LXI.4 (1992)
Sur la norme du groupe des unit´ es d’extensions quadratiques relatives
par
Georges Gras (Besan¸ con)
0. Introduction. R´ ecemment, plusieurs articles ont trait´ e de la ques- tion de la norme de l’unit´ e fondamentale d’un corps quadratique r´ eel, ceci par des m´ ethodes vari´ ees:
(α) M. Hikita (cf. [H, corollary, p. 87]);
(β) R. Pioui (cf. [P, corollaire (4.9)]);
(γ) A. Costa and R. Kingan (cf. [C-K, propositions 1.2, 1.2
0et corollaries 1.1, 1.2, 1.3, 1.3
0]);
(δ) J. Hurrelbrink (cf. [Hu, proposition 1.1, theorem 1.6, proposition 2.1]).
L’un des r´ esultats typiques ´ enonc´ es dans les articles ci-dessus est le sui- vant (ou lui est ´ equivalent) :
(0.1) Proposition. Soient K = Q( √
d), K
0= Q( √
−d), d > 0 pair sans facteur carr´ e et sans diviseurs premiers congrus ` a 3 modulo 4; soient H
ordK, H
ordK0les 2-Sylow du groupe des classes au sens ordinaire de K, K
0, et soit ε l’unit´ e fondamentale de K. Alors les conditions suivantes sont ´ equivalentes :
(i) H
ordKest ´ el´ ementaire et N
K/Qε = −1;
(ii) H
ordK0est ´ el´ ementaire (
1).
On peut aussi ´ enoncer ce r´ esultat en termes de cardinalit´ es h, h
0des H
ord, car si t est le nombre de diviseurs premiers de d (y compris 2), les conditions (i), (ii) sont respectivement ´ equivalentes ` a :
(i)
0h = 2
t−1et N
K/Qε = −1;
(ii)
0h
0= 2
t−1.
Dans (α) (resp. (β)), ce r´ esultat est obtenu par des congruences ` a partir des fonctions L-complexes (resp. 2-adiques); dans (γ), il s’agit de techniques
(1) Un 2-groupe fini est dit ´el´ementaire s’il est annul´e par 2.
utilisant des formes modulaires ainsi que leurs liens avec les fonctions L, et, dans (δ), le r´ esultat est obtenu de fa¸con classique ` a partir de [C-H].
En fait, un tel r´ esultat est une application imm´ ediate de principes g´ e- n´ eraux que nous avions donn´ es dans [G1,2] pour interprˆ eter et syst´ ematiser d’anciens r´ esultats de R´ edei [R1,2], Scholtz [S], Inaba [I], Fr¨ ohlich [F] et d’autres, et pour les ´ etendre au cas des extensions relatives.
Nous avons obtenu le r´ esultat principal (2.1) qui donne une classe na- turelle d’extensions quadratiques K/k pour lesquelles une unit´ e de k est norme d’unit´ e si et seulement si elle est norme dans K/k; voir ´ egalement le r´ esultat (3.2) qui g´ en´ eralise (0.1) mˆ eme lorsque k = Q (cf. (3.4)).
(0.2) Hypoth` ese. On fixe un corps de base k totalement r´ eel et 2- principal au sens restreint (i.e. H
resk= 1 (cf. (0.3))).
(0.3) N o t a t i o n s. (i) On d´ esigne par H
ordL(resp. H
resL) le 2-groupe des classes au sens ordinaire (resp. restreint) d’un corps de nombres L, par E
Lson groupe des unit´ es. On appelle I
L, P
Lord(resp. P
Lres) le groupe des id´ eaux de L, le sous-groupe des id´ eaux principaux au sens ordinaire (resp. restreint);
H
ordLet H
resLsont donc les 2-Sylow des groupes I
L/P
Lordet I
L/P
Lres.
Si σ
1, . . . , σ
rLsont les r
Lplongements r´ eels de L, et si s
L: L
×→ {±1}
rLest l’homomorphisme de signature, d´ efini par
s
L(x) = (signe (σ
i(x)))
i=1,...,rL,
alors on a P
Lres= {(x) : x ∈ L
×, s
L(x) = 1} ainsi que les suites exactes suivantes qui relient sens ordinaire et sens restreint :
1 → P
Lord/P
Lres→ H
resL→ H
ordL→ 1, 1 → E
L/E
L+→ L
×/L
×+→ P
Lord/P
Lres→ 1, o` u L
×+= Ker(s
L) et E
L+= E
L∩ Ker(s
L).
