INSTITUTE OF MATHEMATICS POLISH ACADEMY OF SCIENCES
WARSZAWA 1995
LES M ´ ETRIQUES INVARIANTES ET LA CARACT ´ ERISATION
DES ISOMORPHISMES ANALYTIQUES
J E A N - P I E R R E V I G U ´E Universit´e de Poitiers, Math´ematiques URA CNRS D1322 Groupes de Lie et G´eom´etrie 40, avenue du Recteur Pineau, 86022 Poitiers Cedex, France
1. Introduction. Soit ∆ = {z ∈ C | |z| < 1} le disque-unit´e ouvert dans C. Le lemme de Schwarz donne la caract´ erisation suivante des automorphismes analytiques de ∆ laissant l’origine fixe.
Th´ eor` eme 1.1. Soit f : ∆ → ∆ une application holomorphe telle que f (0) = 0, et que l’une des conditions suivantes soit v´ erifi´ ee :
(i) il existe z
0non nul dans ∆ tel que |f (z
0)| = |z
0|, (ii) |f
0(0)| = 1.
Alors il existe un nombre complexe λ de module 1 tel que f (z) = λz, et f est un automorphisme analytique de ∆.
Le but de notre ´ etude est la g´ en´ eralisation de cette caract´ erisation ` a des do- maines born´ es de C
n. La premi` ere g´ en´ eralisation est dˆ ue ` a H. Cartan [2].
Th´ eor` eme 1.2. Soit D un domaine born´ e de C
n, soit a ∈ D, et soit f : D → D une application holomorphe telle que f (a) = a. Alors les conditions suivantes sont
´
equivalentes :
(i) les valeurs propres de f
0(a) sont toutes de module 1;
(ii) le module du d´ eterminant jacobien |J (f
0(a))| est ´ egal ` a 1;
(iii) f
0(a) est une isom´ etrie pour la m´ etrique infinit´ esimale de Carath´ eodory E
D(a, .);
(iv) f
0(a) est une isom´ etrie pour la m´ etrique infinit´ esimale de Kobayashi F
D(a, .);
1991 Mathematics Subject Classification: 32H15, 46G20.
The paper is in final form and no version of it will be published elsewhere.
[373]
(v) f est un automorphisme analytique de D.
Ces derni` eres ann´ ees, beaucoup d’efforts ont ´ et´ e faits pour g´ en´ eraliser ce r´ esultat quand on ne suppose pas que le point a est fixe. On s’est tr` es vite aper¸ cu que, dans ces conditions, le bon probl` eme est de chercher ` a caract´ eriser un iso- morphisme f d’un domaine born´ e D
1de C
nsur un domaine born´ e D
2de C
ncomme une application holomorphe f : D
1→ D
2qui est une isom´ etrie pour une m´ etrique infinit´ esimale bien choisie en un point. Ces r´ esultats s’appuient en g´ en´ eral sur l’´ egalit´ e des distances de Carath´ eodory et de Kobayashi sur un do- maine convexe born´ e (voir H. Royden and P. Wong [8] et L. Lempert [7]), et sur la notion de g´ eod´ esique complexe introduite par E. Vesentini [10 et 11]. On est donc amen´ e ` a supposer que l’un des domaines D
1ou D
2est convexe. Si on sup- pose D
1convexe, il est naturel, comme nous allons le voir, de supposer que f est une isom´ etrie pour la m´ etrique infinit´ esimale de Carath´ eodory (voir J.-P. Vigu´ e [12]) ; en revanche, dans le cas o` u on suppose D
2convexe, il faut supposer que f est une isom´ etrie pour la m´ etrique infinit´ esimale de Kobayashi (voir J.-P. Vigu´ e [13], I. Graham [5] et L. Belkhchicha [1]). Il est int´ eressant de remarquer que la d´ emonstration de L. Belkhchicha utilise aussi la distance de Carath´ eodory et montre comme r´ esultat pr´ eliminaire que f est une isom´ etrie pour la distance de Carath´ eodory.
