre alg´ebrique. On pose α

j

= e

λj

(j = 1, 2), et on d´esigne par D le degr´e du corps de nombres Q(α

1

, α

2

, β) sur Q. Soient A et B deux nombres r´eels positifs satisfaisant

A ≥ max{e/D, h(α

1

), h(α

2

), (e/D)|λ

1

|, (e/D)|λ

2

|}, B ≥ max{e/D, h(β)}.

Alors

|βλ

1

− λ

2

| ≥ exp{−10

10

D

4

(log A)

2

(log B)

2

}.

Voici maintenant le th´eor`eme principal de cet article, qui fournit un r´esultat effectif de densit´e concernant un groupe multiplicatif form´e de points

`a coordonn´ees alg´ebriques. On le d´eduira des th´eor`emes 1.2 et 1.4 dans le paragraphe 6.

Th´ eor` eme 1.6. Soient r

1

et r

2

des entiers ≥ 0 avec n = r

1

+ r

2

> 0.

On pose aussi d = r

1

+ 2r

2

. Soit Γ un sous-groupe de (R

×+

)

r1

× (C

×

)

r2

, engendr´e par des ´el´ements (α

ij

)

1≤i≤n

(j = 1, . . . , l). On suppose que pour tout a = (a

1

, . . . , a

d

) ∈ Z

d

, a 6= 0, et tout b = (b

1

, . . . , b

l

) ∈ Z

l

, b 6= 0, on a

Y

l j=1

 Y

n

i=1

α

aiji

Y

n k=r1+1

α

akjn+k



bj

6= 1.

(a) On suppose l ≥ d

2

− d + 2, et on pose θ

1

= 1

d d − 1 l − 1 .

Il existe des constantes positives c

3

et c

4

, ne d´ependant que de d, l et des α

ij

, poss´edant la propri´et´e suivante : pour tout ζ = (ζ

1

, . . . , ζ

n

) ∈ (R

×+

)

r1

× (C

×

)

r2

, et pour tout T ≥ c

3

max{1, |log |ζ

1

||, . . . , |log |ζ

n

||}, le syst`eme d’in-

´equations

1≤j≤l

max |t

j

| ≤ T et max

1≤i≤n

i

− α

ti11

. . . α

till

| ≤ c

4

(log T )

−θ1

admet une solution (t

1

, . . . , t

l

) ∈ Z

l

.

(b) On suppose l > d

2

, et on pose θ

2

=

 (l − d

2

)/l si d ≥ 2,

1 si d = 1.

Alors la mˆeme conclusion vaut avec la borne

1≤i≤n

max

i

− α

ti11

. . . α

till

| ≤ exp{−c

5

(log T )

θ2

},

pour une constante c

5

qui ne d´epend que de d, l et des α

ij

.

(6)

R e m a r q u e. La condition l ≥ d

2

−d+2 s’´ecrit aussi θ

1

> 0. L’estimation obtenue en (a) est assez faible, puisqu’elle s’´ecrit

1≤i≤n

max

i

− α

i1t1

. . . α

till

| ≤ exp{−θ

1

log log T + log c

4

}.

Nous verrons d’ailleurs que pour d = 1 elle s’obtient `a partir de l’argument de Liouville (alors que pour d ≥ 2 elle n’est pas triviale). L’estimation obtenue en (b) est sensiblement meilleure : on ne peut pas esp´erer un exposant θ

2

sup´erieur `a 1.

Il semble raisonnable de conjecturer que, sous les hypoth`eses du th´eor`eme 1.6 avec l > d, la conclusion peut ˆetre remplac´ee par

(1.7) max

1≤i≤n

i

− α

ti11

. . . α

till

| ≤ c

6

T

1−(l/d)+ε

pour tout ε > 0, avec une constante c

6

ne d´ependant que de d, l, des α

ij

et de ε. Un tel ´enonc´e serait optimal.

2. Transcendance sur les tores complexes. Voici une variante (th´eo- r`eme 2.1 de [20]) du th´eor`eme du sous-groupe lin´eaire. On en trouvera d’autres notamment dans [13]; voir aussi [4] et [21].

Th´ eor` eme 2.1 (th´eor`eme du sous-groupe lin´eaire). Soient d

0

et d

1

deux entiers ≥ 0 avec d

0

+ d

1

> 0. Soit V un sous-espace vectoriel de C

d0+d1

tel que

V ∩ (Q

d0

× {0}

d1

) = {0} et V ∩ ({0}

d0

× Q

d1

) = {0}.

Alors le Q-espace vectoriel V ∩ (Q

d0

× L

d1

) est de dimension finie major´ee par

dim

Q

(V ∩ (Q

d0

× L

d1

)) ≤ d

1

(d

0

+ d

1

− 1).

Le corollaire suivant nous permettra d’´etablir le th´eor`eme 1.1.

Corollaire 2.2. Soit Y un sous-groupe de type fini de L

d

et soit ϕ : C

d

→ C une forme lin´eaire non nulle. On d´esigne par r la dimension du Q- espace vectoriel engendr´e par ϕ(Y ). Alors il existe un sous-espace vectoriel W de C

d

, de codimension d

1

≥ 1, rationnel sur Q, tel que

rang

Z

(Y /Y ∩ W ) ≤ d

1

(d

1

+ r − 1).

