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Pologne Litteraire : revue mensuelle. A. 4, 1929, nr 35-36 (15 août – 15 septembre)

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La numéro, 43 centimes suisses (80 groszy)

O

O G N

LITTERAIRE

D ire ctio n :

V arsovie,

Z lota

8

, tél. 132-82;

adm inistration, publi­

cité:

B o d u e n a

1

,

tel. 223-04

S u ccu rsale d 'a d m in i­

stration:

Paris,

123

boul.

St.

Germ ain,

Libraire G e b e t h n e r

et W o l f f

A bon n em en t d 'u n an:

4 francs suisses

R

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V

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L

E

Nr. 3 5 — 36

Varsovie, 15 août—15 septembre 1929

Quatrième année

Le petit roman de llapoléon et le roman de sa jeunesse

Un su p erb e volu m e in fo lio , relié aux i une b ou tiq u e p op u la ire et, le soir, d'un ! tite P rov en ça le, a u x y eu x bruns, très d ou x arm es de L 'E m pereu r N a p oléon : les p a - | m aigre d în er chez un traiteu r à vin gt cin q et au petit nez retroussé, ca pricieu se et

en p a p ier d e H olla n d e, im prim ées d e j sols '; ..G énéral en disgrâce, déchu, m a l­ textes polon a is et fr a n ç a is " ). En h o r s - j mené, il se ron geait dans la solitu de, te x te des feu illes de p a p ier de ch a n cel ! l'hu m iliation et 1 in action "... C 'est l'é p o

-W A L E N T Y -W A N K O -W 1 C Z : N a p oléon (M u s é e N ation al à V a rsov ie) lerie du X V I I I -e siècle, jau nâtre ou gris-

bleu, des b rou illon s cou verts d'u n e é cri­

tu re hâtive, im patiente, nerveuse, d e ­

va n cée sans cesse p a r l'éla n d e la pensé* et ch erchan t en vain à la re join d re, d 'u n e écritu re p lein e d e correction s, de passages b iffés, d'a b révia tion s énigm ati­ ques. C 'est l'écritu re d e N a p oléon B o n a ­ parte, un N a p oléon de vingt et quelqu es années, capitaine, ch ef de b a ta illon , g é ­ néral d e b riga d e; ce sont les écrits de

ta jeunesse. U n P olon a is, le com te T ytu s

D zia lyn sk i, dans son cu lte p ou r la m é­ m oire du gran d E m pereu r des F ran çais, réussit à acheter, il y a plu s de cen t ans bientôt, sans d ou te au d octeu r A n tom - m archi, le p récieu x v olu m e des m anuscrits

de N a p oléon . D é p o s é au château de

K ôrn ik en G ra n d e P o lo g n e , ce volu m e fut ou blié. Lon gtem ps il resta ign oré des savants. Ce n 'est que peu d e tem ps avant la G ra n d e G u erre q u e l'illu stre historien p olon a is, le professeu r S zym on A sk en a zy, parvint à le retrou ver et à d éch iffrer les textes don t il sut a p p récier la portée scien tifique. Ces textes cités d é jà dans son oeu vre: „N a p o lé o n et la P o lo g n e " (é d ition fra n ça ise 1925), paraissent m ain ­

tenant en éd ition com plète. Ils sont

a ccom pa gn és des fa c-sim ilés des pages les plu s précieu ses et d'un com m entaire p olon a is et français tout à fait m agistral, succinct, m ais égalant par son im portan ce des volu m es entiers.

C e livre se com p ose de notes et de lettres écrites d e 1793 à 1795. C 'est l'é p o ­ que où N a p oléon lu ttait en core en son lie n atale con tre le puissant cou ran t anti­ français, où il s 'é ffo rça it de gagner son antique patrie à la gran de R ép u b liq u e. C 'est ensuite l'é p o q u e où il rem portait au siège d e T o u lo n les prem iers lau ­ riers de la gloire m ilitaire. P u is, c'est l'ép oq u e, où, gén éral d 'a rtillerie à l'arm ée d 'Ita lie, il rem plissait la m ission d ’ étudier la politiq u e, les ressou rces et les arm e­ m ents d e G ênes, l'a n cien n e ennem ie de la lib erté corse. C 'est 1 ép oq u e en core, où, d ésa rçon n é, re je té par les c irc o n ­ stances à P a ris, réd u it p resq u e à la m i­ sère, ,,il ven dait ses livres et sa m on tre", „p o r ta it p a r écon om ie un pan talon en peau d e daim , des bottes éculées, une r e ­ d in gote râpée, un vieu x ch apeau en fon cé sur les y e u x ", ,,logea it dans une petite cham bre, au „C a d ra n B le u ", m oyennant trois francs par sem aine ", „s e n ourrissait d'u n e tasse de ca fé prise le matin dans

*) M anuscrits de N a p oléon 1793— 1795 en P olog n e, pu b liés par Sim on A sk en a z y . V a rsovie, L ibrairie A n cien n e S cien tifiq u e P o lon a ise J érôm e W ild e r, 1929; p. 120,

que, où, desespéré, il parvint à obten ir une m ission auprès du sultan S élim III p ou r réorga n iser l ’a rtillerie du „g ra n d T u rc". C 'est l'é p o q u e enfin, où, après les jou rn ées sanglantes de vendém iaire, n om ­ mé gén éral en ch ef d e l'a rm ée d e l'in té ­ rieur, destiné à p ren d re le com m andem ent de l'a rm ée d 'Ita lie, il tra ça it d'u n e main sûre les op ération s que devait éxécu ter cette arm ée, un p la n d on t b ien tôt il a l­ lait être lui-m êm e l'ex écu teu r en éb lou is­ sant le m on de p a r l'é c la t d e ses victoires

P arm i les quinze b rou illon s de K ôrnik, d ix au m oins ont été écrits en 1795, Tan­ née de ses calam ités et de son élévation sou d a in e aux som m ets de la ca rrière m i­ litaire. C e sont, en gran de partie, des d o ­

cum ents d'un e lutte très dure con tre

l'a d versité du destin. P arm i ces m ém oires m ilitaires, ces p r o je ts de plans de ca m ­ pagnes plein s d e génie, connus ju sq u 'ici en p a rtie seulem ent, d on t la p roven a n ce m êm e était m ise en question, il y a un écrit, proven a n t d e la m êm e époqu e, l'e s ­ quisse d 'u n petit rom an je té sur le p a ­ pier d ’une main fiévreuse, pen dan t une nuit d'in som nie.

D eu x ans plus tôt, en l ’ann ée san­ glante de 1793, la terreur sévissait dans M arseille, recon q u ise par les républicain s. Le frère aîné de N a p oléon , J osep h B o n a ­ parte, s 'y trouvait en q u a lité d e com m is­ saire p rov is o ire des guerres. U n jou r s o r ­ tant du bureau d 'u n représen tan t de la C on vention N ationale, il aperçu t dans le vestibu le une fillette en dorm ie. V en ue p ou r p la id e r la cause de son frère em p ri­ sonné, elle attendait depuis lon gtem ps une aud ience. E lle s'a p p ela it D ésirée C lary, et elle avait quin ze ans. J o s e p h B on ap a rte connut sa fam ille, une rich e fam ille b o u r­ geoise — le père était savonnier, et fa i­ sait com m erce de tissus. Les C la ry s 'é ­ taient com prom is dans des con ju ra tion s roy a listes; l ’un des frères d e D ésirée, m en acé par le cou p eret, s'était su icidé; deu x autres avaient été arrêtés; le père était m ort d e désespoir. M adam e C lary, devenu e veuve, n 'avait plu s que ses deu x filles auprès d 'elle, — d eu x futures reines: la rein e d e N aples et d 'E sp a gn e et celle de Suède. J osep h devint le protecteu r des C lary, il fit la cou r à D ésirée. On lui r e ­ fusa sa m ain par égard à la soeur aînée, M a rie -J u lie . Il se soum it et se fiança a vec Julie. B ien tôt il in trod uisit dans la m aison son frère cadet, N a p oléon , nom m é gén éral quelqu es sem aines auparavant.