Nous montrerons ensuite comment certains de ces r´ esultats peuvent se g´ en´ era- liser en dimension infinie, o` u nous n’avons pas, jusqu’` a ce jour, de r´ esultats aussi complets.
Pour commencer, nous allons rappeler un certain nombre de propri´ et´ es des distances invariantes et des g´ eod´ esiques complexes au sens de Vesentini.
2. Distance de Carath´ eodory et g´ eod´ esiques complexes. La distance de Carath´ eodory c
Dsur un domaine born´ e D de C
nest d´ efini par la formule :
c
D(x, y) = sup
f ∈H(D,∆)
ρ(f (x), f (y)),
o` u ρ est la distance de Poincar´ e sur le disque-unit´ e ∆. De mˆ eme, la m´ etrique infinit´ esimale associ´ ee E
Dest d´ efinie (voir [3, 4 et 6]) par
E
D(x, v) = sup
f ∈H(D,∆)
|f
0(x).v| (x ∈ D, v ∈ C
n).
D’apr` es E. Vesentini [10 et 11], on dit qu’une application holomorphe ϕ du disque-unit´ e ∆ dans D est une g´ eod´ esique complexe de D si ϕ est une isom´ etrie pour les distances de Carath´ eodory c
∆et c
D. D’apr` es E. Vesentini [11], nous avons la caract´ erisation suivante des g´ eod´ esiques complexes de D.
Th´ eor` eme 2.1. Soit D un domaine born´ e de C
n. Soit ϕ : ∆ → D une ap- plication holomorphe, et supposons que l’une des deux conditions suivantes soit satisfaite :
(i) E
D(ϕ(0), ϕ
0(0)) = 1;
(ii) il existe deux points distincts α et β de ∆ tels que c
D(ϕ(α), ϕ(β)) = c
∆(α, β).
Alors ϕ est une g´ eod´ esique complexe de D.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Supposons par exemple que (ii) est vrai. A l’aide du th´ eor` eme de Montel, on montre qu’il existe une application holomorphe f de D dans ∆ telle que
ρ(f (ϕ(α)), f (ϕ(β))) = ρ(α, β).
Quitte ` a composer f avec un automorphisme analytique de ∆, on peut supposer que
f ◦ϕ(α) = α, f ◦ϕ(β) = β.
D’apr` es le lemme de Schwarz, f ◦ϕ = id
∆, et comme les applications holomorphes sont contractantes pour la distance de Carath´ eodory, ceci suffit ` a d´ emontrer le r´ esultat. Le cas (i) se traite de mani` ere analogue.
Soit maintenant D la boule-unit´ e ouverte de C
npour une norme k · k. Pour tout x 6= 0 de C
n, le th´ eor` eme 2.1 et le th´ eor` eme de Hahn-Banach montrent que l’application de ∆ dans D
ζ → ϕ(ζ) = ζ x kxk est une g´ eod´ esique complexe de D.
Rappelons qu’un point x appartenant ` a la fronti` ere de D est un point com- plexe-extr´ emal de D si la relation x + ζy ∈ D pour tout ζ ∈ ∆ entraˆıne y = 0.
On d´ eduit de E. Vesentini [10 et 11] le r´ esultat suivant.
Th´ eor` eme 2.2. Supposons que x/kxk soit un point complexe-extremal de D.
Alors l’application ϕ d´ efinie par ϕ(ζ) = ζx/kxk est l’unique g´ eod´ esique complexe de D telle que ϕ(0) = 0 et ϕ
0(0) = x/kxk.
Nous pouvons alors montrer le lemme suivant.
Lemme 2.3. Soient D
1et D
2deux domaines born´ es de C
n, et soit f : D
1→ D
2une application holomorphe. Soit a un point de D, et soit v un vecteur non nul de C
ntel que
E
D2(f (a), f
0(a).v) = E
D1(a, v).