D ´e m o n s t r a t i o n. Soit W le sous-espace vectoriel de C

d

sur C en-

gendr´e par Q

d

∩ Ker ϕ. C’est le plus grand sous-espace de C

d

, rationnel

sur Q, qui soit contenu dans Ker ϕ. On note d

1

la codimension de W dans

C

d

et on choisit d

1

´el´ements de Q

d

lin´eairement ind´ependants modulo W .

Leurs images par la surjection canonique C

d

→ C

d

/W donnent une base de

C

d

/W , ce qui fournit une surjection π : C

d

→ C

d1

de noyau W v´erifiant

π(Q

d

) = Q

d1

. Soit e ϕ : C

d1

→ C la forme lin´eaire d´eduite par passage au

(7)

quotient de ϕ. Comme W a ´et´e choisi maximal, le noyau Ker e ϕ = π(Ker ϕ) de e ϕ ne contient pas d’´el´ement non nul de Q

d1

. On ´ecrit

e

ϕ(z) = ϑ

1

z

1

+ . . . + ϑ

d1

z

d1

, z = (z

1

, . . . , z

d1

) ∈ C

d1

.

D’autre part, on choisit une base ξ

1

, . . . , ξ

r

du Q-espace vectoriel engendr´e par ϕ(Y ). On d´esigne d’abord par ψ l’homomorphisme de groupes addi- tifs de Y dans Q

r

qui envoie y ∈ Y sur les composantes de ϕ(y) dans la base ξ

1

, . . . , ξ

r

. On d´esigne ensuite par e Y l’image de Y dans C

r+d1

par l’application y 7→ (ψ(y), π(y)). On d´esigne enfin par V l’hyperplan de C

r+d1

d’´equation

ξ

1

z

1

+ . . . + ξ

r

z

r

= ϑ

1

z

r+1

+ . . . + ϑ

d1

z

r+d1

.

On a V ∩ (Q

r

× {0}

d1

) = {0} car ξ

1

, . . . , ξ

r

sont lin´eairement ind´ependants sur Q, et V ∩ ({0}

r

× Q

d1

) = {0} car V ∩ ({0}

r

× C

d1

) = {0}

r

× Ker e ϕ. Par cons´equent, on peut appliquer le th´eor`eme 2.1 avec d

0

= r :

dim

Q

(V ∩ (Q

r

× L

d1

)) ≤ d

1

(d

1

+ r − 1).

On remarque pour terminer que e Y est un sous-groupe de C

r+d1

qui satisfait rang

Z

Y ≥ rang e

Z

π(Y ) et Y ⊂ V ∩ (Q e

r

× L

d1

),

donc

rang

Z

(Y /Y ∩ W ) ≤ rang

Z

Y ≤ dim e

Q

(V ∩ (Q

r

× L

d1

)) ≤ d

1

(d

1

+ r − 1).

D ´e m o n s t r a t i o n d u t h ´e o r `e m e 1.1. Sous les hypoth`eses du corol- laire 2.2, si le sous-groupe Y poss`ede la propri´et´e (IL), alors son rang l est born´e par

(2.3) l ≤ d(d + r − 1).

On obtient la partie (a) du th´eor`eme 1.1 en prenant r = 0 et la partie (c) en prenant r = 1.

R e m a r q u e. De la partie (a) du th´eor`eme 1.1 on d´eduit le th´eor`eme des six exponentielles de Lang et Ramachandra ([8], chap. II, §1, th. 1 et [10], p. 67). De mˆeme le th´eor`eme de Gel’fond–Schneider ([6], chap. III,

§2 et [17], chap. II, th. 14) r´esulte de la partie (c) du th´eor`eme 1.1. En

prenant d = 1 dans (2.3) on obtient la version homog`ene du th´eor`eme de

Baker [1], chap. 2, th. 2.1 : des ´el´ements Q-lin´eairement ind´ependants de L

sont Q-lin´eairement ind´ependants. Pour obtenir la version non homog`ene

de ce mˆeme th´eor`eme : toute combinaison lin´eaire non nulle d’´el´ements de

L `a coefficients alg´ebriques est transcendante, il faut faire intervenir des

d´erivations, ce que permet la version plus g´en´erale du th´eor`eme du sous-

groupe lin´eaire (th´eor`eme 4.1 de [21], ou bien les variantes de [13]). A ce

propos, on peut donner une d´emonstration “duale” du corollaire 2.2, util-

isant le groupe alg´ebrique G

lm

, avec l = rang

Z

Y , o` u on remplace les facteurs

(8)

G

ra

par r d´erivations. Pour cela on consid`ere, dans l’espace tangent C

l

, le sous-groupe de rang d engendr´e par les vecteurs lignes de la matrice dont les vecteurs colonnes sont les composantes d’une base de Y sur Z. On con- sid`ere aussi le sous-espace vectoriel de C

l

, rationnel sur Q, de dimension r, engendr´e par les vecteurs lignes de la matrice dont les colonnes sont les com- posantes de ξ

1

, . . . , ξ

r

. Quand on se restreint `a la situation du corollaire 1.5, cette d´emonstration duale s’apparente `a la m´ethode de Gel’fond, tandis que celle que nous avons donn´ee est plus proche du point de vue de Schneider dans sa solution du septi`eme probl`eme de Hilbert.