(ii) Soit K une extension quadratique de k, K = k( √
δ), δ ∈ k
×− k
×2; soit G = hτ i = Gal(K/k) et soit N = N
K/k. On d´ esigne par p
1, . . . , p
tles id´ eaux premiers de k ramifi´ es dans K/k (d’apr` es (0.2) et le corps de classes, on a t ≥ 1), et on d´ esigne par ∞
1, . . . , ∞
t∞, t
∞≥ 0, les places ` a l’infini r´ eelles de k ramifi´ ees dans K/k. Si l’on pose [k : Q] = m, le nombre r
Kde plongements r´ eels de K est donn´ e par r
K= 2%, o` u % = m−t
∞. Si σ
1, . . . , σ
%(resp. σ
%+1, . . . , σ
%+t∞) sont les plongements de k dont les prolongements ` a K sont r´ eels (resp. complexes), on d´ esigne ceux de K sous la forme suivante (par abus de notation) :
σ
1, σ
1τ, . . . , σ
%, σ
%τ (resp. σ
%+1, σ
%+1τ, . . . , σ
%+t∞, σ
%+t∞τ ).
Les t
∞places ` a l’infini ∞
jde k, ramifi´ ees dans K/k, correspondent donc aux σ
%+j, j = 1, . . . , t
∞, pour lesquels on a pr´ ecis´ ement σ
%+j(δ) < 0.
(iii) On note par (a, b)
ple symbole de Hilbert usuel, ` a valeurs dans
{±1}, o` u a, b ∈ k
×et o` u p est une place arbitraire de k, et on pose (a, b)
p=
(−1)
[a,b]p(on dira par abus que [a, b]
p∈ F
2est le symbole de Hilbert en notation additive). Pour j ∈ {1, . . . , t
∞}, on a (δ, a)
∞j= −1 si et seulement si σ
%+j(a) < 0.
(0.3.1) R e m a r q u e. L’hypoth` ese (0.2) implique s
k(E
k) = s
k(k
×) = {±1}
m, soit (E
k: E
k+) = 2
m= (E
k: E
k2), d’o` u E
k+= E
k2.
(0.3.2) R e m a r q u e. Le corps k ´ etant seulement suppos´ e 2-principal au sens restreint, pour tout id´ eal a de k, il existe q ∈ 1 + 2Z tel que a
q= (a) avec a ∈ k
×+; par commodit´ e on d´ esignera par ˜ a une telle puissance de a (q est par exemple le nombre de classes du corps k). En particulier, en ce qui concerne le nombre δ dans (0.3)(ii), on peut toujours supposer que (δ) = ˜ p
1. . . ˜ p
t0, t
0≤ t, quitte ` a remplacer δ par une puissance impaire, puis choisir un repr´ esentant convenable modulo k
×2.
La m´ ethodologie d´ evelopp´ ee dans [G1,2] peut se r´ esumer en l’´ enonc´ e suivant (sous l’hypoth` ese (0.2) et avec les notations (0.3) pr´ ec´ edentes rela- tivement ` a l’extension quadratique K/k):
(0.4) Th´ eor` eme ([G1, th. (4.3), p. 41; corol. (4.4), p. 42]). Soit H un sous-G-module de H
resKet soit e H = {h ∈ H
resK: h
1−τ∈ H}; alors
| e H/H| = 2
t−1−r, o` u r ≤ t − 1 est le F
2-rang de la matrice suivante de symboles de Hilbert en notation additive :
M (a
1, . . . , a
n) = ([δ, a
i]
pj)
i=1,...,n, j=1,...,to` u les a
isont d´ etermin´ es ainsi : Soit I = hA
1, . . . , A
ni un sous-G-module de I
Ktel que IP
Kres/P
Kres= H; soit Λ l’image r´ eciproque de N I = hN A
1, . . . . . . , N A
ni ⊂ P
krespar l’application canonique ψ : k
×+→ P
kres; on pose alors Λ = ha
1, . . . , a
niE
k2.
