POLONICI MATHEMATICI LXIII.1 (1996)
Approximation polynomiale et extension holomorphe avec croissance sur une vari´ et´ e alg´ ebrique
par A. Zeriahi (Toulouse)
Abstract. We first give a general growth version of the theorem of Bernstein–Walsh–
Siciak concerning the rate of convergence of the best polynomial approximation of holo- morphic functions on a polynomially convex compact subset of an affine algebraic man- ifold. This can be considered as a quantitative version of the well known approximation theorem of Oka–Weil. Then we give two applications of this theorem. The first one is a generalization to several variables of Winiarski’s theorem relating the growth of an en- tire function to the rate of convergence of its best polynomial approximation; the second application concerns the extension with growth of an entire function from an algebraic submanifold to the whole space.
Introduction. Soit K un compact polynomialement convexe de C
n. D’apr` es le th´ eor` eme d’Oka–Weil, toute fonction f holomorphe sur un voisi- nage de K peut ˆ etre approch´ ee uniform´ ement sur K par des polynˆ omes.
Le th´ eor` eme de Bernstein–Walsh–Siciak ([Si,2]) est une version quantitative pr´ ecise du th´ eor` eme d’Oka–Weil qui exprime le degr´ e de convergence de la meilleure approximation polynomiale de f sur le compact K ` a l’aide du niveau, par rapport ` a la fonction extr´ emale de Siciak de K, du plus grand domaine sur lequel f est holomorphe, pourvu que K soit r´ egulier.
Nous donnons ici une version g´ en´ erale ` a croissance du th´ eor` eme de Bern- stein–Walsh–Siciak qui g´ en´ eralise notre r´ esultat ant´ erieur dans deux direc- tions. Tout d’abord, le th´ eor` eme d’approximation que nous obtenons (th´ eo- r` eme 3.2) s’applique aux fonctions holomorphes sur une vari´ et´ e alg´ ebrique affine lisse quelconque, ensuite l’approximation polynomiale a lieu sur un compact non pluripolaire quelconque de cette vari´ et´ e.
Nous donnons enfin deux applications du th´ eor` eme obtenu. La premi` ere est une g´ en´ eralisation du th´ eor` eme classique de Winiarski ([Wi,1]) qui relie la rapidit´ e de la meilleure approximation polynomiale d’une fonction enti` ere
1991 Mathematics Subject Classification: 32A15, 32A22, 32D15, 32E30.
Key words and phrases: Green function, L
2estimation, approximation, growth, extension.
[35]
sur le compact K ` a son type de croissance sur les domaines de niveau de la fonction extr´ emale de K (th´ eor` eme 4.1).
La deuxi` eme application concerne le prolongement d’une fonction enti` ere d´ efinie sur une sous-vari´ et´ e alg´ ebrique lisse de C
nen une fonction enti` ere sur C
navec un contrˆ ole pr´ ecis du type de croissance (th´ eor` eme 5.1).
1. Estimations L
2sur une vari´ et´ e alg´ ebrique affine. Nous al- lons rappeler dans ce paragraphe le th´ eor` eme fondamental d’existence de H¨ ormander–Nakano–Skoda. Nous aurions pu renvoyer ` a Skoda ([Sk]) et De- mailly ([De]) pour les r´ esultats dont nous aurons besoin, mais il nous a sembl´ e commode de les rappeler ici, ne serait ce que pour fixer les notations.
Soit X une sous-vari´ et´ e alg´ ebrique de C
νde dimension pure n muni de la m´ etrique K¨ ahl´ erienne induite par la m´ etrique plate de C
ν. La forme de K¨ ahler associ´ ee est
β = 1
4 dd
cτ = i 2 ∂∂τ,
o` u τ (x) = |x|
2sur X, | · | ´ etant la norme hermitienne sur C
ν.
La courbure de la vari´ et´ e K¨ ahl´ erienne (X, β), appel´ ee courbure de Ricci de la m´ etrique β et not´ ee Ricci(β), peut ˆ etre d´ efinie par
Ricci(β) = −ic(K
X),
o` u c(K
X) est la (1, 1)-forme de courbure du fibr´ e canonique K
X= V
nT
∗X.
Dans un rep` ere local de K
X, la forme de courbure s’exprime de la fa¸ con suivante :
Soit (U, z
1, . . . , z
n) un syst` eme de coordonn´ ees locales de X, de sorte que dz
1∧ . . . ∧ dz
nsoit un rep` ere local de K
Xau-dessus de U . Alors il existe une fonction h > 0 sur U telle que
i
n2dz
1∧ . . . ∧ dz
n∧ dz
1∧ . . . ∧ dz
n= h
2β
n,
o` u β
n= (1/n!)β
nest la forme volume sur X. On a alors c(K
X) = ∂∂ log h sur U .
Le th´ eor` eme d’existence s’´ enonce ainsi :
Th´ eor` eme ([Sk]). Soit ϕ ∈ L
1loc(X) telle que la condition suivante soit v´ erifi´ ee :
(1.1)
12dd
cϕ + Ricci(β) ≥ λβ
n,
o` u λ est une fonction continue et positive sur X. Alors pour toute (0, 1)- forme g ∈ L
2(0,1)(X, loc) v´ erifiant ∂g = 0, il existe u ∈ L
2loc(X) telle que
∂u = g et
(1.2) R
X
|u|
2e
−ϕβ
n≤ R
X
λ
−1|g|
2e
−ϕβ
npourvu que le second membre soit fini.