En utilisant le th´eor`eme de Kronecker cit´e dans le premier paragraphe, on d´eduit du corollaire 2.2 le r´esultat de densit´e suivant :

Corollaire 2.4. Soit Y un sous-groupe de (L ∩ R)

d

. On suppose que pour tout entier d

1

≥ 1 et tout sous-espace vectoriel W de R

d

rationnel sur Q de codimension d

1

, on a

rang

Z

(Y /Y ∩ W ) ≥ d

1

(d

1

− 1) + 2.

Alors Y est dense dans R

d

.

Dans ce corollaire 2.4, la condition sur le rang de Y /Y ∩ W n’est pro- bablement pas optimale, mais elle est naturelle : actuellement les m´ethodes de transcendance ne permettent pas d’´etablir la densit´e dans R

d

d’un sous- groupe contenu dans (L ∩ R)

d

de rang < d(d − 1) + 2, mˆeme s’il poss`ede la propri´et´e (IL).

D ´e m o n s t r a t i o n. Soit Y un sous-groupe de (L ∩ R)

d

qui n’est pas dense. D’apr`es le th´eor`eme de Kronecker, il existe une forme lin´eaire non nulle ϕ : R

d

→ R telle que ϕ(Y ) soit de rang < 2 sur Z. Si l est le rang de Y , alors celui l

0

du sous-groupe Y

0

= Y ∩ Ker ϕ v´erifie l

0

> l − 2. Le corollaire 2.2 avec r = 0 donne l’existence d’un sous-espace vectoriel W de C

d

, de codimension d

1

≥ 1, rationnel sur Q, tel que

rang

Z

(Y

0

/Y

0

∩ W ) ≤ d

1

(d

1

− 1).

Alors on a

rang

Z

(Y ∩ W ) ≥ rang

Z

(Y

0

∩ W ) ≥ l

0

− d

1

(d

1

− 1) > l − d

1

(d

1

− 1) − 2, donc

rang

Z

(Y /Y ∩ W ) < d

1

(d

1

− 1) − 2.

3. Lemme de transfert

(a) Une version quantitative du th´eor`eme de Kronecker . On va utiliser

une version quantitative d’un th´eor`eme de Kronecker. Rappelons d´ej`a la

version qualitative — voir [3]; voir aussi [23], chap. II, §4, ainsi que les

travaux de D. Roy [11] et [12] sur les sous-groupes minimaux. Soient m et

(9)

n deux entiers positifs, et soient ϑ

ji

(1 ≤ j ≤ n, 1 ≤ i ≤ m) des nombres r´eels. On pose

γ

i

= (ϑ

1i

, . . . , ϑ

ni

) ∈ R

n

(1 ≤ i ≤ m) et

δ

j

= (ϑ

j1

, . . . , ϑ

jm

) ∈ R

m

(1 ≤ j ≤ n).

Ainsi

Γ = Z

n

+ Zγ

1

+ . . . + Zγ

m

⊂ R

n

et ∆ = Z

m

+ Zδ

1

+ . . . + Zδ

n

⊂ R

m

sont les sous-groupes engendr´es par les vecteurs colonnes des matrices

1 . . . 0 ϑ

11

. . . ϑ

1m

.. . . .. ... ... ... .. . 0 . . . 1 ϑ

n1

. . . ϑ

nm

 et

1 . . . 0 ϑ

11

. . . ϑ

n1

.. . . .. ... .. . . .. .. . 0 . . . 1 ϑ

1m

. . . ϑ

nm

 .

D’apr`es Kronecker, Γ est dense dans R

n

si et seulement si ∆ est de rang n + m sur Z. Un lemme de transfert de Khinchine permet de pr´eciser ce r´esultat de la mani`ere suivante (comparer avec le lemme 5.1 de [18]).

Lemme 3.1. Soient ϑ

ji

(1 ≤ j ≤ n, 1 ≤ i ≤ m) des nombres r´eels, T et S des nombres r´eels positifs avec T > 1.

(i) On pose η = 2

−n−m

((n+m)!)

2

et on suppose que pour tout (s

1

, . . . , s

n

)

∈ Z

n

\ {0} v´erifiant max

1≤j≤n

|s

j

| ≤ S, on a ks

1

δ

1

+ . . . + s

n

δ

n

k ≥ ηT

−1

.

Alors pour tout ζ ∈ R

n

, il existe (t

1

, . . . , t

m

) ∈ Z

m

v´erifiant max

1≤i≤m

|t

i

|

≤ T , et tel que

kζ − t

1

γ

1

− . . . − t

m

γ

m

k ≤ ηS

−1

.

(ii) On suppose que pour tout ζ ∈ R

n

, il existe (t

1

, . . . , t

m

) ∈ Z

m

v´erifiant max

1≤i≤m

|t

i

| ≤ T , et

kζ − t

1

γ

1

− . . . − t

m

γ

m

k ≤ 1 2(n + m)S .

Alors pour tout (s

1

, . . . , s

n

) ∈ Z

n

\ {0} v´erifiant max

1≤j≤n

|s

j

| ≤ S, on a ks

1

δ

1

+ . . . + s

n

δ

n

k ≥ 1

2(n + m)T . On a not´e k · k :

• la distance `a Z

m

dans l’hypoth`ese de (i) et dans la conclusion de (ii),

• la distance `a Z

n

dans l’hypoth`ese de (ii) et dans la conclusion de (i).