(0.5) R e m a r q u e. Pour le calcul de r = r(Λ), on peut remplacer Λ par tout groupe Λ
0tel que Λ
0NK
×= ΛNK
×: en effet, si a
0∈ Λ
0, il vient a
0∈ aNK
×, a ∈ Λ, soit (δ, a
0)
p= (δ, a)
ppour toute place p de k;
ceci exprime que r(Λ
0) ≤ r(Λ), d’o` u l’´ egalit´ e par sym´ etrie. On ´ ecrit alors Λ
0∼ Λ.
1. Caract´ erisation des H
resK´ el´ ementaires. On a (H
resK)
2= 1 si et seulement si H
resK= (H
resK)
G, car, puisque H
resk= 1, pour tout h ∈ H
Kreson a h
2= h
1−τh
1+τ= h
1−τ. Par un argument ´ el´ ementaire (i.e. le fait que H = H ´ e equivaut ` a H = H
resK), il suffit de traduire, ` a partir de (0.4), que r = t − 1 relativement ` a H = (H
resK)
G(ce qui fait l’objet de l’´ enonc´ e (1.6)).
(1.1) Lemme. Le groupe (H
resK)
Gest d’ordre 2
t−1et est engendr´ e par les
classes (au sens restreint ) des ´ el´ ements de P
Kordet des id´ eaux e P
jo` u P
jest
au-dessus de p
j, j = 1, . . . , t (cf. (0.3), (0.3.2)).
Soit A ∈ I
Ktel que A
1−τ= (α), α ∈ K
×+; on a donc Nα = ε ∈ E
k+, mais d’apr` es (0.3.1), E
k+= E
k2. On a alors Nα = η
2, η ∈ E
k, d’o` u α = ηβ
1−τ, β ∈ K
×, d’o` u A
1−τ= (β)
1−τ, et il existe b ∈ I
k, B ∈ hP
1, . . . , P
ti, o` u N P
j= p
j, tels que A = (β)(b)B; comme b ∈ I
k= P
kres, la seconde partie du lemme en r´ esulte. Quant au nombre de classes au sens restreint, invariantes, il a ´ et´ e donn´ e dans [G1, th. (4.1), p. 26].
Soit P = h(β
1), . . . , (β
u)i, β
i∈ K
×, tels que PP
Kres= P
Kord; alors on pose I = Ph e P
1, . . . , e P
ti; d’o` u N I = h(N β
1), . . . , (N β
u), ˜ p
1, . . . , ˜ p
ti ⊂ P
kres.
Il existe des b
i∈ k
×+et des η
i∈ E
ktels que (1.1.1) η
iN β
i= b
i, i = 1, . . . , u ;
de mˆ eme il existe des π
j∈ k
×+tels que ˜ p
j= (π
j), j = 1, . . . , t; d’o` u par ψ
−1,
Λ = E
k+hb
1, . . . , b
u, π
1, . . . , π
ti = E
k2hb
1, . . . , b
u, π
1, . . . , π
ti .
(1.2) Lemme. On a Λ ∼ Λ
0= F hπ
1, . . . , π
ti (cf. (0.5)), o` u F = {η ∈ E
k: (δ, η)
∞j= 1, pour j = 1, . . . , t
∞} (cf. (0.3)(iii)).
D’apr` es (1.1.1), on a η
i∈ F , i = 1, . . . , u; d’o` u Λ ⊂ Λ
0NK
×. Inverse- ment, si η ∈ E
kest norme locale en les places ` a l’infini ∞
j, j = 1, . . . , t
∞, η est norme locale en toutes les places ` a l’infini de k car (δ, η)
∞= 1 si ∞ est non ramifi´ ee dans K/k, donc il existe β ∈ K
×tel que b = ηN β ∈ k
×+; comme (β) ∈ PP
Kres⊂ IP
Kres, N (β) ∈ N IN(P
Kres), d’o` u (b) ∈ N IN(P
Kres) et b ∈ ΛNK
×+; d’o` u η ∈ ΛNK
×. D’o` u le lemme.