Le jeu n e gén éral avait une âm e ten dre et rêveuse, en core tou te pén étrée des am ours sentim entales de la N ou velle H é- lo ïs e et du jeu n e W erth er, d e l'h éroïsm e rom an tiqu e des chants d'O ssian . La p e

-volon ta ire, rom an esque et enfantine, lui parut être l'in ca rn a tion ,,des ew ig W e i- b lich en ". J u sq u 'à lors N a p oléon n'avait pas con nu l'a m ou r, „c e tte passion fatale, ce sentim ent don t l'h om m e solita ire et isolé ne ta rd e pas à se pénétrer, senti­ ment d e son im puissan ce et de son im ­ m orta lité". Il aim a passioném ent D ésirée. Il lui o ctro y a le nom d'E u génie (son s e ­ con d prén om ), qui lui sem blait plus r o ­ mantique.

L 'ann ée 1794 se m ontra tout d 'a b ord fa v ora b le à N a p oléon . Il était l'âm e des opération s heureuses de l'a rm ée d 'Ita lie. Les représentants de la C on vention le q ualifiaien t d o ffic ie r „d e m érite tran s­ cen da n t". B ien q u 'il fût ja cob in , partisan du tyran R o b esp ierre et ami de son frère ca d et A u gustin, a u x y eu x des C la ry il apparaissait surtout com m e un o fficie r de gran d avenir, une b on n e allian ce. P ou r la p rem ière fois le p etit C orse cherchait à in flu encer les destinées de la G rande

Nation. Il gagna A u gustin R ob esp ierre

à ses p r o je ts d ’une gran de offen siv e en Italie, et par l'en trem ise de ce lu i-ci il ra llia M axim ilien R o b es p ierre à ses idées; sa n ote m agistrale sur la p osition p o liti­ que et m ilitaire des arm ées d e P iém ont et d'E spa gn e servit de base a u x décisions que le dictateu r vou lu t im poser au Com ité

du Salut P u b lic. Ces d écision s étant

con traires aux vues et a u x in tentions de Carnot, ,,1'organisateur de la v icto ire ", elles p rovoq u èren t d e sa part une op p osition acharnée, qui con tribu a, q uelqu es jou rs après, à l'effon d rem en t de la dictatu re le 9 th erm idor. Les d eu x R ob esp ierre furent gu illotin és; le p etit B on ap a rte se trouva pen dau t qu elq u e tem ps sca s la m enace du cou peret. Il parvint à se dégager, à se m aintenir à la su rfa ce; une fois d e plus il se distingua en m enant les opération s offen siv es à l'a u tom n e de 1794 et d e n ou ­ veau il fut le bienvenu dans la m aison

changer d e destination, de reven ir à M a r­ seille, de s'éta b lir en P roven ce. Il se ren ­ dit à Paris. D e n ou veau x cou ps allaien t l ’atteindre: il a pp rit q u 'il était ra yé de la liste des gén éraux actifs, et mis à la réform e. C 'est a vec pein e q u 'il obtin t le changem ent de cette d écision ; on ne le rem it cep en da n t plu s sur la liste des g é ­ n éraux d ’a rtillerie, il fu t a ffecté à l'in ­ fanterie, ce qui passait p ou r une d ég ra ­ dation. Il se d é fen d it en feignan t d ’être m alade, en p rolon g ea n t des perm issions. Q uelqu e tem ps il ob tin t une p la ce dans les b u reau x m ilitaires du C om ité; bientôt il gagna ce dernier à ses p r o je ts d 'o p é ­ rations. C epen dan t la com p osition du C o ­ m ité changée, il se vit privé d'appui, d ’em ploi, puis ra yé de la liste des gén é­ raux.

T an dis q u 'il subissait ces adversités, sa corresp on d a n ce a vec Eugénie fut su b i­ tem ent in terrom pu e. En vain dem and ait-il à J oseph , parti à G ênes a vec les C lary, des n ou velles d Eugénie, des lettres d 'E u ­ génie. L e silen ce se p rolon gea it, un s i­

len ce trop éloquen t. L ongtem ps il ne

vou lut pas com pren dre. A la n ou velle que la fam ille C la ry avait l'in ten tion d 'a lle r à C on stantinople, il form a im m édiatem ent le p r o je t de se faire co n fie r une m ission m ilitaire chez „ l e G ran d T u rc". C ependant Eugénie gard ait tou jo u rs le silence. A b a t­ tu par les revers, il v oy a it l'am ou r et le bonh eur suprêm e s'évan ouir. Tourm enté, p lein de fièvre, en pensant à Eugénie, en lui destinant p eu t-être ces pages, il é cri­ vit son petit rom an.

C ela s ’a p p e lle „C lis so n et E u génie". Clisson, con n éta ble du X lV -e siècle, B re- toji, gu errier red ou ta b le et la terreur des A n gla is, lui était p eu t-être con nu par les i „Uitio::., de fam ille de l'un de ses am:s. Il a p p ela son héros C lisson, p ou r ne pas l'a p p e le r N a p oléon . C ar ce C lisson, ce devait être lui-m êm e.

„C lis so n était né p ou r la guerre. E n ­ core enfant, il con naissait la vie des

l'épou sa , il eut des enfants, il connut des années de bonheur dom estiqu e. Dans une nuit orageu se Eugénie, en pleurs, tou r­ m entée par des pressentim ents, l'avertit d ’un m alheur qui app rochait. A u matin

ment J oséph in e, plu s âgée que lui, c o ­ quette et exp érim en tée dans l'a rt d e c o n ­

quérir. Il ou blia Eugénie. Il vécu t un

bonheur éphém ère. Ce bonheur, il a lla it le rach eter par des sou ffra n ces in ou ïes.

P IO T R M I C H A I O W S K I :

N a p oléon (c o lle c tio n de D om inik L em pick i à V a rso v ie)

des C lary. C epen dan t le vent qui sou ffla it de P a ris ne lui était plu s fa v ora b le; on traitait a vec une préven tion h ostile le jeu n e am bitieux qui ch erchait à im poser ses p r o je ts in tem pestifs et son initiative im patiente. A u printem ps d e 1795 il fut rév oq u é d e l ’arm ée d 'Ita lie, et en voyé à l'a rm ée d'O uest, en V en d ée, sous le com m andem ent de H och e d on t il se sen ­ tait le rival et a vec leq u el il avait d éjà

eu, p a ra ît-il, des dém élés sérieux. Il

se m it en rou te après s'être lié a vec E u ­ gén ie p a r un serm ent d ’am ou r éternel, après a v oir prom is aux C la ry tou t ce q u 'ils lui dem andaient d 'a cco m p lir: de faire

grands capitaines. Il m éd itait les p r in ci­ pes de l ’art m ilitaire dans le tem ps que ceu x de son âge étaient à l'é c o le et ch er­ chaient des filles. D ès l'â g e d e p orter les armes il m arqua ch aqu e pas par des actions d 'écla t. Il était arrivé au prem ier gra d e de la m ilice m ilitaire, q u oiq u e a d o ­ lescen t. L e b onh eur secon d a constam m ent son génie et son nom était con nu du peu ple, com m e celu i d'u n d e ses plus chers d éfen seu rs".