C’est surtout la partie (i) qui nous sera utile : elle ram`ene la question de densit´e effective `a un probl`eme d’approximation diophantienne homog`ene.

La partie (ii) montre qu’il y a en fait ´equivalence entre les deux questions,

`a des constantes explicites pr`es.

(10)

La d´emonstration du lemme 3.1 utilise un lemme de transfert de Khin- chine pour les formes lin´eaires L

1

, . . . , L

n

, M

1

, . . . , M

m

d´efinies par

L

j

(x) = X

m i=1

ϑ

ji

x

i

(1 ≤ j ≤ n) et M

i

(u) = X

n j=1

ϑ

ji

u

j

(1 ≤ i ≤ m).

Lemme 3.2. Soient C > 0 et X > 1 des nombres r´eels. Soit ζ =

1

, . . . , ζ

n

) ∈ R

n

.

(A) Une condition n´ecessaire pour qu’il existe t ∈ Z

m

v´erifiant

(3.3) max

1≤j≤n

kL

j

(t) − ζ

j

k ≤ C et max

1≤i≤m

|t

i

| ≤ X est que l’in´egalit´e

(3.4) ks

1

ζ

1

+ . . . + s

n

ζ

n

k ≤ γ max{X max

1≤i≤m

kM

i

(s)k; C max

1≤j≤n

|s

j

|}

soit satisfaite pour tout s ∈ Z

n

avec γ = m + n.

(B) Une condition suffisante pour qu’il existe t ∈ Z

m

v´erifiant (3.3) est que l’in´egalit´e (3.4) soit satisfaite pour tout s ∈ Z

n

avec γ = 1/(2η).

D ´e m o n s t r a t i o n. Ce lemme 3.2 n’est autre que le th´eor`eme XVII du chapitre V, §8 de [3].

D ´e m o n s t r a t i o n d u l e m m e 3.1. Pour d´emontrer l’assertion (i), on utilise la partie (B) du lemme 3.2, avec C = ηS

−1

et X = T . Soit ζ ∈ R

n

. Comme on a (L

j

(t))

1≤j≤n

= t

1

γ

1

+ . . . + t

m

γ

m

dans R

n

, il suffit de v´erifier, pour tout s = (s

1

, . . . , s

n

) ∈ Z

n

,

ksζk ≤ 1

max{X max

1≤i≤m

kM

i

(s)k; C max

1≤j≤n

|s

j

|},

o` u sζ d´esigne le nombre r´eel s

1

ζ

1

+ . . . + s

n

ζ

n

. Cette in´egalit´e est vraie pour s = 0. Comme ksζk ≤ 1/2, elle est aussi trivialement v´erifi´ee pour les s ∈ Z

n

tels que max

1≤j≤n

|s

j

| > S. Il ne reste plus qu’`a consid´erer les s ∈ Z

n

pour lesquels 0 6= max

1≤j≤n

|s

j

| ≤ S, et pour ceux-l`a on applique l’hypoth`ese (i) qui donne

1≤i≤m

max kM

i

(s)k ≥ η/X.

Pour montrer (ii), on raisonne par l’absurde : supposons qu’il existe (s

1

, . . . , s

n

) ∈ Z

n

v´erifiant 0 < max

1≤j≤n

|s

j

| ≤ S et

ks

1

δ

1

+ . . . + s

n

δ

n

k < 1 2(n + m)T .

On choisit ζ ∈ R

n

tel que ksζk = 1/2, et on utilise la partie (A) du lemme 3.2, avec C = (2(n + m)S)

−1

et X = T : il n’existe pas de (t

1

, . . . , t

m

) ∈ Z

m

v´erifiant max

1≤i≤m

|t

i

| ≤ T et

1≤j≤n

max kL

j

(t) − ζ

j

k ≤ C.

(11)

R e m a r q u e. Le th´eor`eme de Dirichlet ([3], chap. I, th. VI, [16], chap. 2, th. 1E) montre que pour tout S r´eel > 1, il existe (s

1

, . . . , s

n

) ∈ Z

n

v´erifiant 0 < max

1≤i≤n

|s

i

| ≤ S, et

ks

1

δ

1

+ . . . + s

n

δ

n

k ≤ S

−n/m

.

Donc l’hypoth`ese de l’assertion (i) du lemme 3.1 ne peut pas ˆetre v´erifi´ee avec un nombre T inf´erieur `a ηS

n/m

. On v´erifie ´egalement, grˆace au principe des tiroirs, que pour tout entier T ≥ 1, il existe ζ ∈ R

n

tel que, pour tout (t

1

, . . . , t

m

) ∈ Z

m

v´erifiant max

1≤j≤m

|t

j

| ≤ T , on ait

kζ − t

1

γ

1

− . . . − t

m

γ

m

k ≥ 1

2 (2T + 1)

−m/n

.

Par cons´equent, si l’hypoth`ese de la condition (ii) du lemme 3.1 est v´erifi´ee, alors

S ≤ 1

n + m (2T + 1)

m/n

.

Soient E un R-espace vectoriel norm´e de dimension n et soit Ω un r´eseau de E. On note E

= Hom

R

(E, R) l’espace vectoriel dual de E, et Ω

= {ϕ ∈ E

: ϕ(Ω) ⊂ Z} le r´eseau dual de Ω (cf. [2], chap. 7, §1, n

3). Il r´esulte du th´eor`eme de Kronecker qu’un sous-groupe de type fini Y de E contenant Ω est dense dans E si et seulement si, pour tout ϕ ∈ Ω

non nul, on a ϕ(Y ) 6⊂ Z. Nous allons donner une version quantitative de cet ´enonc´e. On fixe un entier m ≥ 1 et on pose encore η = 2

−n−m

((n + m)!)