(1.3) Lemme. On a (F : E
k2) = 2
%(cf. (0.3)(ii)).
En effet, on a la suite exacte 1 → F → E
k→ {±1}
f t∞→ 1,
o` u f (ε) = (signe σ
%+j(ε))
j=1,...,t∞, la surjectivit´ e r´ esultant de l’´ egalit´ e s
k(E
k) = s
k(k
×); on a
Ker f = {η ∈ E
k: σ
%+j(η) > 0, j = 1, . . . , t
∞}
= {η ∈ E
k: (δ, η)
∞j= 1, pour j = 1, . . . , t
∞} = F.
D’o` u (E
k: F ) = 2
t∞, soit (F : E
k2) = 2
%.
(1.4) R e m a r q u e. Si K est totalement r´ eel (resp. totalement imagi- naire), alors on a Λ ∼ E
khπ
1, . . . , π
ti (resp. Λ ∼ hπ
1, . . . , π
ti).
(1.5) N o t a t i o n s. On rappelle que π
1, . . . , π
t∈ k
×+sont des g´ en´ era- teurs de puissances impaires convenables des id´ eaux p
1, . . . , p
tde k ramifi´ es dans K/k; on d´ esigne par η
1, . . . , η
%des unit´ es de k telles que hη
1, . . . , η
%iE
k2= F (cf. (1.2), (1.3)). On pose alors
(a
1, . . . , a
n) = (η
1, . . . , η
%, π
1, . . . , π
t), n = % + t = m − t
∞+ t,
et on consid` ere la matrice ` a coefficients dans F
2:
M (a
1, . . . , a
n) = M (η
1, . . . , η
%, π
1, . . . , π
t) = ([δ, a
i]
pj)
i=1,...,n, j=1,...,t. En r´ esum´ e, on a obtenu sous (0.2), et pour K/k quadratique :
(1.6) Th´ eor` eme. On a |H
resK| = 2
t−1(i.e. H
resKest ´ el´ ementaire) si et seulement si M (η
1, . . . , η
%, π
1, . . . , π
t) est de rang t − 1 (cf. (1.5)).
(1.7) R e m a r q u e. Ce r´ esultat peut ˆ etre consid´ er´ e comme la g´ en´ erali- sation du crit` ere de R´ edei pour les extensions quadratiques de Q, car dire que H
resKest ´ el´ ementaire revient ` a dire que le 4-rang de ce groupe est nul;
or comme (H
resK)
1+σ= 1, 1 − σ op` ere comme 2 et il en r´ esulte que ce 4-rang est ´ egal ` a t − 1 − r.
Ceci ach` eve l’application de (0.4) pour H = (H
Kres)
G. Nous allons voir dans le §2 ce qu’implique une telle situation au niveau du groupe NE
K.
2. R´ esultat principal. Nous faisons intervenir maintenant le groupe H
ordK. Le r´ esultat principal est le suivant :
(2.1) Th´ eor` eme. Soit K = k(
√
δ) une extension quadratique d’un corps k totalement r´ eel et 2-principal au sens restreint. Alors les conditions sui- vantes sont ´ equivalentes (cf. Notations (0.3) et (1.5)) :
(i) |H
ordK| = 2
t−1+t∞/(E
k: E
k∩ NK
×) (i.e. H
ordKest ´ el´ ementaire) et NE
K= E
k∩ NK
×;
(ii) M (η
1, . . . , η
%, π
1, . . . , π
t) est de rang t−1 (i.e. H
resKest ´ el´ ementaire).
(2.2) Corollaire. Les conditions suivantes sont ´equivalentes:
(i) |H
ordK| = 2
t−1et (E
k: NE
K) = 2
t∞;
(ii) |H
ordK| = 2
t−1et (E
k: E
k∩ NK
×) = 2
t∞et NE
K= E
k∩ NK
×; (iii) (E
k: E
k∩ NK
×) = 2
t∞et M (π
1, . . . , π
t) est de rang t − 1.