Pour r´ ealiser la condition de courbure (1.1) il suffit en g´ en´ eral de trouver une fonction ψ p.s.h. sur X telle que
(1.3)
12dd
cψ + Ricci(β) ≥ 0.
En posant alors
(1.4) ϕ = ψ + 2 log(1 + τ ),
la condition (1.1) est r´ ealis´ ee avec la fonction
(1.5) λ = (1 + τ )
−2.
Pour d´ eterminer ψ dans le cas qui nous int´ eresse, rappelons les calculs faits par Demailly ([De]) :
Soit P
1, . . . , P
mun syst` eme de g´ en´ erateurs de l’id´ eal I(X) de la vari´ et´ e alg´ ebrique X et q = ν − n = codim X. Pour tous les multi-indices crois- sants α = (α
1, . . . , α
q) avec α
1, . . . , α
q∈ {1, . . . , m}, β = (β
1, . . . , β
q) avec β
1, . . . , β
q∈ {1, . . . , ν}, on pose
J
αβ(x) = det ∂P
αj(x)
∂z
βk. Soit U
α= {x ∈ X : P
β
|J
αβ(x)|
2> 0}. Alors un calcul ´ el´ ementaire montre que
Ricci(β) = − 1
2 dd
clog X
β
|J
αβ(x)|
2sur U
α. Il en r´ esulte facilement que la fonction p.s.h. d´ efinie par
(1.6) ψ(x) = log X
α,β
|J
αβ(x)|
2, x ∈ X, v´ erifie la condition (1.3) puisque X = S
α
U
α. Si 1+d
1est le degr´ e maximum des polynˆ omes P
1, . . . , P
m, on en d´ eduit que
(1.7) ψ ≤ d
1log(1 + τ ) + c
1sur X, o` u c
1est une constante absolue.
Puisque X est non singuli` ere, les polynˆ omes P
1, . . . , P
m, J
αβn’ont pas de z´ eros communs sur X. Il r´ esulte alors du Nullstellensatz de Hilbert qu’il existe un entier d
2≥ 0 et une constante c
2tels que
(1.8) ψ ≥ −d
2log(1 + τ ) + c
2sur X.
Notons que si X = C
n, il suffit de prendre ψ ≡ 0 et dans ce cas d
1= d
2= 0 et le th´ eor` eme pr´ ec´ edent se r´ eduit au th´ eor` eme d’existence de H¨ ormander ([H], thm. 4.4.2).
2. Fonction de Green pluricomplexe sur une vari´ et´ e alg´ ebrique
affine. Rappelons tout d’abord la d´ efinition de la fonction extr´ emale de
Siciak–Zakharyuta ([Si,1], [Si,2], [Za]), que nous appellerons fonction de Green pluricomplexe ` a pˆ ole ` a l’infini.
Si E est un sous-ensemble born´ e de C
ν, on d´ efinit sa fonction extr´ emale associ´ ee sur C
νpar la formule
L
E(z) := sup{V (z) : V ∈ L(C
ν), V |E ≤ 0}, z ∈ C
ν,
o` u L(C
ν) est la classe des fonctions plurisousharmoniques V sur C
νv´ erifiant sup{V (z) − log(1 + |z|) : z ∈ C
ν} < ∞.
Soit X une sous-vari´ et´ e alg´ ebrique (non-singuli` ere) de C
νde dimension pure n. On posera τ (x) = |x|
2pour x ∈ X, o` u | · | est la norme hermitienne sur C
ν. On d´ esignera par L(X) la classe des fonctions v plurisousharmo- niques sur X v´ erifiant l’estimation
(2.1) v(x) ≤ c
v+
12log(1 + τ (x)), ∀x ∈ X.
Pour une partie E b X, on pose
(2.2) l
E(x) := sup{v(x) : v ∈ L(X), v ≤ 0 sur E}, x ∈ X.
On montre que si E est localement non pluripolaire dans X la r´ egularis´ ee s.c.s. l
∗Eest plurisousharmonique sur X et v´ erifie l’´ equation de Monge–
Amp` ere complexe ([Sa], [Ze,2])
(2.3) (dd
cl
∗E)
n= 0 sur X \ E.
On montre ´ egalement ([Ze,2]) que si E est compact et l
E∗= 0 sur E, alors l
Eest continue sur X. On dit dans ce cas que E est r´ egulier .
On montre aussi que si K est un compact de X alors L
K|X = l
K(voir [Sa], [Ze,2]).
Nous aurons ´ egalement besoin de la “version uniforme” suivante du th´ eo- r` eme d’approximation de Bernstein–Walsh.
Rappelons tout d’abord quelques notations :
Soit I = I(X) l’id´ eal polynomial de la vari´ et´ e alg´ ebrique X et A(X) l’alg` ebre des fonctions r´ eguli` eres sur X qui s’identifie ` a C[z
1, . . . , z
ν]/I. Pour chaque entier p ≥ 1, on note A
p(X) l’ensemble des fonctions r´ eguli` eres f sur X telle que sup
x∈X{(1 + τ (x))
−p|f (x)|
2} < ∞.
Il est clair que si P ∈ A
m(X), on a m
−1log |P | ∈ L(X). De la d´ efinition de l
K(voir (2.2)), il r´ esulte l’in´ egalit´ e suivante (dite de Bernstein–Walsh) : (B.W.) |P (x)| ≤ kP k
Kexp(ml
K(x)), ∀P ∈ A
m(X), ∀x ∈ X, ∀m ∈ N.