2

.

L’´enonc´e qui suit fait intervenir une fonction r´eelle de variable r´eelle F , d´efinie et continue sur un intervalle [S

0

, ∞) de R

+

, `a valeurs > 1/η. On suppose F strictement croissante et non born´ee : lim

S→∞

F (S) = ∞. On d´esigne par F

−1

la bijection r´eciproque de F , on pose T

0

= ηF (S

0

) et on d´efinit une fonction G, continue et croissante sur l’intervalle [T

0

, ∞) et `a valeurs r´eelles positives, par

G(T ) = F

−1

(T /η) η P

n

j=1

j

| .

Lemme 3.5. Soient S

0

un nombre r´eel positif et F : [S

0

, ∞) → R

+

une fonction continue, strictement croissante, non born´ee, `a valeurs > 1/η.

Soient ω

1

, . . . , ω

n

des ´el´ements de Ω lin´eairement ind´ependants (sur Z ou sur R, c’est ´equivalent), et soient y

1

, . . . , y

m

des ´el´ements de E. On suppose que pour tout ϕ ∈ Ω

non nul, si on pose

S = max{|ϕ(ω

1

)|, . . . , |ϕ(ω

n

)|; S

0

}, on a

1≤i≤m

max kϕ(y

i

)k ≥ 1/F (S).

(12)

Alors pour tout x ∈ E et pour nombre r´eel T ≥ T

0

, il existe ω ∈ Ω et (t

1

, . . . , t

m

) ∈ Z

m

v´erifiant

max{|t

1

|, . . . , |t

m

|} ≤ T et |x − ω − t

1

y

1

− . . . − t

m

y

m

| ≤ 1/G(T ).

En posant ε

0

= S

−10

η P

n

j=1

j

|, on peut ´ecrire la conclusion sous la forme suivante : pour tout x ∈ E et pour tout ε dans l’intervalle 0 < ε < ε

0

, il existe ω ∈ Ω et (t

1

, . . . , t

m

) ∈ Z

m

v´erifiant

|x − ω − t

1

y

1

− . . . − t

m

y

m

| ≤ ε avec

max{|t

1

|, . . . , |t

m

|} ≤ ηF (S), o`u S = ε

−1

η X

n j=1

j

|.

D ´e m o n s t r a t i o n. Pour d´emontrer le lemme 3.5, on ´ecrit y

1

, . . . , y

m

dans la base ω

1

, . . . , ω

n

de E : y

i

=

X

n j=1

ϑ

ji

ω

j

(1 ≤ i ≤ m).

On va utiliser la partie (i) du lemme 3.1. Soit S un nombre r´eel ≥ S

0

et soit s ∈ Z

n

v´erifiant 0 < max

1≤j≤n

|s

j

| ≤ S. On d´efinit ϕ ∈ Ω

par ϕ(ω

j

) = s

j

(1 ≤ j ≤ n). Alors

ϕ(y

i

) = X

n j=1

ϑ

ji

s

j

(1 ≤ i ≤ m).

On a par hypoth`ese

1≤i≤m

max

X

n j=1

ϑ

ji

s

j

≥ 1/F (S),

ce qui permet d’appliquer le lemme 3.1. Soit x ∈ E, soit T un nombre r´eel ≥ T

0

, et soit S le nombre r´eel d´efini par F (S) = T /η. On ´ecrit x = ζ

1

ω

1

+ . . . + ζ

n

ω

n

avec (ζ

1

, . . . , ζ

n

) ∈ R

n

. Alors il existe t ∈ Z

m

v´erifiant max

1≤i≤m

|t

i

| ≤ T et

1≤j≤n

max ζ

j

X

m i=1

ϑ

ji

t

i

≤ η/S.

Autrement dit, il existe a = (a

1

, . . . , a

n

) ∈ Z

n

tel que

1≤j≤n

max

ζ

j

− a

j

X

m i=1

t

i

ϑ

ji

≤ η/S.

On pose alors ω = a

1

ω

1

+ . . . + a

n

ω

n

et on utilise la relation η

S X

n j=1

j

| = 1

G(T ) .

(13)

R e m a r q u e s. 1. Si l’hypoth`ese du lemme 3.5 est vraie pour une fonction F , alors elle est encore vraie pour toute fonction qui majore F . Ainsi il est quelquefois plus simple d’´enoncer la conclusion non pas pour la fonction G elle mˆeme, mais pour une fonction minorant G.

2. Plusieurs types de fonctions F interviendront.

• Le cas le plus favorable est celui o` u l’hypoth`ese est vraie avec F (S) = cS

κ

pour S ≥ S

0

(o` u S

0

, c et κ sont trois constantes);

l’exposant κ est alors n´ecessairement ≥ n/m. Dans ce cas on a G(T ) = c

0

T

θ

pour T ≥ T

0

avec θ = 1/κ et deux autres constantes T

0

et c

0

. En particulier on a θ ≤ m/n. Dans ces circonstances, le nombre θ + 1 est le coefficient de densit´e de [19], chap. I, §3; il est major´e par l/n, o` u l est le rang de Ω + Y sur Z. Le lemme 1.3.7 de [19] donne une majoration de ce coefficient introduisant des condi- tions alg´ebriques (comparer `a l’hypoth`ese du corollaire 2.4), et non diophantiennes, sur la r´epartition de Ω + Y dans R

n

.