D ´ e m o n s t r a t i o n s . D´ efinissons, dans s
k(k
×) = {±1}
m:
S
R= {(. . . , signe (σ
i(a)), . . . ; . . . , 1, . . .) : a ∈ k
×, σ
i(δ) > 0, i = 1, . . . , %}, S
C= {(. . . , 1, . . . ; . . . , signe (σ
%+j(a)), . . .) : a ∈ k
×, σ
%+j(δ) < 0,
j = 1, . . . , t
∞}, de telle sorte que s
k(k
×) = S
R⊕ S
C.
On a, sur s
K(K
×), une norme (not´ ee encore N ) telle que N (s
1, s
01, . . . , s
%, s
0%) = (s
1s
01, . . . , s
%s
0%),
o` u s
i= signe (σ
i(α)), s
0i= signe (σ
iτ (α)), α ∈ K
×, pour les 2% plongements
r´ eels σ
i, σ
iτ , i = 1, . . . , %, de K; on a le diagramme commutatif suivant : K
× s→
Ks
K(K
×) ' {±1}
2%N
y
y
Nk
×→
sks
k(k
×) ' {±1}
%+t∞On v´ erifie que N ◦ s
K(K
×) ' S
R.
(2.3) Lemme. On a 2
%(NE
K: E
k2) = |s
K(E
K)|.
Soit S
0le noyau de N dans s
K(K
×); on a s
K(E
k) ⊆ S
0car pour ε
0∈ E
k, N ◦ s
K(ε
0) = s
k(N ε
0) = s
k(ε
20) = 1. Comme S
0= {(s
1, s
1, . . . , s
%, s
%) : s
i=
±1}, et comme s
k(E
k) = s
k(k
×), on en d´ eduit l’´ egalit´ e S
0= s
K(E
k). Soit alors S
1un suppl´ ementaire de S
0dans s
K(E
K); on a s
K(E
K) = S
0⊕ S
1, d’o` u, par N qui est injective sur S
1, S
1' N S
1= N (s
K(E
K)) = s
k◦N (E
K);
par cons´ equent la suite exacte
1 → E
k2→ NE
K→ s
sk k◦ N (E
K) → 1
conduit ` a (NE
K: E
k2) = |S
1| = |s
K(E
K)|/|S
0|; d’o` u le lemme puisque
|S
0| = 2
%.
Montrons l’implication (i)⇒(ii) du th´ eor` eme : L’´ egalit´ e NE
K= E
k∩ NK
×implique, via (2.3),
|s
K(E
K)| = 2
%(E
k∩ NK
×: E
k2) = 2
%+m/(E
k: E
k∩ NK
×), soit (cf. (0.3)(i))
|H
resK||H
ordK|
−1= 2
2%(E
k: E
k∩ NK
×)/2
%+m= (E
k: E
k∩ NK
×)/2
t∞; d’apr` es l’expression classique de |(H
ordK)
G| (cf. [G1, p. 25]), la premi` ere con- dition de (2.1)(i) signifie bien que H
ordKest ´ el´ ementaire, d’o` u
|H
resK| = |H
ordK|(E
k: E
k∩ NK
×)/2
t∞= 2
t−1;
comme |(H
resK)
G| = 2
t−1(cf. (1.1)), H
resKest aussi ´ el´ ementaire, ce qui donne (ii) grˆ ace ` a (1.6).
Montrons ensuite l’implication (ii)⇒(i) : Si H
resKest ´ el´ ementaire, H
ordK, qui en est un quotient, est ´ el´ ementaire et on a donc |H
ordK| = 2
t−1+t∞/(E
k: E
k∩ NK
×) (premi` ere condition de (i)). On a ´ egalement |H
resK| = 2
t−1; d’o` u
|H
resK||H
ordK|
−1= (E
k: E
k∩ NK
×)/2
t∞. Comme
|H
resK||H
ordK|
−1= |s
K(K
×)|/|s
K(E
K)| = 2
2%/|s
K(E
K)| = 2
%/(NE
K: E
k2)
(d’apr` es (2.3)), il vient (E
k: E
k∩ NK
×)/2
t∞= 2
%/(NE
K: E
k2), soit (E
k:
E
k∩ NK
×)(NE
K: E
k2) = 2
m, ce qui implique E
k∩ NK
×= NE
K.