Pour ´ etudier l’approximation polynomiale des fonctions holomorphes sur X, on d´ efinit pour un compact K ⊂ X et f ∈ C(K),
(2.4) ε
p(f ; K) := inf{kf − P k
K: P ∈ A
p(X)}, p ∈ N.
On posera Ω
r= Ω(K; r), o` u
(2.5) Ω(K; r) := {x ∈ X : l
∗K(x) < log r}, r > 1.
Th´ eor` eme 2.1 ([Ze,2]). Soit K un compact localement non pluripolaire de X. Alors pour tout r > r
0:= sup
Kexp l
K∗et θ > 1, il existe une constante c(θ, r) > 0 telle que
(2.6) ε
p(f ; K) ≤ c(θ, r)r
−pkf k
Ωrθ
, ∀p ∈ N, ∀f ∈ O(Ω
rθ).
Ici O(E) d´ esignera l’espace des fonctions (resp. germes de fonctions) holomorphes sur E lorsque E est ouvert (resp. compact).
On en d´ eduit ais´ ement le corollaire suivant qui sera utile :
Corollaire 2.2. Soit K un compact localement non pluripolaire de X.
Alors pour tout r
2> r
1> r
0, il existe une constante c(r
1, r
2) > 0 telle que (2.7) ε
p(f ; K) ≤ c(r
1, r
2)r
−p1ε
p(f ; Ω
r2), ∀p ≥ 1, ∀f ∈ O(Ω
r2).
3. Une version ` a croissance du th´ eor` eme de Bernstein–Walsh.
Dans toute la suite X sera une sous-vari´ et´ e alg´ ebrique non singuli` ere de C
ν, de dimension pure n.
Soit V : X → ]−∞, ∞[ une fonction plurisousharmonique v´ erifiant la condition de croissance suivante :
(3.1) −γ +
12log(1 + τ ) ≤ V ≤ γ +
12log(1 + τ ), o` u γ > 0 est une constante ne d´ ependant que de V . Posons
D
r= D(V ; r) := {x ∈ X : V (x) < log r}, r > 0, (3.2)
r
0:= inf{r : D
r6= ∅}.
(3.3)
On a alors le th´ eor` eme d’approximation suivant :
Th´ eor` eme 3.1. Soit θ > 1. Alors il existe une constante c(θ) > 0 telle que pour tout r > r
0et f ∈ O(D
rθ), il existe une suite (Q
l)
l≥1de fonctions holomorphes sur X v´ erifiant les deux propri´ et´ es suivantes :
(3.4) R
X
|Q
l|
2(1 + τ )
−l−d1−2β
n< ∞, ∀l ∈ N,
(3.5) R
Ds
|f − Q
l|
2(1 + τ )
−d1−2β
n≤ c(θ)
2(s/r)
2l(1 + r
2)
d2+n−1kf k
2Drθ
, pour tout l ∈ N et s ∈ ]r
0, r] (d
1et d
2´ etant les entiers intervenant dans les conditions (1.7) et (1.8) respectivement ).
D ´ e m o n s t r a t i o n. Soit r > 1, θ > 1 et χ
r,θune fonction telle que χ
r,θ∈ L
2loc(X), ∂χ
r,θ∈ L
20,1(X, loc) v´ erifiant χ
r,θ≡ 1 sur D
ret ` a support dans D
rθ, que nous pr´ eciserons plus tard.
Soit f ∈ O(D
rθ). On va chercher une fonction Q
lsous la forme
(3.6) Q
l= f χ
r,θ− u
l,
o` u u
l∈ L
2loc(X) est ` a d´ eterminer de telle sorte que la fonction Q
lsoit holomorphe sur X et v´ erifie les conditions voulues. On est donc ramen´ e ` a la r´ esolution de l’´ equation de Cauchy–Riemann suivante :
(3.7) ∂u
l= ∂(f χ
r,θ) = f ∂χ
r,θsur X, avec un contrˆ ole de la croissance de u
l.
Nous allons appliquer le th´ eor` eme de H¨ ormander–Nakano–Skoda (voir §1).
Pour chaque entier l, posons ϕ
l:= 2lV + ψ + 2 log(1 + τ ), o` u ψ est la fonction d´ efinie par (1.6) et qui r´ ealise la condition de positivit´ e
12dd
cψ + Ricci(β) ≥ 0. Alors ϕ
lest p.s.h. sur X et v´ erifie la condition de courbure (1.1) avec λ = (1 + τ )
−2. Il existe donc une fonction u
l∈ L
2loc(X) solution de l’´ equation (3.7) avec l’estimation
(3.8) R
X
|u
l|
2(1 + τ )
−2e
−2lV −ψβ
n≤ R
X
|f |
2|∂χ
r,θ|
2e
−2lV −ψβ
n.
Comme χ
r,θest ` a support dans D
rθb X, le second membre de (3.8) est fini en vertu des hypoth` eses faites sur la fonction χ
r,θ. D’autre part, χ
r,θ≡ 1 sur D
ret V ≥ log r sur X \ D
r. Il r´ esulte alors de (3.8) et de la minoration (1.8) sur la fonction ψ que l’on a
(3.9) R
X
|u
l|
2(1 + τ )
−2e
−2lV −ψβ
n≤ c(r, θ)
2r
−2l(1 + r
2)
d2kf k
2Drθ
, o` u c(r, θ) est la constante d´ efinie par la formule suivante :
(3.10) c(r, θ)
2:= R
Drθ
|∂χ
r,θ|
2β
n.