Si ϕ : ∆ → D est une g´ eod´ esique complexe de D
1telle que ϕ(0) = a et que ϕ
0(0) soit colin´ eaire ` a v, alors f ◦ϕ est une g´ eod´ esique complexe de D
2.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Soit ϕ une g´ eod´ esique complexe de D
1telle que ϕ(0) = a et que ϕ
0(0) soit colin´ eaire ` a v. D’apr` es le lemme 2.1,
E
D1(ϕ(0), ϕ
0(0)) = 1.
D’apr` es l’hypoth` ese du lemme, ceci entraˆıne que
E
D2(f ◦ϕ(0), (f ◦ϕ)
0(0)) = 1,
et f ◦ϕ est une g´ eod´ esique complexe de D
2.
On d´ eduit en particulier de ce r´ esultat que, pour tout point x appartenant ` a l’image de ϕ, on a
c
D2(f (a), f (x)) = c
D1(a, x).
Signalons enfin que, d’apr` es un r´ esultat de L. Lempert [7] et de H. Royden et P.
Wong [8], ´ etant donn´ e un domaine born´ e convexe D de C
n, il existe toujours des g´ eod´ esiques complexes dans D. Plus pr´ ecis´ ement, ´ etant donn´ es deux points a et b de D, il existe une g´ eod´ esique complexe ϕ telle que a et b appartiennent ` a ϕ(∆)
; de mˆ eme, ´ etant donn´ es un point a de D et un vecteur v de C
n, il existe une g´ eod´ esique complexe ϕ : ∆ → D telle que ϕ(0) = a et que ϕ
0(0) soit colin´ eaire
` a v.
3. Caract´ erisation des isomorphismes ` a l’aide de la m´ etrique infi- nit´ esimale de Carath´ eodory. Dans ce paragraphe, nous allons montrer une caract´ erisation des isomorphismes analytiques d’un domaine born´ e convexe sur un autre domaine born´ e ` a l’aide de la m´ etrique infinit´ esimale de Carath´ eodory.
Plus pr´ ecis´ ement, nous allons montrer le th´ eor` eme suivant.
Th´ eor` eme 3.1. Soient D
1et D
2deux domaines born´ es de C
n, et supposons que D
1soit convexe. Soit a un point de D
1, et soit f : D
1→ D
2une application holomorphe. Supposons que, pour tout v ∈ C
n, on ait
E
D2(f (a), f
0(a).v) = E
D1(a, v).
Alors, f est un isomorphisme analytique de D
1sur D
2.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Montrons d’abord que, pour tout x ∈ D
1, c
D2(f (a), f (x)) = c
D1(a, x).
En effet, nous avons d´ ej` a dit qu’´ etant donn´ es deux points x et y de D
1, il existe une g´ eod´ esique complexe ϕ : ∆ → D
1telle que x et y appartiennent ` a ϕ(∆). Soit donc ϕ une g´ eod´ esique complexe telle que ϕ(0) = a et que ϕ(ζ) = x, pour un certain ζ ∈ ∆. Comme f
0(a) est une isom´ etrie pour la m´ etrique infinit´ esimale de Carath´ eodory, on a, pour tout v ∈ C :
E
D2((f ◦ϕ)(0), (f ◦ϕ)
0(0).v) = E
D1(ϕ(0), ϕ
0(0).v) = E
∆(0, v).
D’apr` es le th´ eor` eme 2.1, f ◦ϕ est une g´ eod´ esique complexe. On a donc : c
D2((f ◦ϕ)(0), (f ◦ϕ)(ζ)) = c
∆(0, ζ),
ce qui prouve l’´ egalit´ e annonc´ ee.