Com m e N a p oléon , il con nu t son E ugé­ nie, qui „d e v a it allu m er dans le coeu r d'u n seul une passion forte, digne... des h éros". Plu s h eureu x que N a poléon , il

un cou rrier lui a p p orta l'o r d r e du roi de pren dre le com m andem ent d'un e armée. L ongtem ps il gu erroya glorieusem ent en ex p éd itio n loin tain e. Il fut b lessé! P ou r prévenir les craintes d e sa fem m e il lui ex p é d ia son a id e de cam p avec ses n ou ­ velles. L 'a id e -d e -ca m p p a rtit! Il ne re v e ­ nait pas. La corresp on d a n ce a vec Eugénie fut intèrrom pue. C lisson sou ffra it; la nuit et le jou r il pen sait à son m alheur: „ I 1 vou dra it cou rir p ou r arrach er E ugénie au m alheur et à l'o p p r o b r e . M ais l'arm ée, sa con sign e — et la pa trie l'a p la cé là !" Une b a ta ille a lla it se livrer: le W a te rlo o de Clisson.

„I1 est deu x heures après minuit. T ou t est prêt pou r la m ort. Les ord res sont donnés, la b a ta ille se prépa re. D em ain, que d e sang jon ch era cet en d roit! M ais toi, Eugénie, que diras-tu , que feras-tu, que d ev ie n d ra s-tu ? R é jo u is -to i de ma mort, m audis ma m ém oire et vis heureuse.

La gén éra le battait à la p oin te du jou r. Les feu x des b ivou a cs s'éteignaient. Les colon n es s ’ ébranlaient, le pas de charge battait a u x ailes et la m ort se prom en ait dans les rangs...

L 'o n vint lui annoncer, que l'a ile

d ro ite était battue. L 'o n rep ou sse le cen ­ tre... P eu après on lui ann once que le cen tre était victorieu x, mais qu'à la ga u ­ che des troupes fraîch es paraissent en bataille.

A dieu , toi, que j'avais ch oisie pou r l'a rb itre d e ma vie, adieu la com pa gn e de mes plus b ea u x jou rs! J 'a i goû té dans ta s ociété le bonh eur suprêm e. J'avais puisé la vie et ses biens. Q ue m e restait- il p ou r l ’âge futur q u e la satiété et l'e n ­ nui! J 'a i à 26 ans épu isé les plaisirs éphém ères de la réputation, mais dans ton am our j'a i goûté le sentiment suave de la vie de l ’homme. Ce souvenir déchire m on coeu r. P u isses-tu vivre heureuse, ne pensant plu s au m alheureux C lisson ! Em ­ brasse mes fils: qu'ils n'aient pas l'âm e arden te de leur père; ils seraient com m e lui victim es des hom m es, de la gloire et de l'am our.

Il p lia sa lettre, don na o rd re à un a id e -d e -ca m p de la p orter à E ugénie su r-le- cham p, et tou t de suite se mit à la tête d'un escadron , se jeta tête basse dans la m êlée... et exp ira p ercé d e m ille cou p s".

N a p o lé o n reçu t bientôt après la n ou ­ v elle fa ta le: E ugénie lui rendait sa p a ­ role. Dans sa ca rrière m ilitaire cependan t un changem ent ra dical a lla it s'a ccom plir. D éfenseur victorieu x de la C on vention N ationale, dans la nuit qui suivit la lutte il adressait à son frère ces fières p a roles: „L e bonh eur est p ou r m oi! M a cou r à Eu­ gén ie"... B ien tôt pou rtan t il aima fo lle

-Com m e son C lisson, lui aussi il devait

être hanté par des sou p çon s a ffre u x

dans une nuit d'in som nie, une nuit de

novem bre, après l'é ch e c de C a ldiero,

avant une n ou velle lutte m ortelle — la b a ta ille d 'A r c o le , où il fa illit p érir com m e Clisson. Et la vérité h ideuse a lla it l'a t ­ tein dre au C aire con quis. D ans une lettre à son frère J osep h il disait sa s ou ffra n ce „L es grandeurs m 'ennuient, le sentim ent est desséché, la g lo ir e est fad e. A vingt neuf ans, j'a i tout épu isé"... Et il ajou tait- ,,A d ie u m on u niqu e ami, je n 'a i jam ais été in ju ste envers to i! T u me dois cette ju stice m algré le désir d e m on coeu r d e l'être... Tu m 'en ten d s!" Q u elle était l ’a l- ; lusion, ca ch ée dans ces quelqu es m o ts ?

j N a p oléon ne p en sa it-il pas au r ô le éq u i­ voq u e de son frère dans l'a ffa ire du m a ­ riage m anqué a vec E u gén ie?

Car le souvenir d 'E u gén ie renaissait. La n ou velle de son m ariage a vec B ern a ­ dette lui était parvenue.

E ugénie s'était soum ise aux instances de sa m ère et de son b ea u -frère lu i-m ê- me, qui lui persu adaien t de rom pre ses fia n ça illes a vec un gén éral réform é et sans avenir. E lle se ren dit cou p a b le d e la rupture. Dans la suite e lle eut des accès de d ésesp oir à la n ou velle du m ariage de N a p oléon a vec J oséph in e. E lle vou lait se venger d e l'in fid è le qui, après la crise fa v ora b le d e vendém iaire, aurait dû r e ­ venir à elle. E lle épou sa B ern a d otte en le croy a n t ca p a b le „ d e tenir tête à B o n a ­ p a rte".

M ais B ern a d otte ne prit pas le dessus sur B on aparte, E ugénie devint l'a n g e d e con cilia tion entre l ’ancien fia n cé et le ( mari et pen dan t de longues années, e lle | fut l'ange ga rd ien qui p rotégea B ern a ­

dotte con tre les con séq u en ces de ses m e ­ nées, d e ses con sp ira tion s, d e ses d é fa il­ lances et d e ses trahisons sur les ch am ps de bataille.

On connaissait depuis lon gtem ps l 'a ­ m our de N a p oléon et d'E u génie C la ry et leurs fia n ça illes rom pues. On ign ora it le rô le d e ce sentim ent dans la vie d e N a ­ poléon . On en ign ora it la force. D ans ses lettres à J osep h on n ’a pas su lire la dram e q u 'il avait vécu. On ne se ren dait pas com p te de l'h istoire de la rupture. T ou t ce la a été mis en p lein e lu m ière p a r les rech erch es et l'in tu ition d e l'h istorien polon a is. Et le petit rom an de N a p oléon , con te pathétique, sentim ental, n aïf, reten ­ tit com m e un cri pou ssé par une âm e blessée à fon d ; il a pp a ra ît com m e la co n ­ fession d'u n grand hom m e qui était un hom m e sensible, qui sou ffra it et qui était très isolé.

(2)

2

P O L O G N E L I T T E R A IR E

N

î

35—36

L e

P h a r a o n

L e T h é â t r e d e l’ A v e n i r

B o lesta w P rus ( A lek sa n d er G lo w a ck i) (1 8 4 6 — 1911) e s t un d es plu s ém inents écriv a in s p olon a is du X l X - e s.