Posons Q
l= f χ
r,θ− u
lpour l ∈ N. Alors puisque u
lest solution de l’´ equation (3.7), Q
lest holomorphe sur X et puisque χ
r,θ≡ 1 sur D
r, on a u
l= f − Q
l. Il en r´ esulte d’apr` es (3.9) que si s ≤ r, on a
(3.11) R
X
|f − Q
l|
2(1 + τ )
−2e
−2lV −ψβ
n≤ c(r, θ)
2r
−2l(1 + r
2)
d2kf k
2Drθ
pour tout l ∈ N. Comme V ≤ log s sur D
set que ψ ≤ d
1log(1 + τ ) + c
1(voir (1.7)), l’estimation (3.11) s’´ ecrit (3.12) R
Ds
|f − Q
l|
2(1 + τ )
−d1−2β
n≤ c(r, θ)
2(s/r)
2l(1 + r
2)
d2kf k
2Drθ
. D’apr` es (3.9) et la majoration sur ψ, on obtient l’in´ egalit´ e (3.4) du th´ eor` eme.
Pour d´ emontrer (3.5), il s’agit de pr´ eciser la fonction χ
r,θet d’en d´ eduire
une majoration convenable de la constante (3.10). Pour ce faire, posons
W = e
Vet soit χ
θune fonction de classe C
∞sur R telle que χ
θ≡ 1 sur
[0, 1] et χ
θ≡ 0 sur [θ, ∞[ . Consid´erons la fonction d´ efinie par (3.13) χ
r,θ(x) = χ
θ(W (x)/r), x ∈ X.
Alors ∂χ
r,θ= χ
0θ(W/r)∂W/r sur X. Comme W ≥ 0, W
2est p.s.h. sur X et 2dW ∧ d
cW ≤ dd
cW
2au sens des courants sur X. Il en r´ esulte que |∂W |
2est localement int´ egrale sur X et v´ erifie
(3.14) R
BR
|∂W |
2β
n≤ R
BR
dd
cW
2∧ β
n−1,
o` u B
R:= {x ∈ X : τ (x) < R
2}, R > 0. Un calcul simple montre que pour tout θ > 1, il existe une constante c
1> 0 telle que
(3.15) R
BR
dd
cW
2∧ β
n−1≤ c
1(sup
BRθ
W
2)R
−2R
BR
β
n, ∀R > 0.
D’apr` es une in´ egalit´ e classique, X ´ etant alg´ ebrique, on a R
BRθ
β
n≤ c
2(Rθ)
2n, o` u c
2est une constante ne d´ ependant que de X. Il en r´ esulte compte tenu de (3.1), (3.15) et (3.14) qu’il existe une constante c(θ) > 0 telle que
(3.16) R
BR
|∂W |
2β
n≤ c(θ)
2R
2n, ∀R > 0.
D’apr` es (3.1) il existe une constante δ > 0 telle que D
R⊂ B
Rδ. On en d´ eduit compte tenu de (3.16) l’in´ egalit´ e suivante :
(3.17) R
Drθ
|∂W |
2β
n≤ c(θ)
2r
2n, ∀r > r
0.
Il en r´ esulte alors que c(r, θ)
2≤ c(θ)
2r
2n−2; ce qui, compte tenu de (3.12), prouve l’estimation (3.5) du th´ eor` eme.
Nous allons en d´ eduire une version ` a croissance du th´ eor` eme d’approxi- mation de Bernstein–Walsh–Siciak.
Th´ eor` eme 3.2. Soit K un compact localement non pluripolaire de X.
Alors pour tout θ > 1 et r
1> r
0:= sup
Kexp l
∗K, il existe une constante c(r
1, θ) = c > 0 telle que
(3.18) ε
l(f ; K) ≤ c(1 + r)
d+n−1r
−lkf k
Ωrθ,
∀r ≥ r
1, ∀f ∈ O(Ω
rθ), ∀l ∈ N, o` u d est un entier qui ne d´ epend que de X.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Appliquons le th´ eor` eme 3.1 avec V = l
∗K: on a alors D
r= Ω
r. Soit θ > 1, % ≥ s > r
2> r
1et f ∈ O(Ω
%θ). D’apr` es le th´ eor` eme 3.1, on a alors
(3.19) R
Ωs
|f − Q
l|
2(1 + τ )
−d1−2β
n< c(θ)(s/%)
2l(1 + %
2)
d2+n−1kf k
2Ω%θ
,
o` u Q
lest une fonction holomorphe v´ erifiant l’estimation (3.4) du th´ eo- r` eme 3.1.
En utilisant une version quantitative du th´ eor` eme des fonctions im- plicites au voisinage de chaque point de X pour se ramener ` a l’in´ egalit´ e de la moyenne sur C
n, on peut convertir les estimations L
2(3.4) et (3.19) en estimations uniformes sur X (voir [De], lemme 15.7). On en d´ eduit alors qu’il existe un entier N > 0 ne d´ ependant que de d
1et une constante c
1> 0 tels que
(3.20) |Q
l|
2≤ c
1(1 + τ )
l+N, ∀l ∈ N.
De la mˆ eme fa¸con on montre qu’il existe c
2= c(r
1, s) > 0 telle que (3.21) kf − Q
lk
2Ωr2
≤ c
2R
Ωs
|f − Q
l|
2(1 + τ )
−d1−2β
n.