Comme D
1est convexe, d’apr` es L. Harris [6], les boules pour la distance de Carath´ eodory sont relativement compactes dans D
1. On en d´ eduit que f est une application holomorphe propre de D
1dans D
2. D’apr` es le th´ eor` eme de Remmert- Stein, f (D
1) est un sous-ensemble analytique de D
2, et, d’apr` es le th´ eor` eme d’inversion locale, f (D
1) contient un voisinage de f (a). Ainsi, f (D
1) = D
2.
Nous pouvons alors achever la d´ emonstration du th´ eor` eme 3.1. L’application
f , qui est propre, est un revˆ etement ramifi´ e de D
1sur D
2; il existe donc un
sous-ensemble analytique A de D
2tel que f soit un revˆ etement de D
1\f
−1(A) sur D
2\A. Le nombre de feuillets de ce revˆ etement est fini et constant sur D
2\A.
Comme f conserve la distance de Carath´ eodory au point a et que f est un iso- morphisme analytique d’un voisinage de a sur son image, ce nombre est ´ egal ` a 1, et f est un isomorphisme analytique de D
1sur D
2.
4. Caract´ erisation des isomorphismes ` a l’aide de la m´ etrique infi- nit´ esimale de Kobayashi. Si on suppose que c’est D
2qui est convexe, il faut supposer alors que f
0(a) est une isom´ etrie pour la m´ etrique infinit´ esimale de Ko- bayashi. C’est ce que fait I. Graham [5] qui montre l’important r´ esultat suivant.
Th´ eor` eme 4.1. Soit M une vari´ et´ e complexe taut de dimension n et soit Ω un domaine born´ e strictement convexe dans C
n. Soit a un point de Ω, et soit f : M → Ω une application holomorphe qui est une isom´ etrie pour les m´ etriques infinit´ esimales de Kobayashi F
M(a, .) et F
Ω(f (a), .). Alors f est un isomorphisme analytique de M sur Ω.
Nous ne montrerons pas ce r´ esultat dont la d´ emonstration repose sur un r´ esultat d’unicit´ e des g´ eod´ esiques complexes dans Ω. Si on ne suppose pas que les g´ eod´ esiques complexes sont uniques, il n’a ´ et´ e possible pour l’instant de g´ en´ eraliser compl` etement le r´ esultat de I. Graham. Il me faut cependant signaler un int´ eressant r´ esultat d´ emontr´ e par L. Belkhchicha [1] dans le cas o` u Ω est la boule-unit´ e ouverte de C
npour une norme k.k.
Th´ eor` eme 4.2. Soit M une vari´ et´ e complexe de dimension n, sur laquelle la pseudodistance int´ egr´ ee de Carath´ eodory c
iMest une distance et telle que M soit c
iM-complet. Soit p un point de M et soit B la boule-unit´ e de C
npour une norme k.k. Soit f : M → B une application holomorphe telle que f (p) = 0 et que f
0(p) soit une isom´ etrie pour les m´ etriques infinit´ esimales de Kobayashi F
M(a, .) et F
B(f (a), .). Alors f est un isomorphisme analytique de M sur B.
Comme nous allons le voir, un des int´ erˆ ets suppl´ ementaires de ce th´ eor` eme est qu’on peut, dans une certaine mesure, le g´ en´ eraliser ` a la dimension infinie. C’est sans doute un des rares r´ esultats connus en dimension infinie, et nous allons le d´ emontrer dans le paragraphe suivant.
5. G´ en´ eralisation ` a la dimension infinie. Nous consid´ ererons le dual to- pologique E d’un espace de Banach complexe E
0. Soit D un domaine born´ e de E. Nous serons amen´ e ` a consid´ erer les hypoth` eses suivantes :
(H
1) D est complet pour la distance int´ egr´ ee de Carath´ eodory c
iD.
(H
2) Soit ϕ
n: ∆ → D une suite d’applications holomorphes du disque-unit´ e
∆ dans D convergeant uniform´ ement sur tout compact de ∆ pour la topologie
faible σ(E, E
0) vers une application holomorphe ϕ : ∆ → E. Alors, ou bien ϕ(∆)
est contenu dans la fronti` ere de D, ou bien ϕ(∆) est contenu dans D.