Etablissons enfin (2.2) : Si on a (i), on a
|(H
ordK)
G| = 2
t−12
t∞/(E
k: E
k∩ NK
×) ≤ 2
t−1,
soit (E
k: E
k∩ NK
×) ≥ 2
t∞; mais (E
k: E
k∩ NK
×) divise (E
k: NE
K) = 2
t∞, et n´ ecessairement (E
k: E
k∩ NK
×) = 2
t∞, d’o` u (ii).
Ensuite, (ii) n’est autre que le point (i) de (2.1) avec la condition suppl´ e- mentaire (E
k: E
k∩ NK
×) = 2
t∞, ce qui conduit au point (iii) de (2.2) avec la matrice M (η
1, . . . , η
%, π
1, . . . , π
t) au lieu de M (π
1, . . . , π
t); mais on a E
k∩ NK
×⊆ F (cf. (1.2)) et
(F : E
k∩ NK
×) = (F : E
k2)/(E
k∩ NK
×: E
k2) = 2
%/2
m−t∞= 1 (cf. (1.3)), d’o` u E
k∩ NK
×= F , auquel cas hη
1, . . . , η
%, π
1, . . . , π
ti ∼ hπ
1, . . . . . . , π
ti.
Enfin, si le rang de M (π
1, . . . , π
t) est t − 1, celui de M (η
1, . . . , η
%, π
1, . . . . . . , π
t) est a fortiori t − 1, ce qui est le point (ii) de (2.1), d’o` u (i) de (2.1) qui, compte-tenu de l’´ egalit´ e (E
k: E
k∩ NK
×) = 2
t∞, donne (i) de (2.2).
(2.4) Corollaire. Si K est totalement r´eel et si E
k⊂ NK
×, alors les conditions suivantes sont ´ equivalentes :
(i) |H
ordK| = 2
t−1et NE
K= E
k; (ii) M (π
1, . . . , π
t) est de rang t − 1.
En particulier , si K est totalement r´ eel et si t = 1, alors |H
ordK| = 1 et NE
K= E
k.
3. Application ` a la g´ en´ eralisation de (0.1). Le principe est de consid´ erer deux corps quadratiques K = k( √
δ) et K
0= k( √
δ
0), δ, δ
0∈ k
×− k
×2, pour lesquels les conditions du th´ eor` eme (2.1) (ou du corollaire (2.2)) pour K soient ´ equivalentes aux conditions analogues pour K
0, de telle sorte que, lorsqu’elles ont lieu, l’on puisse ´ ecrire
|H
ordK| = 2
t−1et (E
k: NE
K) = 2
t∞⇔ |H
Kord0| = 2
t0−1et (E
k: N
0E
K0) = 2
t0∞. Une fa¸ con simple de r´ ealiser cette situation est de prendre K = k( √
δ), K
0= k( √
−δ) avec δ ∈ k
×+(donc K est totalement r´ eel et K
0totalement imaginaire) et de faire les hypoth` eses suivantes :
(α) E
k⊂ NK
×;
(β) le nombre premier 2 est non d´ ecompos´ e dans k/Q.
On remarque alors que |t
0− t| ≤ 1, et si t
06= t, il s’agit de l’id´ eal premier
au-dessus de 2 qui se ramifie dans une seule des deux extensions quadratiques
(auquel cas δ peut ˆ etre suppos´ e “impair”).
On remarque enfin que E
k∩ N
0K
0×= E
k+= E
k2= N
0E
K0puisque N
0K
0×⊂ k
×+. On a alors t
∞= 0, t
0∞= m, et les conditions (i), (ii) (resp. (i)
0, (ii)
0) de (2.1) relatives ` a K (resp. K
0) deviennent ici (compte- tenu de (α), (β), et avec des notations ´ evidentes):
(i) |H
ordK| = 2
t−1et NE
K= E
k;
(ii) M (π
1, . . . , π
t) = ([δ, π
i]
pj)
i,j=1,...,test de rang t − 1;
(i)
0|H
ordK0| = 2
t0−1;
(ii)
0M
0= M (π
10, . . . , π
t00) = ([−δ, π
0i]
p0j)
i,j=1,...,t0est de rang t
0− 1.