C iton s parm i ses n o u v e lle s : „ L e g ile t", „ A n ie l k a " , „ A n t e k “ , „ L e f lo t qui r e v ie n t", „ L ’e r r e u r " et parm i ses rom an s: „L a p o u ­ p é e " , „ L e s ém a n cip ées" et „ L e ph a ra on “ d o n t nous p u b lion s ici un extra it. C e rom an n ous d on n e un tableau e x a c t et ca p tiva n t d e l'organ isation de l ’E g y p te

an tem p s de R am sès X II.

R a m sès X I I est m a la de; to u t l’art m é­ d ica l d es p o n tife s é g y p tien s reste im ­ p u issan t à le g u érir de son mal e t l ’ état du v ie u x pharaon em p ire ch aq u e jou r.

A lo r s p ou r sauver la vie du souverain

qui s'éteign ait, H erhor eut recou rs au

dernier m oy en : il annonça au ph araon que dans un des tem ples à T h èbes s'était réfugié le C h aldéen B éroès, p o n tife le plus savant de B a b y lon e et thaum aturge sans égal.

— Cet hom m e est un étran ger pou r

me des palm iers, velues, term inées par des crocs... je sens q u ’au dessus de ma tête pla n e une araignée de dim ensions m onstrueuses et q u e ll e m 'en serre d'un réseau de câ b les marins.

B éroès leva le stylet.

— M er A m en Ram sès, fit-il, regard e tou jou rs l'étin celle, ne rega rd e pas de côté...

— V o ic i l'em b lèm e que je lèv e en votre p résen ce, m urm urait-il, m e v oilà

in trép ide, p révoya n t, s econ d é pu issam ­

ment p a r la p rotection divine. J e vous évoq u e au m oyen d'exorcism es... A y é Sa- rayé, A y é Sarayé... au nom de D ieu tou t puissant et vivant éternellem ent...

A ce m om ent la figu re du ph a ra on s 'il­ lum ina d'u n d o u x sourire.

—- Il m e sem ble, d it le seigneur, que je vois l'E gyp te... tou te l'E gyp te... Oui, v o ici le N il... le désert... V o ic i M em phis et Thèbes...

Il v oy a it en e ffe t l'E g y p te entière, pas plus gra n d e que l'a llé e qui s'étend ait

votre Sainteté, dit H erhor, et il n 'a pas à travers le ja rd in d e son palais. Cette le d roit d e d on n er à n otre seigneur de sin gu lière im age avait cela d e p a rticu lier si im portan ts con seils. P erm ettez p ou r- j q u 'à m esure que le ph araon prêtait à un tant, ô roi, q u 'il vous rega rd e, car je suis p oin t q u elcon q u e une attention plus sou - sûr q u 'il pou rra rem édier à v otre m al; j tenue, ce poin t grossissait ju sq u 'à devenir en tou t cas il ne b lessera pas v otre sain- j une con trée p resq u e de gran deu r natu- teté par des p a roles im pies. relie.

L e pharaon, cette fois en core, céd a ; L e soleil se cou ch a it d éjà , déversant

aux instances de son fid è le serviteur. ! sur la terre des ra yon s d 'u n p ou rp re doré.

Deux jou rs après, B éroès, m an dé d'un e Les oisea u x diurnes s'a p p rêta ien t au som - façon m ystérieuse, débarqu a à M em ph is. | m eil, les oisea u x n octu rnes s'év eilla ien t

L e savant C h aldéen, sans m êm e e x a ­ m iner en détail le P h araon, d écla ra g ra ­ vem ent:

— Il faut trou ver en E gyp te un

h om m e d on t les p rières pu issent p a rv e ­ n ir au trôn e du T ou t-P u issan t. S 'il prie

sincèrem en t à l'in ten tion du pharaon,

c elu i - ci sera guéri et vivra en core de lon gu es années.

L orsq u e le seigneur eut en ten du ces p a roles, il jeta un regard sur les p o n ­ tife s qui l'en tou ra ien t et dit:

— J e vois ici tant d ’hom m es saints q u e si l'un d 'e u x veut bien pen ser à moi, je serai d éliv ré de m on mal,

Et il eut un sou rire im percep tib le. — N ous ne som m es que des hom m es, r é p o n d it le thaum aturge B éroès, et nos â m es ne peu ven t pas tou jou rs atteindre le trôn e de l'E tern el. P ou rtan t je d o n ­ n era i à votre sainteté le m oy en in fa illib le d e trou ver l'h om m e qui p rie le plu s sin ­ cèrem en t et le plus efficacem en t.

— ■ Soit, tro u v e z -le , afin q u 'il devienn e m o n am i à l'h eu re dern ière de ma vie.

A p r è s la rép on se fa v ora b le du sei­ gneur, le C h aldéen dem anda une salle v id e et n ’ayant q u'un e p orte. C e mêm e jo u r, une h eure avant le cou ch er du s o ­ leil, il y fit tran sporter le pharaon.

A l'h eu re con ven u e quatre p on tifes

pa ssèren t au souverain une n ou v elle rob e d e lin, firen t une p rière qu i avait le p o u ­ v o ir d e chasser les som bres pu issan ces

et, lorsq u e le ph araon eut pris p la ce

da n s une sim p le ch aise à porteu rs en bois d e cèd re, on le p o rta dans cette salle d é serte où il n 'y avait q u 'u n e table.

B é ro è s s ’y trouvait d é jà et, tourné d u cô té de l'O rien t, il priait.

■Lorsque les pon tifes furen t partis, le C h a ld éen ferm a la lo u rd e p o r te d e la sa lle, ceign it une éch a rpe p o u rp re et posa sur la ta b le devan t le ph a ra on une b ou le

de verre noir. D e la main gau che il prit

un stylet tran ch ant en a cier d e B a b ylon e,

de la d roite il em p oign a une can ne sur

la q u e lle étaient gravés des< signes én igm a­ tiq u es et fit a vec cette can n e un cercle

en l'a ir autour du pharaon.

P uis, se tou rn ant successivem ent vers le s q u a tre parties du m onde, il m urm ura:

— A m oru l, Tan eha, Latisten, Rahur, A d o n a y ... P ère céleste, m iséricord ieu x et clém en t, aie p itié d e m oi et p u rifie moi. V e rs e sur ton in d ign e serviteur ta sainte b é n é d ictio n et étends ton bras puissant s u r les esprits reb elles et im placables,

afin que je pu isse m éd iter en p a ix sur

tes oeu vres saintes.

I l s'in terrom p it et s'ad ressan t au p h a ­ ra on :

— M er A m en Ram sès, arch ip on tife

d 'A m o n , a p erçois - tu dans cette b ou le n oire une é tin ce lle ?

— J e vois une p etite étin celle blanch e q u i sem ble s'a giter com m e une a b eille sur une fleur.

— M er A m en R am sès, rega rd e f ix e ­ m ent cette étin celle, sans en détourner le s yeu x . N e rega rd e ni à ta d ro ite ni à ta gauche, ne rega rd e rien qui surgirait d e côté.

E t il con tin uait à m urm urer:

-— B aralanensis, B aldach ien sis, au nom d e G en io, L a ch ia de, p rin ces puissants et m inistres du roy a u m e in fern al, je vous in v oq u e p a r la pu issan ce d iv in e et sub­ lim e d on t je suis nanti, je vous con ju re e t vous ord onn e...

A ce m om ent le ph araon frém it d 'h o r ­ reur.