• Si l’hypoth`ese du lemme 2.3 est satisfaite pour une fonction F (S) = exp{c(log S)

κ

} avec κ ≥ 1, alors la conclusion est vraie pour une fonction G de la forme G(T ) = exp{c

0

(log T )

θ

} pour T ≥ T

0

, avec θ = 1/κ.

• Enfin, dans les cas moins favorables, on aura seulement F (S) = exp(cS

κ

), avec κ > 0, donc G(T ) = c

0

(log T )

θ

avec θ = 1/κ.

(b) Variante r´eelle du lemme de transfert. Le lemme 3.5 est bien adapt´e au cas o` u l’espace r´eel ambiant contient un r´eseau apparaissant de fa¸con naturelle. Quand il n’y a pas de r´eseau naturel, on peut appliquer la variante suivante, dans laquelle | · | d´esigne la norme |x| = max

1≤i≤n

|x

i

| sur R

n

.

Lemme 3.6. Soient y

1

, . . . , y

l

des ´el´ements de R

n

, S

0

un nombre r´eel positif et F : [S

0

, ∞) → R

+

une fonction r´eelle de variable r´eelle, continue, croissante et non born´ee. On suppose que pour toute forme lin´eaire φ ∈ Hom

R

(R

n

, R) satisfaisant N(φ) ≥ S

0

, on a

1≤j≤l

max kφ(y

j

)k ≥ 1/F (S) avec S = N(φ).

Sous ces hypoth`eses il existe des constantes T

0

, C

1

et C

2

positives telles que, si on pose G(T ) = C

1

F

−1

(C

2

T ) pour T ≥ T

0

, alors pour tout x ∈ R

n

et tout T ≥ T

0

(1 + |x|), le syst`eme d’in´equations

1≤j≤l

max |t

j

| ≤ T et |x − t

1

y

1

− . . . − t

l

y

l

| ≤ 1/G(T ) admet une solution t ∈ Z

l

.

D ´e m o n s t r a t i o n. Le sous-groupe Y = Zy

1

+ . . . + Zy

l

est dense dans

R

n

: en effet, l’hypoth`ese implique que pour tout ϕ ∈ Hom

R

(R

n

, R), ϕ 6= 0,

on a ϕ(Y ) 6⊂ Z. En particulier, {y

1

, . . . , y

l

} contient une base de R

n

. Il n’y

(14)

a donc pas de restriction `a supposer que y

l−n+1

, . . . , y

l

sont lin´eairement ind´ependants sur R. On pose m = l − n, ω

i

= y

m+i

(1 ≤ i ≤ n) et Ω =

1

+ . . . + Zω

n

. Comme Ω

est un r´eseau de Hom

R

(R

n

, R), il existe un nombre r´eel c

7

> 0 tel que, pour tout ´el´ement non nul ϕ de Ω

, on ait N(ϕ) ≥ c

7

. Soit N

0

un entier positif v´erifiant N

0

≥ S

0

/c

7

.

On va utiliser le lemme 3.5. Pour en v´erifier l’hypoth`ese, on consid`ere un

´el´ement non nul ϕ de Ω

, et on pose φ = N

0

ϕ. Alors le nombre S := N(φ) = N

0

N(ϕ) satisfait S ≥ S

0

. On a aussi S ≤ c

8

max

1≤i≤n

|ϕ(ω

i

)|, avec une constante c

8

qui ne d´epend que de y

1

, . . . , y

l

. On pose encore e S

0

= c

−18

S

0

, S = max{|ϕ(ω e

1

)|, . . . , |ϕ(ω

n

)|, e S

0

} et on d´efinit une fonction e F : [ e S

0

, ∞) → R

+

par e F ( e S) = N

0

F (c

8

S). Alors e

1≤j≤l

max kϕ(y

j

)k = N

0−1

max

1≤j≤l

kφ(y

j

)k ≥ 1

N

0

F (S) 1

N

0

F (c

8

S) e = 1 F ( e e S) . Les hypoth`eses du lemme 3.5 sont donc v´erifi´ees pour la fonction e F . Par cons´equent, il existe une constante c

9

≥ 1 telle que, pour tout T

1

≥ c

9

et tout x ∈ R

n

, il existe t ∈ Z

l

avec

1≤j≤m

max |t

j

| ≤ T

1

et |x − t

1

y

1

− . . . − t

l

y

l

| ≤ 1/ e G(T

1

), avec une fonction e G de la forme

G(T e

1

) = c

10

F e

−1

(c

11

T

1

).

On majore max

m+1≤j≤l

|t

j

| par c

12

(T

1

+ |x|) et on pose T

0

= 2c

9

c

12

. Pour T ≥ T

0

(1 + |x|), on peut appliquer ce qui vient d’ˆetre d´emontr´e avec T

1

= T /2c

12

. On obtient ainsi le r´esultat annonc´e avec C

1

= c

10

et C

2

= c

11

/(2c

12

).