(3.1) Lemme. On a (−δ, π
i0)
p0j= (δ, π
0i)
p0jpour tout i, j = 1, . . . , t
0, et , de mˆ eme, (δ, π
i)
pj= (−δ, π
i)
pjpour tout i, j = 1, . . . , t.
Calculons (−1, π
i0)
p0j. Si p
0jne divise pas 2 alors il divise (δ) et est donc ´ egal ` a un p
jramifi´ e dans K/k; comme −1 est norme dans K/k, on a (δ, −1)
pj= 1; or (δ, −1)
pj= (−1/p
j) (symbole de reste quadratique), et on a donc (−1/p
j) = 1; mais (−1, π
i0)
pj= 1 pour i 6= j et est donn´ e par (−1/p
j) sinon, d’o` u (−1, π
i0)
p0j= 1 dans ce cas. Si p
0jdivise 2, ce qui en vertu de (β) se produit au plus une fois, la formule du produit Q
p0
(−1, π
i0)
p0= 1, p
0par- courant l’ensemble des places de k, conduit au r´ esultat car (−1, π
0i)
∞= 1 pour les places ` a l’infini de k (π
i0∈ k
×+).
La seconde partie du lemme est analogue.
On a alors essentiellement 2 cas :
(i) t
0= t, qui conduit ` a M
0= M d’apr` es (3.1);
(ii) t
0= t + 1, qui conduit, en vertu de (3.1), ` a
M
0=
M
[δ, π
1]
p0.. . [δ, π
t]
p0[δ, π
0]
p1. . . [δ, π
0]
pt[δ, π
0]
p0
(ou vice versa, par ´ echange de M et M
0et de t et t
0, lorsque t = t
0+ 1), o` u l’on a pos´ e p
0j= p
j, pour j = 1, . . . , Min(t, t
0), et o` u π
0∈ k
×+engendre une puissance impaire convenable de l’id´ eal premier p
0de k au-dessus de 2.
Examinons le cas (ii) sous la forme ci-dessus (t
0= t+1); par addition des colonnes de M
0` a sa derni` ere colonne, la formule du produit Q
tj=0
(δ, · )
pj= 1, appliqu´ ee aux π
i, 0 ≤ i ≤ t, conduit ` a la matrice
M
0 .. . 0 [δ, π
0]
p1. . . [δ, π
0]
pt0
puis, par addition des t premi` eres colonnes, la formule du produit Q
tj=1
(δ, · )
pj= 1, appliqu´ ee aux π
i, 1 ≤ i ≤ t, conduit ` a la matrice
M
10 0 .. . .. . 0 0 [δ, π
0]
p1. . . [δ, π
0]
pt−1u 0
o` u M
1est ` a t lignes et t − 1 colonnes, et de mˆ eme rang que M , et o` u u = [δ, π
0]
p0(en effet, comme Q
tj=0
(δ, π
0)
pj= 1, on a P
tj=1
[δ, π
0]
pj= [δ, π
0]
p0= u).
Par cons´ equent, l’´ equivalence
rang (M ) = t − 1 ⇔ rang (M
0) = t
0− 1 est vraie si et seulement si u 6= 0 (i.e. (δ, π
0)
p0= −1).
D’o` u l’´ enonc´ e g´ en´ eralisant (0.1) :
(3.2) Th´ eor` eme. Soit k un corps de nombres totalement r´ eel , 2-princi- pal au sens restreint , et dans lequel 2 ne se d´ ecompose pas. Soient K = k( √
δ), K
0= k( √
−δ), δ ∈ k
×+−k
×2; on suppose que E
k⊆ NK
×. Soit π
0∈ k
×+un g´ en´ erateur d’une puissance impaire convenable de l’id´ eal premier de k au-dessus de 2, soient t , t
0les nombres d’id´ eaux premiers ramifi´ es dans K, K
0, et soient h, h
0les 2-nombres de classes au sens ordinaire de K, K
0. Alors on a les r´ esultats suivants :
(i) Si t
0= t, alors on a h = 2
t−1et NE
K= E
ksi et seulement si h
0= 2
t−1;
(ii) si t
06= t, supposons en outre que (δ, π
0)
p0= −1; alors on a h = 2
t−1et NE
K= E
ksi et seulement si h
0= 2
t0−1.