— - M er A m en Ram sès, que v o i s - t u ? dem a n d a le C haldéen.

— D errière le g lo b e ém erge une tête h orrib le. Ses ch eveu x ro u x sont hérissés...

sa figu re est d ’une cou leu r verdâtre...

ses p ru n elles sont renversées et l'on

n e v oit que le b la n c des yeu x... Sa b ou ch e est largem ent ou verte com m e p ou r crier...

— C 'est l'ép ou va n te, dit B éroès, et il d irig ea le tran ch ant d e son stylet a u -d e s ­ sus du glob e.

S ou d a in le ph araon se cou rba ju squ'à terre.

— A ssez, s 'é cria - t - il, p ou rq u o i me to u rm e n te z -v o u s ? m on corp s extén u é d e ­ m a n d e du rep os, m on âm e a spire vers le p a ys de l ’étern elle lum ière... N on seu ­ lem ent vous ne m e p erm ettez pas de m ou ­ rir, m ais vou s in ventez de n ou vea u x s u p ­ p lices. A h ... je n 'en veu x pas...

— Q ue v o is -tu ?

— • On dirait q u 'à tou t m om ent d es­ cen d en t du p la fo n d d eu x pattes d 'a ra i­ gnée... elles sont h orrib les, grosses com

-*) com p. ..P ologn e L ittéra ire", nr. nr. 29 et 30.

dans leurs réduits. D es hyènes et des

ch acals bâ illa ien t dans le désert et le lion som n olent étirait son corp s puissant p rêt à se la n cer à la p ou rsu ite d'un e n ou velle proie.

L e pêch eu r du N il se hâtait de lever ses filets. D e grands b ateau x de tran sport a b ord a ien t la côte. H arassé, le laboureu r d étachait de la grue le seau a vec lequel il avait pu isé de l'ea u pen dan t tou te la jou rn ée ou bien, p en ch é sur la charrue, il regagnait à pas lents sa cabane. Dans les villes on allu m ait des feu x ; dans les tem ples se réunissaient des prêtres p ou r cé léb rer l'o ffic e du soir. Sur les routes la p ou ssière retom bait et dans les rues, les voitures grin çantes s'éta ien t tues. Du som m et des p y lôn es se firent entendre des v o ix plain tives con voq u a n t le peu p le à la prière.

L'in stant d 'a près le ph araon aperçut a vec étonnem ent une trou p e d 'o is e a u x argentés s'élev a n t a u-dessu s de la terre. Ils s'éch a p p a ien t des tem ples, des palais, des rues, des fabriqu es, des navires sur le N il et m êm e des carrières. C h aqu e

oiseau, d ’abord, s'éla n ça it com m e une

flèch e, mais, ren contrant aussitôt un autre oisea u à plu m a ge argenté, qui lui barrait le chem in, se heurtait à lui de toutes ses forces et tous d eu x retom b a ien t morts à terre. C 'éta ien t les prières hum aines qui s'em pêch a ien t m utuellem ent d e m on ­ ter ju sq u 'a u trôn e du T ou t-pu issan t». L e ph araon ten dit l'ore ille ... d 'a b o rd il ne p erçu t que le battem ent des ailes, bientôt pou rtan t il put distinguer des p a roles.

Il en ten dit le m a la d e prier p ou r sa gu érison et en m êm e tem ps le m éd ecin d em and er que son clien t fût sou ffra n t aussi lon gtem ps que possib le. L 'a g ricu l­ teu r su p plia it A m o n d e v eiller sur son gren ier et son étable, et le voleu r, les mains ten du es vers le ciel, m éd ita it sur les m oyens d'em m ener sans ob sta cles la vach e d e son p roch a in et de rem p lir ses sacs d e b lé qui ne lui app a rten a it pas.

Leurs prières se h eurtaient com m e des p ierres ja illies d'u n e fron d e.

L e p èlerin dans le désert s'écrou la it sur le sable, en im plora n t la divinité de lui e n v oy er le vent du N ord et q uelqu es gou ttes d'eau, tandis que le navigateur se prostern a it sur le pon t du n avire et, le heurtant du front, dem andait que les vents d'E st sou ffla ssen t une sem aine en ­ core. L e la b ou reu r vou la it q u e les m a ­ récages pussent sécher plu s vite après l'in on d a tion , et le pau vre p êch eu r su p ­ pliait de les laisser tou jou rs hum ides. Leurs p rières se b risaient ainsi l'u n e con tre l'a u tre sans p a rven ir aux oreilles divines d 'A m on .

L e plus grand tum ulte régnait dans les carrières où des crim inels chargés de ch aînes travaillaient à faire sauter de

gigan tesqu es roch ers. Les carriers, em ­

p lo y é s dans la jou rn ée, s o llicita ien t du ciel la nuit et le som m eil, cep en da n t que les ou vriers de l'éq u ip e n octu rne, ré v e il­ lés par leurs con tre-m a îtres, entonnaient une hym ne en l'h on n eu r du soleil.

Les m archands qui ach etaient des

pierres extra ites et fa çon n ées priaient q u ’il y eût le plus de crim inels dans les carrières, les fourn isseu rs de vivres, p r o ­ sternés sur le sol, pou ssaien t des soupirs en dem andant que la p este exterm in ât les ou vriers et perm ît aux fourn isseu rs de réa liser des gains plus con sidéra b les. A in si les p rières dans les carrières ne parvenaien t pas n on plu s ju sq u 'a u ciel.

A la fron tière occid en ta le, le ph araon a p erçu t d eu x arm ées s ’a pp rêta n t au co m ­ bat. T ou tes les d eu x, rangées sur le sable, dem andaient à A m on d ’exterm in er leurs ennem is. Les L ibyens souhaitaient la d é ­ faite et la m ort des E gyp tien s, les E g y p ­

tiens la n çaien t des m a léd iction s con tre

les L ibyens. Les p rières des uns et des autres, com m e d eu x v olé e s d 'éperv iers, fon cèren t l ’une sur l'a u tre et s'abattirent dans le désert. A m on ne les rem arqua m êm e pas.

P a rtou t d on c où le ph araon posa it ses p ru n elles en d olories il v o y a it la mêm e chose. Les paysan s dem and aient le rep os et la dim inution des im pôts, les p e r c e p ­ teurs sollicita ien t leur augm en tation et un travail sans relâch e. Les p on tifes im ­ p loraien t A m o n de p r o lo n g e r la vie de Ram sès X II et d 'exterm in er les P h én i­ ciens qui gênaient leurs op ération s fin a n ­ cières; les n om arques som m aient la d i­ vinité de p rotég er les Phéniciens et de perm ettre à Ram sès X III de m on ter sur le trôn e et d'hu m ilier le p o u v o ir des prêtres. Des lions, des chacals, des hyènes con voita ien t du sang frais p ou r assou vir leu r faim ; des cerfs, des ch evreu ils et

des lièvres cra in tifs quittaient leurs ré ­ duits ne songeant qu'à con server un jou r de plu s leu r m isérable vie, bien que l'e x ­ périen ce leu r eût d é jà en seigné que ch a ­ que année une d iza in e d 'en tre eu x étaient la p r o ie des carnassiers.

Dans le m on d e entier régn ait le d és­ o rd re : ce que désirait l ’un, rem plissait l ’autre d ’effro i, chacun priait p ou r son bien sans se dem ander s'il ne nuisait pas à son prochain .