(c) Variante complexe du lemme de transfert. Soient r

1

et r

2

des entiers

≥ 0 avec (r

1

, r

2

) 6= (0, 0). On pose n = r

1

+ r

2

et d = r

1

+ 2r

2

. Pour ξ ∈ R

r1

×C

r2

on pose |ξ| = max

1≤i≤n

i

|. On d´esigne enfin par z le complexe conjugu´e de z ∈ C.

L’´enonc´e suivant g´en´eralise le lemme 3.6 (qui correspond au cas r

2

= 0, n = d = r

1

); c’est un analogue quantitatif de la variante complexe du th´eor`eme de Kronecker de [22], th. 5.1 (voir aussi [23], chap. II, §6).

Pour σ = (σ

1

, . . . , σ

n

) ∈ R

r1

× C

r2

, on d´efinit ψ

σ

: R

r1

× C

r2

→ R par ψ

σ

(ξ) = σ

1

ξ

1

+ . . . + σ

n

ξ

n

+ σ

r1+1

ξ

r1+1

+ . . . + σ

n

ξ

n

.

Proposition 3.7. Soient y

1

, . . . , y

l

des ´el´ements de R

r1

× C

r2

et F : [S

0

, ∞) → R

+

une fonction r´eelle de variable r´eelle, continue, croissante et non born´ee. On suppose que, pour tout σ = (σ

1

, . . . , σ

n

) ∈ R

r1

× C

r2

v´erifiant

S := max{|σ

1

|, . . . , |σ

n

|} ≥ S

0

,

(15)

on a

1≤j≤l

max

σ

(y

j

)k ≥ 1/F (S).

Il existe des constantes T

0

, C

1

et C

2

positives poss´edant la propri´et´e sui- vante : si on pose G(T ) = C

1

F

−1

(C

2

T ) pour T ≥ T

0

, alors pour tout ξ ∈ R

r1

× C

r2

et tout T ≥ T

0

(1 + |ξ|), le syst`eme d’in´equations

1≤j≤l

max |t

j

| ≤ T et |ξ − t

1

y

1

− . . . − t

l

y

l

| ≤ 1/G(T ) admet une solution t ∈ Z

l

.

D ´e m o n s t r a t i o n. On d´esigne par E l’espace vectoriel r´eel norm´e R

r1

× C

r2

. On d´efinit une application R-lin´eaire θ : E → R

r1

× C

2r2

par θ(x, z) = (x, z, z) et un isomorphisme R-lin´eaire χ : E → R

d

par χ(x, z) = (x, <(z), =(z)). On d´efinit encore e y

j

= χ(y

j

) (1 ≤ j ≤ l). On va v´erifier l’hypoth`ese du lemme 3.6 (avec n remplac´e par d) pour le sous- groupe de R

d

engendr´e par e y

1

, . . . , e y

l

. Pour cela, soit φ une forme lin´eaire non nulle dans Hom

R

(R

d

, R). On d´esigne par (e

1

, . . . , e

d

) la base canonique de R

d

, on pose e σ

i

= φ(e

i

) (1 ≤ i ≤ d) et on d´efinit σ = (σ

1

, . . . , σ

n

) ∈ E par

σ

ν

=

 e σ

ν

pour 1 ≤ ν ≤ r

1

,

1

2

(e σ

ν

− ie σ

r2

) pour r

1

< ν ≤ n, de sorte que ψ

σ

= φ ◦ χ.

L’hypoth`ese de la proposition 3.7 concernant max

1≤j≤l

σ

(e y

j

)k per- met donc de v´erifier l’hypoth`ese correspondante du lemme 3.6 portant sur max

1≤j≤l

kφ(y

j

)k. On d´eduit du lemme 3.6 l’existence de constantes e C

1

, C

2

et T

0

telles que, si on pose e G(T ) = e C

1

F

−1

(C

2

T ) pour T ≥ T

0

, alors pour tout ξ ∈ E et pour tout T ≥ T

0

(1 + |x|) avec x = χ(ξ), le syst`eme d’in´equations

1≤j≤l

max |t

j

| ≤ T et |x − t

1

y e

1

− . . . − t

l

y e

l

| ≤ 1/ e G(T ) admet une solution t ∈ Z

l

. On prend C

1

= e C

1

/

2, de sorte que G(T ) = G(T )/ e

2, et on peut conclure, pour T ≥ T

0

(1 + |ξ|),

|ξ − t

1

y

1

− . . . − t

l

y

l

| ≤

2/ e G(T ) = 1/G(T ).

4. Approximation diophantienne sur les tores. Ce paragraphe est consacr´e `a la d´emonstration du th´eor`eme 1.2 et `a celle du corollaire 1.3.

Commen¸cons par une remarque concernant l’hypoth`ese d ≥ 2 du th´eo-

r`eme 1.2. Pour d = 1 on peut ´ecrire ϕ(z) = λz avec un nombre complexe

non nul λ de module N(ϕ). Comme l ≥ d

2

− d + 1 = 1 et que y

1

, . . . , y

l

sont

lin´eairement ind´ependants, on a y

j

6= 0 pour 1 ≤ j ≤ l. Posons α

j

= e

yj

.

L’in´egalit´e de Liouville entraˆıne, pour 1 ≤ j ≤ l, soit α

j

= 1, soit |α

j

− 1| ≥

(16)

2(2e

h(αj)

)

−D

. Comme y

j

6= 0, on en d´eduit |y

j

| ≥ (2e

h(αj)

)

−D

, ce qui donne (4.1) |ϕ(y

j

)| ≥ N(ϕ)2

−D

A

−D

(1 ≤ j ≤ l).