L’hypoth` ese (H
1) est a priori plus faible que l’hypoth` ese d’ˆ etre complet pour la distance de Carath´ eodory, et d’apr` es L. Harris [6], l’hypoth` ese (H
1) est toujours satisfaite lorsque D est un domaine born´ e convexe de E. On d´ eduit de [6] que (H
2) est v´ erifi´ ee dans les deux cas suivants :
(i) D est un domaine born´ e convexe de E, et il existe a ∈ D, et une famille σ
ide formes lin´ eaires provenant de E
0telles que :
D = {z ∈ E | Re σ
i(z − a) < 1};
(ii) D est un domaine born´ e convexe d’un espace de Banach r´ eflexif E.
Soit maintenant B la boule-unit´ e ouverte de E. Nous consid´ erons sur B l’hypoth` ese suivante :
(H
3) pour toute fonction f : B → C born´ee, continue sur B, holomorphe sur B, on a :
kf k
Ext(B)= kf k
B(o` u, par d´ efinition, kf k
A= sup
x∈A|f (x)|, et Ext(B) d´ esigne l’ensemble des points complexe-extr´ emaux de B).
L’hypoth` ese (H
3) est v´ erifi´ ee pour tout domaine convexe born´ e de C
n(voir [1]). On d´ eduit facilement du principe du maximum que, si B est telle que tous les points de la fronti` ere de B soient des points complexes-extr´ emaux de B, alors B v´ erifie (H
3). On peut aussi montrer que la condition (H
3) est satisfaite dans le cas de la boule-unit´ e ouverte B de l’espace de Banach complexe l
∞(N) des suites de nombres complexes born´ ees muni de la norme habituelle. Pour l’instant, je ne sais pas si la condition (H
3) est satisfaite pour la boule-unit´ e ouverte d’un espace de Banach r´ eflexif E.
Nous pouvons alors ´ enoncer le th´ eor` eme suivant.
Th´ eor` eme 5.1. Soit D un domaine born´ e du dual E d’un espace de Banach E
0v´ erifiant les hypoth` eses (H
1) et (H
2). Soit B la boule-unit´ e ouverte de E, et supposons que B v´ erifie (H
3). Soit a un point de D, et soit f : D → B une application holomorphe telle que f (a) = 0 et que f
0(a) soit une isom´ etrie surjective pour les m´ etriques infinit´ esimales de Kobayashi F
D(a, .) et F
B(0, .).
Alors f est un isomorphisme analytique de D sur B.
Nous d´ eduisons en particulier de ce r´ esultat le corollaire suivant [14] qui g´ en´ eralise ` a la dimension infinie un th´ eor` eme de C. Stanton [9].
Corollaire 5.2. Soit D un domaine born´ e de l’espace de Banach complexe l
∞(N) qui satisfait aux hypoth`eses (H
1) et (H
2). Supposons qu’il existe un point a de D tels que les normes de Kobayashi F
D(a, .) et de Carath´ eodory E
D(a, .) co¨ıncident. Supposons de plus que l’indicatrice
{x ∈ l
∞(N) | E
D(a, x) < 1}
soit lin´ eairement isomorphe ` a la boule-unit´ e B de l
∞(N). Alors D est analyti- quement isomorphe ` a B.
Avant de d´ emontrer ces r´ esultats, nous aurons besoin de quelques d´ efinitions et des r´ esultats pr´ eliminaires suivants.
D´ efinition 5.3. Soit ϕ : ∆ → D une application holomorphe. On dit que ϕ est une g´ eod´ esique complexe pour la m´ etrique infinit´ esimale de Kobayashi ` a l’origine si F
D(ϕ(0), ϕ
0(0)) = 1.