Il est bien connu que l’estimation (3.20) implique que Q
l∈ A(X) (voir [R-W]) et donc Q
l∈ A
l+N(X) pour tout l. On en d´ eduit facilement compte tenu de (3.21) qu’il existe une constante c
3= c(r
1, s, θ) et un entier d ne d´ ependant que de X tels que
(3.22) ε
l(f ; Ω
r2) ≤ c
3(s/%)
l(1 + %)
d+n−1kf k
Ω%θ
, ∀l ∈ N.
D’apr` es le corollaire 2.2 il en r´ esulte qu’il existe une constante c
4= c(r
1, s, θ) telle que
(3.23) ε
l(f ; K) ≤ c
4s r
1%
l(1 + %)
d+n−1kf k
Ω%θ
, ∀l ∈ N.
En choisissant s = r
1θ et r
2tel que r
1< r
2< r
1θ et en posant % = rθ dans l’estimation (3.23), on en d´ eduit l’estimation (3.18) du th´ eor` eme avec θ
2au lieu de θ. Comme θ > 1 est arbitrairement fix´ e, cela ach` eve la d´ emonstration du th´ eor` eme.
R e m a r q u e. Si X = C
n, le th´ eor` eme est valable avec d = 2, car d
2= 0 et N = 2.
Le th´ eor` eme 3.1 a une autre cons´ equence concernant l’approximation sur un compact pluripolaire complet de X (voir [Si,3]). Rappelons qu’un ferm´ e Y ⊂ X est dit pluripolaire complet s’il existe u p.s.h. sur X telle que Y = {x ∈ X : u(x) = −∞}.
On peut montrer que la fonction u peut ˆ etre choisie dans la classe L(X) (voir [B-T]).
On a alors le r´ esultat suivant :
Th´ eor` eme 3.3. Soit K un compact pluripolaire complet de X. Alors pour
tout f ∈ O(K) on a lim
l→∞ε
l(f ; K)
1/l= 0, la limite ´ etant uniforme en f
sur toute partie born´ ee de O(K).
D ´ e m o n s t r a t i o n. On peut facilement montrer qu’il existe V ∈ L(X) telle que V
−1(−∞) = K et V continue sur X − K ([Ze,3]). En tronquant V en dehors d’un voisinage compact de K, on peut supposer que V est ex- haustive sur X et v´ erifie l’estimation (3.1) en dehors d’un compact. Comme le comportement ` a l’infini n’importe pas dans ce th´ eor` eme, la minoration dans (3.1) est inutile.
En reprenant la m´ ethode utilis´ ee dans la d´ emonstration du th´ eor` eme 3.2, on obtient l’estimation suivante :
ε
l(f ; K) ≤ c(r, θ)(s/r)
lkf k
Drθ
, ∀l ∈ N, ∀f ∈ O(D
rθ), pour 0 < s < r et θ > 1, o` u D
r:= {x ∈ X : V (x) < log r}.
Soit U un voisinage ouvert de K. On peut alors trouver r > 0 tel que D
rb U . L’estimation pr´ec´edente implique alors que lim sup
l→∞ε
l(f ; K)
1/l≤ s/r uniform´ement pour f appartenant ` a une partie born´ ee de O(U ).
Comme s > 0 est arbitraire, le th´ eor` eme en r´ esulte.
4. Meilleure approximation polynomiale et croissance des fonc- tions enti` eres. Nous allons appliquer le th´ eor` eme 3.2 pour mettre en
´
evidence le lien pr´ ecis qui existe entre la rapidit´ e de l’approximation poly- nomiale d’une fonction enti` ere et sa croissance.
Soit X une sous-vari´ et´ e alg´ ebrique lisse de C
ν, de dimension pure n, K un compact localement non pluripolaire de X et l
∗Ksa fonction de Green pluricomplexe d´ efinie au paragraphe 2.
Pour r > r
0:= sup
Kexp l
∗K, posons
(4.1) Ω
r:= {x ∈ X : l
∗K(x) < log r}.
Soit f ∈ O(X). On d´ efinit l’ordre de f par la formule
(4.2) %(f ) := lim sup
r→∞
log
+log kf k
Ωrlog r . Cette d´ efinition ne d´ epend pas du compact K.
Si f ∈ O(X) est d’ordre fini % > 0, le nombre
(4.3) σ
K(f ) := lim sup
r→∞
log kf k
Ωr
r
%d´ epend de K et s’appelle le K-type de f sur X.
Nous allons maintenant utiliser le th´ eor` eme 3.2 pour ´ etablir le r´ esultat suivant qui g´ en´ eralise celui que nous avons obtenu dans [Ze,1].
Th´ eor` eme 4.1. Soit K un compact localement non pluripolaire de X et
% > 0.
1) Si f est une fonction holomorphe sur X d’ordre % et de K-type fini σ, alors
lim sup
l→∞
l
e% ε
l(f ; K)
%/l= σ.
2) Inversement , si f est une fonction continue sur K telle que σ
0:= lim sup
l→∞
l
e% ε
l(f ; K)
%/l< ∞,
alors f se prolonge en une fonction holomorphe sur X d’ordre % et de K-type fini σ donn´ e par σ = σ
0.
D ´ e m o n s t r a t i o n. 1) Supposons que f soit une fonction enti` ere sur X d’ordre % > 0 et de K-type fini σ. Pour estimer la suite ε
j(f ; K), utilisons le th´ eor` eme 3.2. Alors pour tout θ > 1, il existe C
θ> 0 telle que
(4.4) ε
l(f ; K) ≤ c
θ(1 + r)
dr
−lkf k
Ωrθ
, ∀r > r
0, ∀l ∈ N.