Cette in´egalit´e est l´eg`erement moins pr´ecise que ce que donnerait le th´eor`eme 1.2 avec κ

0

= 1 et c

0

= l. C’est pourquoi nous avons suppos´e d ≥ 2. Si, pour d = 1, on impose A ≥ 2, alors la conclusion du th´eor`eme 1.2 est encore vraie avec κ

0

= κ

0

(1, l) = 1 et c

0

= c

0

(1, l) = 2.

Voici comment interviendra la condition (IL). Soit d un entier positif.

On d´esigne par G le groupe alg´ebrique G

dm

et par exp

G

son application exponentielle. En identifiant l’espace tangent `a l’origine de G(C) `a C

d

, on

´ecrit

exp

G

: C

d

→ (C

×

)

d

, (z

1

, . . . , z

d

) 7→ (e

z1

, . . . , e

zd

).

Lemme 4.2. Soit Y un sous-groupe de type fini de C

d

poss´edant la pro- pri´et´e (IL). Si G

est un sous-groupe alg´ebrique connexe de G, distinct de G, tel que Y ∩ exp

−1G

(G

(C)) 6= {0}, alors la codimension de G

dans G est 1, et

rang

Z

(Y ∩ exp

−1G

(G

(C))) ≤ 1.

R e m a r q u e. Notons Γ = exp

G

Y ⊂ (C

×

)

d

. L’image par exp

G

de Y ∩ exp

−1G

(G

(C)) est Γ ∩ G

(C), donc

rang

Z

(Γ ∩ G

(C)) ≤ rang

Z

(Y ∩ exp

−1G

(G

(C))).

En particulier, la condition Γ ∩ G

(C) 6= {1} entraˆıne Y ∩ exp

−1G

(G

(C)) 6= {0}.

D ´e m o n s t r a t i o n d u l e m m e 4.2. Les hypoth`eses du lemme 4.2 impliquent clairement d ≥ 2. On d´esigne par Ω = (2iπZ)

d

le noyau de exp

G

. Comme Y poss`ede la propri´et´e (IL), on a Y ∩ Ω = {0}. L’espace tangent `a l’origine de G

est un sous-espace de celui de G; on a identifi´e les points complexes du second `a C

d

; ceux du premier forment alors un sous-espace W de C

d

, rationnel sur Q, de dimension dim

C

W = dim G

. De plus, G

´etant connexe, on a exp

−1G

(G

(C)) = W + Ω.

Soit y ∈ Y ∩ (W + Ω) : il existe ω ∈ Ω tel que y + ω ∈ W . Alors y appartient `a W + Cω, qui est un sous-espace vectoriel de C

d

rationnel sur Q. Si G

est de codimension > 1 dans G, alors W + Cω 6= C

d

, donc y = 0. Si G

est de codimension 1 et si y

1

et y

2

sont deux ´el´ements de Y ∩ (W + Ω), on ´ecrit, pour j = 1 et j = 2,

y

j

+ ω

j

∈ W avec ω

j

∈ Ω.

Etant donn´e que W est rationnel sur Q, le Z-module Ω/Ω ∩ W est de

rang 1. Par cons´equent, il existe s = (s

1

, s

2

) ∈ Z

2

, s 6= (0, 0), tel que

s

1

ω

1

+ s

2

ω

2

∈ Ω ∩ W . Alors s

1

y

1

+ s

2

y

2

∈ Y ∩ W = {0}, et finalement

s

1

y

1

+ s

2

y

2

= 0.

Cytaty

Powiązane dokumenty

La partie 2 est con- sacr´ee `a des rappels de g´eom´etrie des nombres, qui nous sont utiles dans la d´emonstration de notre r´esultat principal, le Th´eor`eme 4, pr´esent´ee dans

Soient K un corps de nombres et θ un entier alg´ ebrique de module &gt; 1 et de polynˆ ome minimal Irr(θ, K, z) sur K.. Berg´ e

Dans le deuxi`eme paragraphe, nous donnons une g´en´eralisation de l’algorithme de Schur au cas des fonctions rationnelles f sur un corps de nombres totalement r´eel, ayant un

On dit que τ est un j-Salem (resp. On d´efinit comme dans la proposition 2.1 la courbe alg´ebrique C. Soit P un polynˆome de degr´e s `a coefficients r´eels. D´efinissons

Nous avons ´etudi´e ce probl`eme dans un cadre un peu plus g´en´eral en d´efinissant des fonctions g´en´eralisant la borne N (d) de Carlitz et c’est l’´etude de ces derni`eres

Le d´eveloppement r´ecent de cette m´ethode est bas´e sur des outils g´eom´etrico-alg´ebriques tels que les lemmes de z´eros (cf. [P 2 ], par exemple) et les

Le fait que dans une situation param´ etr´ ee on peut d´ ecouper l’espace en un nombre fini de morceaux semi-alg´ ebriques pour lesquels l’exposant de Lojasiewicz est constant,

Ce r´ esultat per- met de d´ eduire de fa¸con imm´ ediate (en utilisant un lemme de topologie g´ en´ erale) plusieurs th´ eor` emes de minimax bien connus.. Soient X et Y