Nous avons alors le th´ eor` eme d’existence suivant.
Th´ eor` eme 5.4. Soit D un domaine born´ e v´ erifiant l’hypoth` ese (H
2). Soit a un point de D, et soit v ∈ E tel que F
D(a, v) = 1. Alors il existe une g´ eod´ esique complexe pour la m´ etrique de Kobayashi ` a l’origine ϕ : ∆ → D telle que ϕ(0) = a et que ϕ
0(0) = v.
D ´ e m o n s t r a t i o n. D’apr` es la d´ efinition de la m´ etrique infinit´ esimale de Ko- bayashi, il existe une suite ϕ
nd’applications holomorphes de ∆ dans D telles que ϕ
n(0) = a, ϕ
0n(0) = (1 − 1/n)v. On montre de mani` ere tout ` a fait standard en utilisant le th´ eor` eme de Montel que, selon un ultrafiltre U , ϕ
nconverge pour la topologie faible σ(E, E
0) uniform´ ement sur tout compact de ∆ vers une applica- tion holomorphe ϕ. Il est clair que ϕ(0) = a et que ϕ
0(0) = v. D’apr` es l’hypoth` ese (H
2), ϕ(∆) ⊂ D, et le th´ eor` eme est d´ emontr´ e.
Il est facile de voir qu’ˆ etre une g´ eod´ esique complexe pour la m´ etrique de Kobayashi ` a l’origine est une condition plus faible qu’ˆ etre une g´ eod´ esique pour la distance de Carath´ eodory.
Par des m´ ethodes inspir´ ees de C. Stanton [9] et de L. Belkhchicha [1], nous allons montrer le lemme suivant.
Lemme 5.5. Soit D un domaine born´ e d’un espace de Banach complexe E, et supposons que D v´ erifie les hypoth` eses (H
1) et (H
2). Soit B la boule-unit´ e ouverte de E, et supposons que B v´ erifie l’hypoth` ese (H
3). Soit f : D → B une application holomorphe, et supposons qu’il existe un point a de D tel que f (a) = 0 et que f
0(a) soit une isom´ etrie surjective pour la m´ etrique infinit´ esimale de Kobayshi.
Alors f v´ erifie les deux propri´ et´ es suivantes : (i) ∀x ∈ D, ∀y ∈ D, c
B(f (x), f (y)) = c
D(x, y);
(ii) ∀x ∈ D, ∀v ∈ E, E
B(f (x), f
0(x).v) = E
D(x, v).
Ainsi , f est une isom´ etrie pour la distance de Carath´ eodory de D sur f (D).
D ´ e m o n s t r a t i o n. Etant donn´ es x et y dans D (resp. x ∈ D et v ∈ E), on montre facilement en utilisant le th´ eor` eme de Montel qu’il existe une application holomorphe F : D → ∆ qui r´ ealise exactement la distance de Carath´ eodory de x et y (resp. la m´ etrique infinit´ esimale E
D(x, v)), c’est-` a-dire telle que
c
∆(F (x), F (y)) = c
D(x, y) (resp. E
∆(F (x), F
0(x).v) = E
D(x, v)).
D’apr` es le th´ eor` eme d’inversion locale, il existe un voisinage U de a et un voisinage V de 0 = f (a) tel que f soit un isomorphisme analytique de U sur V . Alors (f
|U)
−1est une application holomorphe de V sur U , et soit G l’application holomorphe de V dans ∆ d´ efinie par
G(z) = F ◦(f
|U)
−1(z)
Nous allons montrer que G se prolonge en une application holomorphe de B dans ∆.
Remarquons d’abord que G est d´ efinie dans un voisinage de l’origine dans E et admet donc un d´ eveloppement en s´ erie de polynˆ omes homog` enes
G(z) =
∞
X
n=0
P
n(z),
o` u P
n(z) est un polynˆ ome homog` ene de degr´ e n, et ce d´ eveloppement converge dans un voisinage de l’origine suffisamment petit.