Par d´ efinition (voir (4.3)) pour tout σ
1> σ, il existe c
1> 0 telle que (4.5) (1 + r)
dkf k
Ωr
≤ c
1e
σ1r%, ∀r > r
0. Il r´ esulte alors de (4.4) et (4.5) que l’on a
(4.6) ε
l(f ; K) ≤ c
0(θ)r
−le
σ1r%. Par cons´ equent, on en d´ eduit que
(4.7) l
e% ε
l(f ; K)
%/l≤ c
0(θ)
%/ll
e% r
−%exp 1 l %σ
1r
%, ∀r > r
0, ∀l ≥ 1.
Pour l fix´ e assez grand, le second membre de (4.7) atteint son minimum pour r v´ erifiant %r
%/l = 1/σ
1. En reportant cette valeur dans (4.7), nous obtenons l’in´ egalit´ e suivante :
(4.8) l
e% ε
l(f ; K)
%/l≤ c
0(θ)
%/lσ
1, ∀l ≥ l
0, o` u l
0est un entier assez grand pour que (l
0/(%σ
1))
1/%> r
0.
En passant ` a la limite dans (4.8), on en d´ eduit que σ
0≤ σ
1, pour tout σ
1> σ. D’o` u σ
0≤ σ.
2) Supposons maintenant que f est une fonction continue sur K et que σ
0< ∞. Nous allons montrer que f se prolonge en une fonction enti` ere sur X d’ordre % et de K-type σ ≤ σ
0. En effet, soit β > σ
0; il existe alors un entier l
0> 1 tel que
(4.9) ε
l(f ; K) ≤ (βe%l
−1)
l/%, ∀l ≥ l
0.
On sait qu’il existe P
l∈ A
l(X) tel que ε
l(f ; K) = kf − P
lk
Kpour
chaque l. Il en r´ esulte d’apr` es (4.9) que (P
l) converge uniform´ ement vers f
sur K. Autrement dit,
f = P
l0+
∞
X
l=l0
(P
l+1− P
l) sur K.
D’apr` es l’in´ egalit´ e de Bernstein–Walsh sur X (voir §2), on a (4.10) kP
l+1− P
lk
Ωr
≤ kP
l+1− P
lk
Kr
l+1, ∀r > r
0, ∀l ≥ 1.
Comme kP
l+1−P
lk
K≤ kf −P
l+1k
K+kf −P
lk
K≤ 2ε
l+1(f ; K), il en r´ esulte compte tenu de (4.9) et (4.10) que l’on a
(4.11) kP
l+1− P
lk
Ωr
≤ 2r(βe%r
%l
−1)
l/%, ∀r > r
0, ∀l ≥ r
0. L’in´ egalit´ e (4.11) implique que la s´ erie P
l0+ P
l≥l0
(P
l+1− P
l) converge uniform´ ement sur tout compact de X vers une fonction holomorphe sur X qui co¨ıncide avec f sur K. Nous noterons encore f ce plongement : f = P
l0+ P
∞l=l0
(P
l+1− P
l) sur X. Il r´ esulte alors de (4.11) que l’on a (4.12) kf k
Ωr
≤ kP
l0k
Ωr
+ 2r
∞
X
l=1
(β%er
%l
−1)
l/%, ∀r > r
0.
Pour r fix´ e > r
0, le maximum du terme g´ en´ eral de la s´ erie du second membre de (4.12) est atteint pour l = β%r
%et vaut e
βr%. Posons l
2= [2
%e%βr
%] et d´ ecoupons la somme de la s´ erie en deux termes :
S =
l2
X
l=1
C
l+
∞
X
l=l2+1
C
l, o` u C
l= (βe%r
%l
−1)
l/%. D’apr` es le choix de l
2, on a
l2
X
l=1
C
l≤ l
2e
βr%et
∞
X
l=l2+1
C
l≤
∞
X
l=1
1 2
l< 1.
Il en r´ esulte compte tenu de (4.12) que l’on a (4.13) kf k
Ωr
≤ Cr
l0+ (2r)
%+1e%βe
βr%+ 2r, ∀r > r
0.
On en d´ eduit facilement que f est d’ordre % et de type σ ≤ β pour tout β >
σ
0et donc σ ≤ σ
0. Compte tenu de la premi` ere partie de la d´ emonstration, on en d´ eduit que σ = σ
0.
R e m a r q u e. Ce r´ esultat g´ en´ eralise le th´ eor` eme que nous avons obtenu dans [Ze,1]. Lorsque X = C, on obtient un th´eor`eme dˆ u ` a Winiarski ([Wi,1]) et lorsque K est un produit de compacts de C, on obtient un r´esultat de Nguyen T. V. ([Ng]).
5. Extension holomorphe avec contrˆ ole de la croissance. Soit X
une sous-vari´ et´ e alg´ ebrique (non singuli` ere) de C
νde dimension pure n. Il
est bien connu que toute fonction holomorphe sur X se prolonge en une fonction enti` ere sur C
ν.
Bj¨ ork a montr´ e qu’il existe un entier b = b(X) tel que toute fonction f holomorphe sur X et v´ erifiant |f (x)| ≤ c(1 + |x|)
lpour tout x ∈ X se prolonge en un polynˆ ome sur C
νde degr´ e ≤ l + b ([Bj]; voir [No] pour une d´ emonstration plus ´ el´ ementaire).