P ar con séqu ent, leurs prières, bien

qu elles fussent com m e des oisea u x a r­ gentés qui s'éla n cen t vers le ciel, n 'a t­ teignaien t pas leu r but. L e divin A m on, à qui de la terre ne parvenait aucune v oix , a p p u ya les mains sur ses g en ou x et s'abîm a dans une m éd ita tion dou lou reuse. Sur le m on de con tin uaien t à régn er le h asard et la fo r c e aveugle.

T ou t à cou p le ph araon en ten dit une voix de fem m e:

— P olisson , m auvais sujet, ren tre plus vite, il est tem ps d e faire ta prière.

— T ou t de suite, tout de suite, ré p o n ­ dit une v o ix enfantine.

L e souverain rega rd a dans cette d i­ rection et vit une pau vre cabane a p p a r­ tenant à un scribe. C elu i-ci, a u x derniers rayon s du s oleil, pein ait sur son registre, tandis que sa fem m e, à l'a id e d'u n e pierre, p ila it du from en t p ou r en faire des

L e d év elop p em en t du théâtre d'a p rès gu erre suit la ligne du perfection n em en t de la techn ique, don t la suprém atie dans tous les dom aines est un des traits c a ­ ractéristiqu es d e n otre époqu e.

C est la tech n iq u e qui form e les c o n ­ ditions d e la vie con tem p ora in e en lui donnant son em prein te et son ton.

La techn ique en fin a jo u é un rô le de D ion y sos m od ern e en donnant la vie à un n ouveau gen re de sp ecta cle — le ciném a a vec son dynam ism e, l'a llu re, l'e sp a ce et le pathétique du m ouvem ent.

Le théâtre a vec son bagage verbal et sa rou tin e a cessé d e ré p o n d re à l'esp rit du tem ps; le specta teu r rassasié de m ots désire le m utism e et les im pressions v i­

suelles et com m en ce à déla isser le

théâtre p ou r le ciném a.

„S i tous les spectateu rs du ciném a ne vont pas au théâtre presq u e tous les spectateurs du théâtre von t au cin ém a ", com m e dit spiritu ellem en t C la u d e B erton dans ses intéressantes m éditations sur le

th éâtre con tem p ora in („L e s N ou velles

L ittéra ires").

L e théâtre, ayant ressenti la con cu r­ ren ce du ciném a, ce n ouveau m ystère des m asses, ne s'est pas im m édiatem ent rendu com p te de la n écessité d e se m oderniser, c'est à dire d'éch an ger la d iligen ce g rin ­ ça n te de T h espis en une lim ousine à c y -lettes, et devan t la m aison un gam in de lin dres m ultiples. En fin de com pte il est six ans cou rait, gam badait, com m e un

jeu n e b o u c et riait, on ne sait d e quoi. P roba b lem en t l'a ir em baum é du soir l'enivrait.

— P olisson , m auvais sujet, viens ici p o u r prier, rép éta la femm e.

T ou t de suite, tou t d e suite! Et, jo y e u x , il se rem ettait à cou rir com m e un fou.

Enfin la m ère voya n t q u e le soleil com m en ça it à se p lon g er dans les sables du désert, mit la p ierre de côté, sortit dans la cou r et em p oign a le gam in qui

cou ra it com m e un pou lain . Il résista

d 'a b ord , mais finit p a r céd er. La m ère, l'a y a n t en traîn é dans la cabane, le fit a sseoir par terre et le retint d e la main p ou r q u 'il ne lui éch a ppâ t poin t de n ou ­ veau.

— R este tran q u ille et droit, fit - elle, p lie les jam bes, join s et lève les m ains! M échant enfant!

Le gam in eut con scien ce q u 'il ne p o u r­ rait plu s m aintenant se soustraire à la prière, il leva d o n c pieusem ent les yeu x et les mains vers le cie l et, p ou r s'e s q u i­ ver le plu s vite dans la cou r, d e sa voix flu ette et en fan tin e se mit à réciter, es­ s o u fflé :

— J e te rem ercie, b on et divin A m on, d 'a v o ir préservé a u jo u r d ’hui m on papa de tou t a ccid en t, d 'a v o ir don n é à maman du from en t p ou r faire des galettes. Et q u oi e n c o r e ? J e te rem ercie d 'a v o ir créé le cie l et la terre et le N il qui nous don ne du pain. Et q u oi en co re ?... A h , je sais... Et e n co re je te rem ercie de.»_g!3 q u 'il fait si beau dehors, de ce que s 'é ­ pan ouissen t les fleurs, les oisea u x ch an ­ tent et les palm iers don nen t de si dou ces

dattes. P ou r tou tes ces bonn es choses

don t tu nous as com blés, que tout le m on de t'aim e com m e m oi je t'aim e, et que l ’on chante tes lou an ges m ieux que moi, car je suis en core petit et on ne m 'a pas a pp ris la sagesse. En v oila assez!

— M éch a n t garçon , m urm ura le scribe p en ch é sur son registre. M éch ant ga r­ ço n ! q u 'il est n égligen t à ren d re h om ­ m age à A m on .

M ais le ph a ra on vit dans la b ou le m a­ g iq u e tou t à fait autre ch ose. La prière du gam in turbulent m on tait vers le ciel, telle une alouette, et, trém oussant des ailes, s 'élev a it tou jou rs plu s haut ju squ'au trône, où l'étern el A m on , les m ains a p ­ p u yées sur les gen ou x, m éditait sur sa tou te-pu issa n ce.

Puis e lle m onta en core plu s haut, frô la la tête de la divinité en lui ch an ­ tant d'u n e v o ix flu ette et enfantine:

— Et p ou r tou tes ces bonnes choses don t tu nous as com blés, que tou t le m on de t'aim e com m e je t'aim e...

A ces p a roles, la d iv in ité p lon gée

dans la m éd itation, ou vrit les y e u x et un ra yon d e b onh eur en ja illit sur l'univers entier. Du ciel ju sq u 'à la terre se rép an ­

dit une p a ix im m ense. T ou te douleur,

tou te angoisse, tou te m échan ceté cessèrent. Le p r o je c t ile siffla n t resta suspendu en l'a ir, le lion, en train de se jeter sur une biche, s'arrêta dans son bond , le b âton levé ne s'abattit pas sur le dos de l'escla v e. L e p èlerin égaré dans le d é ­ sert ne sentit plus sa faim , le m alade ou blia sa sou ffra n ce, le prison n ier, ses chaînes. L 'ora g e s'a p aisa et se figèrent les flots d e la m er prêts à en glou tir un navire. Sur la terre en tière régna une telle sérénité que le s oleil, ca ch é d e r­ rière lh o r iz o n , leva à n ouveau sa face rayon nan te.

Le ph araon s 'év eilla en sursaut. Il vit devant lui une p etite ta b le su p ­ porta n t une b ou le n oire et à cô té de lui le C h aldéen B éroès.

— M er A m en Ram sès, dem anda le

pon tife, as-tu trou vé l'h om m e don t les p rières soien t parvenu es au trôn e du T ou t-p u is s a n t?

— Oui, rép on d it le pharaon.

— E s t-ce un prince, un ch evalier, un p rop h ète ou bien un sim ple erm ite?

— C 'est un p etit ga rçon de six ans qui n 'a rien dem andé à A m o n et qui lui a rendu grâ ce p ou r tout.

— S ais-tu où il h a b ite? dem anda le Chaldéen.