Soit maintenant u un point complexe-extremal de B, et soit t un vecteur de E tel que f
0(a).t = u. On sait que F
B(0, u) = 1, et comme f
0(a) est une isom´ etrie pour la m´ etrique infinit´ esimale de Kobayashi, F
D(a, t) = 1. Il existe donc une g´ eod´ esique complexe pour la m´ etrique infinit´ esimale de Kobayashi ` a l’origine ϕ : ∆ → D telle que ϕ(0) = a, ϕ
0(0) = t.
Il est clair que f ◦ϕ est une g´ eod´ esique complexe pour la m´ etrique infinit´ esimale de Kobayashi, mais, comme B est convexe, on sait d’apr` es L. Lempert [7], H. Roy- den et P. Wong [8] que les distances de Carath´ eodory et de Kobayashi co¨ıncident sur B. Ainsi donc, f ◦ϕ est une g´ eod´ esique complexe pour la distance de Ca- rath´ eodory (ce qui entraˆıne qu’il en est de mˆ eme pour ϕ), et d’apr` es le th´ eor` eme d’unicit´ e de E. Vesentini, on a :
f (ϕ(ζ)) = ζu.
Ces r´ esultats montrent ´ egalement que f est un isomorphisme de ϕ(∆) sur f (ϕ(∆)). Calculons G(f (ϕ(ζ))). On trouve
G(f (ϕ(ζ))) = F (ϕ(ζ)),
et la fonction G◦f ◦ϕ est une application holomorphe de ∆ dans ∆. Son d´ evelop- pement en s´ erie est obtenu par substitution dans le d´ eveloppement de G, et on trouve
G(f (ϕ(ζ))) =
∞
X
n=0
P
n(ζu) =
∞
X
n=0
ζ
nP
n(u).
On d´ eduit des in´ egalit´ es de Cauchy que kP
n(u)k ≤ 1. En faisant ce raisonnement pour tout point u ∈ Ext(B), on d´ eduit que kP
nk
Ext(B)≤ 1, et d’apr` es l’hypoth` ese (H
3), ceci entraˆıne que
kP
nk
B≤ 1.
Pour tout z ∈ B, on a donc kP
n(z)k ≤ kzk
n. On d´ eduit imm´ ediatement que G
se prolonge en une application holomorphe de B dans C. Soit maintenant r < 1,
et soit B
rla boule de centre 0 et de rayon r. En utilisant G◦f ◦ϕ, on montre de mˆ eme que kGk
Ext(Br)
< 1. On en d´ eduit que kGk
Br
≤ 1, ce qui montre que G se prolonge en une application holomorphe de B dans ∆.
Au voisinage de a dans D, on a G◦f = F . D’apr` es le th´ eor` eme de prolongement analytique, on a, pour tout z ∈ D,
G◦f (z) = F (z).
En particulier,
G(f (x)) = F (x), G(f (y)) = F (y)
(resp. G(f (x)) = F (x), G
0(f (x)).(f
0(x).v) = F
0(x).v), ce qui montre l’´ egalit´ e annonc´ ee
c
B(f (x), f (y)) = c
D(x, y) (resp. E
B(f (x), f
0(x).v) = E
D(x, v)).
Ceci permet de montrer que, pour tout x ∈ D, f
0(x) est un isomorphisme lin´ eaire de E. D’apr` es le th´ eor` eme d’inversion locale, f est un isomorphisme ana- lytique de D sur son image. En utilisant le fait que D est complet pour c
iD, il est facile de montrer que f est un isomorphisme analytique de D sur B, et le th´ eor` eme est d´ emontr´ e.
Il est int´ eressant et amusant de remarquer que la d´ emonstration du th´ eor` eme 5.1 fait intervenir ` a la fois les m´ etriques de Carath´ eodory et de Kobayashi.
Bibliographie
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