Djakov et Mityagin ont construit un op´ erateur lin´ eaire continu naturel d’extension de O(X) dans O(C
ν) qui pr´ eserve certains types de croissance ([D-M]).
Il existe dans la litt´ erature de nombreux r´ esultats concernant le probl` eme d’extension avec contrˆ ole de la croissance et il est difficile de citer tous les r´ esultats connus. Nous renvoyons ` a [R,2] pour une bibliographie plus compl` ete.
Ici nous nous int´ eressons ` a l’extension des fonctions holomorphes avec un contrˆ ole quantitatif pr´ ecis du type de croissance. Nous allons donner une g´ en´ eralisation du th´ eor` eme de Bj¨ ork au cas des fonctions enti` eres (voir th´ eor` eme 5.1).
Soit U
rle polydisque de C
νd´ efini par U
r= {z ∈ C
ν: |z| = sup
1≤i≤ν
|z
i| < r}, r > 0.
Soit F ∈ O(C
ν) et %(r) un ordre pr´ ecis´ e pour l’ordre % > 0 ([L-G]). On d´ efinit le type de F pour l’ordre pr´ ecis´ e %(r) par la formule suivante : (5.1) σ(F ) = σ(F ; %) = lim
r→∞
log kF k
Ur
r
%(r).
De la mˆ eme fa¸ con, si f ∈ O(X) on d´ efinit le type de f sur X pour l’ordre pr´ ecis´ e %(r) par la formule
(5.2) σ(f ) = lim
r→∞
log kf k
X∩Ur
r
%(r).
Th´ eor` eme 5.1. Il existe un op´ erateur lin´ eaire continu d’extension E : O(X) → O(C
ν) v´ erifiant les estimations suivantes :
∃R > 0, ∀θ > 1, ∃C
θ> 0 tels que (5.3) kE(f )k
Ur
≤ C
θ(1 + r)
dkf k
X∩Urθ
, ∀f ∈ O(X), ∀r ≥ R, o` u d est un entier ne d´ ependant que de X.
Corollaire 5.2. Soit %(r) un ordre pr´ ecis´ e associ´ e ` a l’ordre %. Alors pour tout f ∈ O(X) de type σ pour l’ordre pr´ ecis´ e %(r), le prolongement E(f ) est une fonction enti` ere sur C
νde type σ pour le mˆ eme ordre pr´ ecis´ e
%(r).
Avant de proc´ eder ` a la d´ emonstration de ces r´ esultats, rappelons la con-
struction de Djakov et Mityagin de l’op´ erateur d’extension E.
Notons ≤ l’ordre d´ efini sur N
νde la fa¸con suivante : α ≤ β si et seulement si |α| < |β| ou bien |α| = |β| et il existe k, 1 ≤ k ≤ ν, tel que α
k< β
ket α
j= β
jpour j = 1, . . . , k − 1 (si k > 2).
Suivant Djakov et Mityagin ([D-M]) posons
S = {α ∈ N
ν: z
α6∈ [z
β; β ≤ α] + I},
o` u I = I(X) est l’id´ eal polynomial de X et [z
β; β ≤ α] est le sous-espace vectoriel de C[z
1, . . . , z
ν] engendr´ e par z
β, β ≤ α. On d´ efinit alors les espaces de Fr´ echet suivants :
O
S(C
ν) :=
n
f ∈ O(C
ν) : f = X
α∈Nν
c
αz
α, c
α= 0 ∀α 6∈ S o
, (5.4)
O
S(U
r) := n
f ∈ O(U
r) : f = X
α∈Nν
c
αz
α, c
α= 0 ∀α 6∈ S o . (5.5)
D’apr` es Djakov et Mityagin ([D-M]) l’op´ erateur de restriction (5.6) O
S(C
ν) → O(X), F 7→ f = F |X,
est un isomorphisme d’espaces de Fr´ echet dont l’isomorphisme inverse d´ efini par
(5.7) E : O(X) → O
S(C
ν) ⊂ O(C
ν), f 7→ e f ,
est un op´ erateur lin´ eaire continu d’extension “naturel” associ´ e ` a l’ordre ≤ choisi sur N
ν. C’est cet op´ erateur qui intervient dans le th´ eor` eme 5.1.
On peut expliciter cet op´ erateur : d’apr` es ce qui pr´ ec` ede, si on note e
α(x) = x
αpour x ∈ X, α ∈ S, alors tout f ∈ O(X) s’´ ecrit de fa¸ con unique
(5.7.1) f = X
α∈S
a
αe
αdans O(X).
Le prolongement naturel e f = E(f ) s’´ ecrit alors
(5.7.2) f = e X
α∈S
a
αz
αdans O(C
ν).
De plus, si R > 0 est assez grand pour que U
Rrencontre chaque com- posante irr´ eductible de X, l’isomorphisme (5.6) induit les isomorphismes suivants :
(5.8) O
S(U
r) → O(X ∩ U
r), r ≥ R.
D ´ e m o n s t r a t i o n d u t h ´ e o r ` e m e 5.1. Posons K = X ∩ U
R. Il est clair, d’apr` es le choix de R, que K est localement non pluripolaire dans X.
On peut donc appliquer le th´ eor` eme 3.2.