— J e le sais, mais je ne v eu x pas u su rper la pu issan ce de sa p rière. Le m onde, B éroès, est un im m ense to u rb il­ lon où les hom m es s'agitent com m e des grains de sable, et le m alheur les lance com m e des balles. P ar sa prière l ’enfant don ne aux hom m es ce que je ne saurais leur don ner: un cou rt m om ent d ’ou b li et d e calm e. L ’ou b li et le calm e... con çois-tu cela, B é ro è s ?

L e C h aldéen se taisait.

B o lesla w P rus, traduit par F e lic ja W y le z y n s k a .

arrivé cep en da n t à se saisi!- du fon d v i­ suel a p p orté par le film.

qui se su ccédèren t à une a llu re presqu e cin ém atograph ique.

La techn ique th éâtrale dans ces mises en scènes si caractéristiqu es p ou r les aspirations du th éâtre con tem p ora in a aidé sensiblem ent les con cep tion s h ardies des m etteurs en scène.

D 'a b o rd tim ide, n 'ayan t pas le c o u ­ ra ge de d étru ire la scène h abituelle, elle rejette bientôt tout com prom is et dans son désir d 'ê tre à la hauteur des étou r­ dissants record s artistiques des réform a ­ teurs du th éâtre elle se met en p la ce pou r le con cou rs du re co rd d e la hardiesse des

inventions. E lle envahit le théâtre et

y dem eure com m e un élém ent puissant. La con cen tra tion des progrès d e la techn ique th éâtrale a été p rod u ite à l'E x ­ p osition de V ien n e en 1924.

P arm i les plans, les m aquettes et les m od èles, dans lesq u els une fan taisie in ­ quiète, presq u e a p oca ly p tiq u e se joign a it à une ingénuité ra ffin ée, ce qui se faisait rem arquer, ce qui était le ton essentiel — c était la lutte con tre la form e tr a d ition ­ n elle de la scène, de la sa lle de s p e c­ ta cle et du bâtim ent du théâtre.

Le rideau, cette m em brane virginale de M lle M elp om èn e ja lou sem en t cachée si lon gtem ps, a été supprim é par les n o ­ vateurs du théâtre russe dans leur élan révolu tionn aire.

A p rès cette op ération , la muse vieillie a ra jeu n i et, p lein e d e tem péram ent et d 'en v ie de vivre, a recom m en cé par ses

V u e g é n é r a l e du T h é â t r e d e l 'A v e n ir p e n d a n t la n u it

La tech n iq u e dans sa m arche v icto - grâces renaissantes à sédu ire et à éb lou ir rieu se en tre en scèn e et a lors a pp a ra ît : les masses.

une ph alan ge de m etteurs en scèn e —• e x - j II ne faut pas s'éton n er que l ’ex em p le

périm entateurs qui com pren nen t leur j russe soit con ta gieu x — le succès de la

tâch e de con stru cteu rs du specta cle. : sup pression du rid eau a p rov oq u é la d e

-L fcu r r ô l e n e s e l i m i t e p a s à d é t r u i r e i s t r u c t i o n d e l a s c è n e .

la rou tin e th éâtrale et les bases artisti- A l'e x p o s itio n vien n oise les inventeurs

ques du vieu x théâtre, mais il ten d à créer de m od èles sensationnels rejetten t le ri- un sp ecta cle, ou p ou r m ieux dire à „fa ir e ! deau et la ram pe, cette lign e de dém ar- m on ta g e" d 'u n sp ecta cle qui serait le | ca tion tracée entre les spectateu rs et la re fle t le plu s com p let du tem ps et sa j scène, et ne veu lent pas v o ir dans cette m eilleu re exp ression .

En a ide aux réform ateurs du théâtre viennent avant tou t: le d écora teu r com m e con stru cteu r d e l'e sp a ce scén iqu e et in- gén ieu r-a rch itecte, qui crée d e n ouvelles con cep tion s de con stru ction de la scène et du bâtim ent tou t entier.

D e tous côtés de n ou veau x essais font sortir l'a rt théâtral des cadres gênants de la tra d ition elle ,,b o îte scéniqu e trila téra le".

La haine pou r cette étroite et in com

-dern ière q u elq u e ch ose de séparé des spectateurs. Ils d on nen t le signal d e l'u n i­ fica tion des parties du théâtre ju sq u 'à présen t separées, effa ça n t de la sorte la div ision tra d ition n elle en scène et en salle de spectacle.

Dans le ,,R a ilw a yth ea ter“ de K iesler, la salle du sp ecta cle tou rn e com m e un ca rrou sel autour d'u n e „s cè n e s p é cia le " et nous v oyon s tou t le con tra ire dans le m od èle du dr. Strnad ou une ,,scène

cir-S cèn es circu la ires à leu r origine

m od e ,,G uckkasten büh ne", com m e l'ont

ba ptisée les A llem a n d s, a com m andé

à R ein h a rd t de faire e x o d e du théâtre au cirqu e, ensuite d'éch an ger l'a rèn e du cirq u e pou r le théâtre en p lein air (festi­ vals de S alzbu rg).

M ey erh old , qui nie la scèn e tr a d itio ­ n elle et son in sép arable rideau, bâtit ses prop res con stru ction s scéniques, mais cela ne le satisfait pas, car, m algré les ré s u l­ tats intéressants q u ’il a atteints, il se sent fo rt gêné.

L e talent éru p tif de P isca tor tend,

de fo rce , à ob ten ir l'ex p re s s io n c o m ­ p lè te de la m ise en scèn e en bâtissant sur une scèn e o rd in a ire s ix à sept petites scènes dans le sens vertica l, qui, reliées au m ilieu p a r un écran, com m e dans la p iè c e d e T ô lie r „H o p p la , w ir le b e n !“ , form en t un sp e cta cle présen tan t une c o n ­ tinuité presq u e com p lète de l'a ction . C 'est d é jà l'e x p lo ita tio n la plus gén érale d e la scène th éâtrale trad ition n elle.

E lle a été e x p lo ité e aussi à l'extrêm e par L éon Sch iller, m etteur en scèn e du T h éâ tre P olon a is à V a rsov ie dans ,,Les p érip h éries" de Langer *) et surtout dans le tran fert sur la scèn e d e ,,L 'h istoire d'u n e fa u te" d e Z erom ski en 42 ta b lea u x 2)

1) com p. ,.P o lo g n e L ittéra ire", nr. 26. 2) ib .,.n r . 2 .

cu la ire " a vec une certaine quantité de petites scènes en tou re la sa lle du spectacle.

V o ila l'u n ion com p lète de la scèn e et de la sa lle du sp ecta cle et récip roq u em en t de la sa lle et de la scène.

M ais, la virtu osité techn ique exa gérée va de pa ir a vec l'a bstra ction , et c'est p ou rq u oi les m od èles vien nois n 'on t pas pu être réalisés et mis en pratique.

Les dernières années ont a p p orté à la bâtisse th éâtrale ,,Le T h éâ tre de l'E x p o ­ sition des A rts D é co ra tifs " des arch itectes P erret et G ranet (une scène tripartite) et le m od èle du th éâ tre-cirq u e d e l'a r ­ ch itecte a llem an d G roop iu s, q u 'il a c o n ­

struit spécia lem en t p ou r P isca tor (une

arène m ob ile a vec trois scènes).

C 'éta ien t des essais qui, q u oiq u e h ar­

dis, étaient plu s pratiqu es et plus réels îe cas pou r les créa tion s qui l'on t précédé, sants b locs form és de gran des su rfaces vitrées et s a p p u ie sur une con stru ction d 'a cie r et de b éton armé.