Enon¸ cons des corollaires relatifs au cas k = Q :
(3.3) Corollaire. Soit δ = 2p
1. . . p
t−1, t ≥ 1, o` u les p
isont des nombres premiers impairs distincts congrus ` a 1 modulo 4; alors h = 2
t−1et N ε = −1 si et seulement si h
0= 2
t−1.
(3.4) Corollaire. Soit δ = p
1. . . p
t, t ≥ 1, o` u les p
isont comme dans (3.3) et tels que (δ, 2)
2= −1 (i.e. δ ≡ 5 mod 8); alors h = 2
t−1et N ε = −1 si et seulement si h
0= 2
t.
On notera que (3.3) n’est autre que (0.1).
(3.5) R e m a r q u e s c o n c l u s i v e s. (i) Si, dans (3.2)(ii), on a (δ, π
0)
p0= 1, alors (en supposant t
0= t + 1 pour fixer les id´ ees) la matrice M
0est de
rang ≤ t − 1, auquel cas H
K0n’est jamais ´ el´ ementaire (autrement dit, on a
h
0≡ 0 mod 2
t+1; mais on peut avoir h = 2
t−1et N ε = −1).
(ii) L’application pratique du th´ eor` eme (2.1) se fait comme suit : ayant v´ erifi´ e que le rang de la matrice M (η
1, . . . , η
%, π
1, . . . , π
t) est t − 1 (cf. (1.5)), on dispose de la sous-matrice M (η
1, . . . , η
%) qui permet de trouver NE
Kcomme ´ etant d´ efini par E
k∩ NK
×= F ∩ NK
×= {η = Q
%i=1
η
xi: x
i∈ F
2, P
%i=1
x
i[δ, η
i]
pj= 0, pour j = 1, . . . , t}E
k2.
(iii) De nombreuses situations, non abord´ ees ici, peuvent ˆ etre trait´ ees selon notre r´ esultat g´ en´ eral (0.4), sur un plan th´ eorique ou sur un plan num´ erique (` a ce sujet on pourra se r´ ef´ erer ` a [G2, V, C] pour les probl` emes de 4-rangs des corps quadratiques, ` a [G2, VI, A, B] pour l’aspect num´ erique).
(iv) Soit d > 0 sans facteurs carr´ es et sans diviseurs premiers congrus
`
a 3 modulo 4; les exemples num´ eriques suivants (k = Q) montrent que les seules consid´ erations locales ne suffisent plus ` a d´ eterminer N
K/Qε si l’on n’est plus dans le cadre des corollaires (3.3) et (3.4), autrement dit si l’on est dans l’un des 3 cas suivants:
(a) d pair et H
ordK0non ´ el´ ementaire;
(b) d impair, d ≡ 5 mod 8 et H
ordK0non ´ el´ ementaire;
(c) d impair, d ≡ 1 mod 8.
On donne alors successivement d, H
ordK0, H
ordK, N
K/Qε:
(a) 34 = 2 · 17 C
4C
2+ 1
82 = 2 · 41 C
4C
4− 1
(b) 205 = 5 · 41 C
2× C
4C
2+ 1 445 = 5 · 89 C
2× C
4C
4− 1 (c) 65 = 5 · 13 C
2× C
4C
2− 1 305 = 5 · 61 C
2× C
8C
2+ 1.
Nous remercions le Rapporteur de nous avoir indiqu´ e les travaux de P. Morton o` u sont prouv´ es des r´ esultats de densit´ e confirmant pr´ ecis´ ement l’impossibilit´ e de pr´ evoir de fa¸ con locale la norme de l’unit´ e fondamentale d’un corps quadratique r´ eel sur Q lorsque le 2-groupe des classes au sens restreint n’est pas ´ el´ ementaire (cf. [M]).
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FACULT ´E DES SCIENCES
LABORATOIRE DE MATH ´EMATIQUES U.A.741 au C.N.R.S.
F-25030 BESANC¸ ON CEDEX, FRANCE
Re¸cu le 2.1.1991 (2110)