Fixons δ > 1; il existe alors une constante C
δ> 0 telle que (5.9) ε
l(f ; K) ≤ C
δ(1 + r)
dr
−lkf k
Ωrδ
, ∀l ∈ N, ∀r > r
1,
o` u Ω
rδ= Ω(K; rδ).
Fixons f ∈ O(X). On sait (voir [Ze,2]) qu’il existe pour chaque l ∈ N un
“polynˆ ome” Q
l∈ A
l(X) tel que ε
l(f ; K) = kf − Q
lk
K. D’apr` es Dyakov et Mityagin ([D-M]) (voir aussi [Bj] et [No]), il existe un entier b = b(X) ≥ 0 tel que pour tout Q ∈ A
l(X), le prolongement e Q soit un polynˆ ome de degr´ e
≤ l + b. Posons H
0= Q
1et H
l:= Q
l− Q
l−1pour l ≥ 1. On a alors kH
0k
K≤ 2kf k
Ket kH
lk
K≤ 2ε
l−1(f ; K), ∀l ∈ N
∗. Il en r´ esulte alors, compte tenu de (5.9), que l’on a
(5.10) kH
lk
K≤ 2C
δ(1 + r)
dr
−l+1kf k
Ωrδ
, ∀r > 1, ∀l ≥ 0.
D’apr` es la continuit´ e de l’isomorphisme (5.8), pour tout η ∈ ]0, 1[, il existe une constante C
1= C
1(η) > 0 telle que
(5.11) k e H
lk
UηR
≤ C
1kH
lk
X∩UR
, ∀l ≥ 0.
D’apr` es (5.10) et (5.11) et le fait que K = X ∩U
R, il existe une constante C
2= C
2(η, δ) > 0 telle que
(5.12) k e H
lk
UηR
≤ C
2(1 + r)
d+1r
−lkf k
Ωrδ
, ∀l ≥ 0, ∀r ≥ r
1.
L’in´ egalit´ e de Bernstein–Walsh pour les polynˆ omes sur C
νimplique ` a partir de (5.12) l’estimation suivante :
(5.13) k e H
lk
UsR
≤ C
2(1 + r)
d+b+1s ηr
l+dkf k
Ωrδ
,
∀l ≥ 0, ∀r ≥ r
1, ∀s > 1.
Soit θ > 1; on choisit δ = √
θ, r = s √
θ, avec s > r
1et η < 1 tel que η √
θ > 1. On a alors (5.14)
∞
X
l=0
k e H
jk
UsR
≤ C
3(1 + s)
d+b+1kf k
Ωsθ
, ∀s > 1, o` u C
3= C
3(θ) est ind´ ependante de s et f . La s´ erie P
∞l=0
H e
lconverge donc vers une fonction enti` ere g sur C
νtelle que g = f sur K. Comme K est lo- calement non pluripolaire dans X, on en d´ eduit que g = f sur X. Autrement dit, g = e f est le prolongement de f d´ efini par l’op´ erateur (5.7), et la formule (5.14) implique
(5.15) k e f k
UsR≤ C
3(1 + s)
d+b+1kf k
Ωsθ
, ∀s > r
1.
Comme K = X ∩ U
R⊂ U
R, les fonctions de Green associ´ ees dans C
νv´ erifient les in´ egalit´ es L
UR
≤ L
Ksur C
ν. On sait de plus que L
K|X = l
Ket
donc Ω
r⊂ X ∩ U
rRpour tout r > 1, ce qui d’apr` es (5.15) prouve l’in´ egalit´ e
(5.3) du th´ eor` eme.
D ´ e m o n s t r a t i o n d u c o r o l l a i r e 5.2. Si f ∈ O(X) est de type σ pour l’ordre pr´ ecis´ e %(r), on a
σ = lim sup
r→∞
log kf k
X∩Ur
r
%(r).
D’apr` es le th´ eor` eme 4.1, si F = e f est l’extension de f par l’op´ erateur E, on a
lim sup
r→∞
log kF k
Ur
r
%(r)≤ lim sup
r→∞
log kf k
X∩Urθ
r
%(r), ∀θ > 1.
Comme lim
r→∞(θr)
%(θr)/r
%(r)= θ
%(voir [L-G]), on obtient σ(F ) ≤ θ
%σ, ∀θ > 1.
D’o` u σ(F ) ≤ σ. Comme ´ evidemment σ(f ) ≤ σ(F ), on obtient σ(F ) = σ = σ(f ).
R e m a r q u e s. 1) Des r´ esultats du type pr´ ec´ edent ont ´ et´ e obtenus par Ronkin dans le cas des hypersurfaces alg´ ebriques de C
ν([R,1]).
2) Soit Y un cˆ one alg´ ebrique de C
ν. Alors il est facile de prouver que si K est un compact disqu´ e de Y , on a
ε
l(f ; K) ≤ r
r − 1 · kf k
Ωr
r
l+1, ∀f ∈ O(Y ), ∀l ∈ N, ∀r > 1.
On en d´ eduit ais´ ement que le prolongement naturel e f de f ` a C
νv´ erifie l’estimation
k e f k
Ur
≤ C(θ) r
r − 1 k e f k
Y ∩Urθ, ∀r > 1.
Il est naturel de conjecturer que les estimations des th´ eor` emes 3.2 et 5.1 restent valables pour toute vari´ et´ e alg´ ebrique avec ou sans singularit´ es.
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LABORATOIRE D’ANALYSE UNIVERSIT ´E PAUL SABATIER 118, ROUTE DE NARBONNE 31062 TOULOUSE CEDEX, FRANCE