P a r sa sim plicité, son harm on ie et so n m anque d orn em en tation il se ra p p ro ch e des m od èles classiques grecs et jap onais.

R éa lisé, il sera fo rt im posant p a r ses dim ensions. La tota lité occu p era un e s ­ p a ce d e 8.000 m 2, la hauteur d e la fa ­ ça d e sera de 50 m ètres, c'est à dire de 12 à 15 étages.

Un grand n om bre d'en trées, d 'a scen ­

seurs, d'esca liers-rou la n ts, fa cilitera en

cas d in cen d ie une évacu ation rapide. La sa lle bâtie en am phithéâtre peut con ten ir 3.000 personnes. U ne mêm e voûte em brasse la sa lle des spectateu rs et la scène, et form e une sorte d e gran de c o ­ qu ille don t la cou rb e résulte d 'ex a cts c a l­

culs acou stiques, d'a p rès la m éthod e

de L yon , réa lisée dans la n ou velle sa lle P le y e l de Paris.

M ais l'in ven tion créa trice des auteurs du m od èle de ce théâtre n ouveau se ré­ v élé surtout dans la con stru ction de la scène qui en est sans aucun dou te la partie la plus intéressante.

E lle se com p ose d ’un proscen iu m im ­ m ob ile sous leq u el est p la cé l'o rch e s tre et de deu x scènes m obiles, sorte de cein ­ tures circulaires.

Ces ceintures circu la ires m obiles de gra n de largeu r rou len t non pas com m e les scènes rou lantes autour de leur axe, mais elles entourent la sa lle et se m eu ­ vent dans un sens, ou dans l'autre. Leur allu re peut être réglée à v o lo n té par le metteur en scène et d ép en d des e x ig e n ­ ces du spectacle.

Sous les y eu x des spectateu rs se dresse une gran de scèn e sur la q u elle passent les ceintures m ob iles p ou r d isp a ra ître en ­ suite sous la sa lle am p hithéâtrale où l'o n change en m êm e tem ps le d écor. P a r ce

m oyen on peut réa liser la con tin uité

in interrom pue de l'a ction .

Si en core nous nous ren don s com pte que ces ceintures m ob iles ont d e p etites scènes rou lantes et des trappes, nous com pren dron s com m ent les con stru cteu rs du m od èle ont ren du p ossib le au m etteur en scèn e l ’e x p lo ita tio n du m ouvem ent des acteurs, des figurants, des d écors, dans tous les sens p ossib les.

A in si la scène don n e le m axim um de dynam ism e: le m ouvem ent circu la ire des cein tu res m ob iles dans les deu x sens, le m ouvem ent tournant des petites scènes rou lantes et le m ouvem ent vertica l de plusieurs trappes.

Le specta teu r „d é p r a v é “ p a r le c i­ néma exige la sa tisfa ction des im pressions visu elles; c'est ainsi que par d 'in gén ieu x

placem ents de m u ltiples centres lu m i­

neux on peu t e x p lo ite r la lum ière à fond. La lum ière cessera d ’être ,,l'illu m in a tion " du sp ecta cle, m ais com m en cera à c o lla b o ­ rer a vec l'a cteu r et dev ien d ra l'élém en t le plus puissant du théâtre.

Si de puissants m oteurs m ettaient en m ouvem ent les ceintures circu la ires et si les p rojecteu rs com m en çaient à jeter de la lum ière, on ob tien d ra it n on seulem ent la con tin uité de l'a ction , mais la su cces­ sion des tableau x, ra p id e com m e l'écla ir, ressem blerait dans son dynam ism e à un film et le théâtre à qui les enthousiastes du ciném a p rédisen t la m ort, serait un... film parlant, de plu s c o lo r é et à trois dim ension s!

Cepen dan t une question se p ose: quel sera le m etteur en scène qui pou rra unir ce dynam ism e d e la scène, ces con d ition s acou stiques et lum ineuses, en ferm er dan s un tout artistique cet am algam e syn ch ro- n osy n op tiq u e et sim u lta n é?

Le rô le du m etteur en scèn e se c o m ­

p liq u e sensiblem ent. Sa tâch e sera la

co ord in a tion de la com p osition de la m ise en scèn e dans l'e sp a ce et dans le tem ps.

Il n 'y a pas à cra in d re que tous ces a ccessoires techniques et tou te cette m a ­ ch inerie ra ffin ée étou ffen t le V e rb e au théâtre.

Les dram es de l'a ven ir p référeron t la qualité des m ots à leu r quantité. Il nous faut des m ots frappan ts, puissants et n on des torrents de m ots, n on l'in on d a tion v e r­ b ale!

Les im pressions visu elles atteintes p a r la puissante techn ique th éâtrale n 'é to u f- feron t pas le m ot, mais sou lign eron t sa valeu r en rejeta n t la loq u a cité exagérée.

La co ord in a tion du M ot gra n diose avec une gran de im pression visu elle c'est la voie du dév elop p em en t du th éâtre de l ’avenir.

Si le théâtre en a lla n t vers ce but veut s'en rich ir par les p erfection n em en ts de la techn ique p ro p re au film il ne faut pas y v oir une con cu rren ce a vec le ciném a, pa rce que dans ce cas, le théâtre ne c o n ­ cu rrence pas le film , mais il s'en sert; le film tom be au rôle d e serviteur du théâtre et dem eure com m e un de ses accessoires.

La techn ique p erfection n ée du m od èle de P ro n a s zk o et S yrkus p r écèd e l'oeu v re dram atiqu e et la dépasse. Cette techn ique a p ou r but de stim uler, en se posa n t en rivale, la p ro d u ctio n artistique en lui ou vrant de n ou veau x h orizon s et des voies de dév eloppem en t.

L 'in itia tive d e P ron a szk o et de Syrkus

veut être l'a ig u illon qui fera sortir

l'o e u v re dram atiqu e de son im puissance actu elle, causée, d ’autre part par les p o s ­ sibilités lim itées de la scène trad ition n elle, qui n 'est pas à la hauteur des exigen ces m odernes.

L e m od èle du n ouveau théâtre ne p erd pas con ta ct a vec la réalité, com m e c'éta it que les p r o je ts antérieurs.

L e but des inventeurs du m od èle p o ­ lonais désign é p ou r l'E x p o s itio n G énérale de P ozn a n n 'était pas seulem ent d e c o n ­ crétiser les efforts de l'a rch itectu re et de la techn ique th éâtrale, mais en core d 'e s ­ sa yer de résou d re les p roblèm es essen ­ tiels de l ’art th éâtral con tem porain .

L e m od èle d 'A n d rz e j P ron a szk o et de S zym on S yrkus est bien d ifféren t de ceu x des théâtres actu els et du ty p e tr a d ition ­ nel du théâtre, en général.

Il est com p osé plastiquem ent de

puis-mais il ou vre largem ent le ca d re des p o s ­ sibilités de la m ise en scène, il p o s e de m agnifiques persp ectiv es devant les réa li­ sateurs des futurs sp ecta cles des masses, p ou r lesq u elles il est tou t d 'a b o rd désigné. La techn ique est ici l'id ée, l ’in sp ira ­ trice, elle don n e la cle f aux dram aturges et aux m etteurs en scèn e p ou r résou d re les n ou veau x p roblèm es de l'a rt théâtral. M ais là s’ach ève sa tâche, elle n 'ou vre pas les portes.

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